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Agenda - Hommage

Pierre Daccache et Roy Nasnas : un même combat pour une médecine humaine

« Non nocere » : Je promets de ne pas nuire et il n’appartient pas au médecin de juger de la vie.

Issus de générations différentes avec 30 ans d’écart, ces deux grands professionnels de la médecine que sont Pierre Daccache et Roy Nasnas se sont essentiellement consacrés au service de leurs malades, voire même au détriment de leur confort personnel et de leur vie familiale. Leur parcours revêt, sous certains aspects, une similitude touchante jusqu’à être rappelés auprès du père le jour même de la résurrection de son fils.

Pierre, le chirurgien, qui avait opéré toute sa vie à tour de bras et à longueur de jour et de nuit aussi bien les nécessiteux que les blessés de guerre, avait mérité son surnom de « médecin des pauvres » : il avait néanmoins eu la chance de tout donner de sa personne et de son savoir jusqu’à un âge très avancé. Roy, quant à lui, s’était révélé avec l’apparition du sida. Il avait soigné les maladies infectieuses les plus invraisemblables provenant de toutes les régions du pays et d’ailleurs, jusqu’à être surnommé le « médecin des cas désespérés » et devenir une vraie légende médicale. Il était encore en pleine ascension et dispensait généreusement son savoir à ses étudiants au moment de l’épidémie du Covid-19 dont il fut un des principaux soignants ; il avait encore tellement à donner de sa science si ce n’était une maladie dont il ne tenait point le remède qui l’avait déjà envahi jusqu’à l’emporter.

Leurs funérailles eurent lieu le même jour, à une heure d’intervalle et à très peu de distance. La république entière par personnes interposées était présente dans les deux églises : et si le plus âgé avait déjà été décoré, le plus jeune le fut uniquement à titre posthume, alors que nos officiels feraient mieux d’honorer nos élites de leur vivant. Avec le départ de figures emblématiques telles que celles de Pierre Daccache et Roy Nasnas, c’est une certaine médecine clinique qui s’en va : une médecine où le questionnaire et l’examen approfondi doivent précéder les examens complémentaires, une médecine où le temps consacré au malade l’emporte sur les notions de gestion et de rendement, une médecine où l’excellence professionnelle est faite non seulement de compétence, mais d’honnêteté aussi, une médecine où la réflexion en vue d’une logique thérapeutique doit l’emporter sur un apprentissage de techniques uniquement, une médecine enfin où le praticien doit reconnaître les limites de ses compétences et favoriser une approche d’équipe pour le bien du malade plutôt que de vouloir satisfaire son ego.

Puissent nos deux grands disparus, à l’heure d’une mondialisation sauvage accompagnée d’avancées technologiques sans limite et sans contrôle aucuns, intercéder auprès du Très-Haut pour inspirer nos dirigeants avides de puissance et de gloire afin de retrouver les principes et les valeurs qui sont essentiellement au service de l’humain et non du matériel.

« Non nocere » : Je promets de ne pas nuire et il n’appartient pas au médecin de juger de la vie. Issus de générations différentes avec 30 ans d’écart, ces deux grands professionnels de la médecine que sont Pierre Daccache et Roy Nasnas se sont essentiellement consacrés au service de leurs malades, voire même au détriment de leur confort personnel et de...