Le Liban a officiellement dit samedi à l'ONU qu'il ne pouvait plus supporter la présence sur son territoire d'un million et demi de réfugiés syriens ayant fui la guerre qui ravage leur pays depuis 2011, et alors que le pays du Cèdre est en proie à une crise économique et sociale grave depuis trois ans.
Lors d'un entretien avec le représentant au Liban du Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Ayaki Ito, le ministre des Affaires sociales, Hector Hajjar, a transmis au responsable onusien la position officielle du gouvernement libanais concernant la question des réfugiés syriens. Cet entretien a eu lieu au lendemain d'une réunion de la commission ministérielle chargée des réfugiés syriens au Liban, à l'issue de laquelle le ministre du Travail, Moustapha Bayram, avait estimé vendredi que le Liban "ne peut plus être la police des autres pays" dans la question de l'émigration clandestine et des réfugiés syriens.
Selon un communiqué du bureau de presse de M. Hajjar, le ministre a expliqué au représentant du HCR que "le Liban respecte le principe du refus de tout retour forcé des déplacés, mais la situation est intenable et l'Etat libanais ne peut plus supporter le coût du maintien de la sécurité des campements de déplacés et des régions où ils se trouvent". "Il ne peut plus supporter le fardeau de ce dossier qui sert l'intérêt d'autres Etats", a ajouté M. Hajjar, sans préciser à quels pays il fait référence.
"L'Etat libanais a toujours obtenu des aides inférieures à ses besoins annuels, alors que 35% de la population est constituée de réfugiés et de déplacés", a déploré le ministre. "L'année dernière, le Liban a obtenu 1,69 milliard de dollars d'aide alors que le montant promis s'élevait à deux milliards", a-t-il regretté. Le ministre a enfin souligné que l'Etat "a accusé de grandes pertes durant les dernières années, du fait que les déplacés profitaient des produits et des denrées subventionnés par l'Etat, comme les médicaments, le pain, le carburant, sans parler de la surpopulation carcérale et des incidents sécuritaires, ainsi que de la concurrence avec la main-d'oeuvre libanaise, du contrôle aux frontières et de l'immigration clandestine". M. Hajjar a indiqué que le dossier des réfugiés syriens sera abordé lors du Conseil des ministres prévu jeudi prochain.
La semaine dernière, une embarcation transportant des migrants clandestins, syriens, libanais et palestiniens, a fait naufrage au large de Qalamoun, au sud de Tripoli, causant la mort d'au moins six personnes et faisant une trentaine de disparus. Ce drame a remis sur le tapis l'épineux dossier des réfugiés syriens. Les autorités libanaises estiment que le territoire syrien est de nouveau sûr et réclament le retour des réfugiés sans que cela ne soit lié à une solution politique de la guerre. Mais l'ONU et de nombreux experts estiment que les réfugiés qui, en majorité ont fui le régime du président syrien Bachar el-Assad, seront en danger dans les zones contrôlées par le régime, de nombreux cas de disparition, torture et enrôlement par la force dans l'armée étant signalés.
commentaires (9)
C'est sans aucun doute vrai sur le fond, mais sur les 1,69 milliard de dollars d'aide, combien ont été détournés au seul bénéfice des politiciens et autres hommes de pouvoir libanais ?
Pandora
13 h 05, le 01 mai 2022