« Safinet Orphalese » : quand les jeunes de Bécharré se mobilisent pour la culture

Avec pour but principal de promouvoir la culture, la lecture et la pensée critique, « Safinet Orphalese » est un club culturel fondé par de jeunes activistes de la région de Bécharré (Nord), en collaboration avec Aline Tok, journaliste et auteure. Le club organise régulièrement des activités à l’intention des jeunes de la région.

Tout a commencé en 2018 par l’initiative d’étudiants qui ont réhabilité la bibliothèque de Gebran Khalil Gebran, la transformant en carrefour d’échange de cultures et de connaissances où des jeunes de Bécharré pouvaient venir lire, étudier ou tout simplement profiter d’une connexion internet pour suivre leurs cours en ligne durant les mois de confinement. Un appel lancé par le ministère de la Culture pour financer des projets culturels dans les régions du Nord est alors repéré par Aline Tok, qui saisit cette occasion et partage l’information avec les jeunes. C’est ainsi que ce club est né.

Financé par la Société allemande de coopération internationale (GIZ) et parrainé par la Fondation libanaise pour la paix civile permanente (LFPCP), le club, dont le nom arabe signifie le « bateau d’Orphalese », en référence au village de l’ouvrage Le Prophète de Khalil Gebran, a décidé d’élargir le spectre de ses activités. Pour ce faire, il a dû se délocaliser : ses membres louent actuellement un local au village où ils organisent des ateliers de formation, des séances d’orientation, un marché de troc… Les jeunes tiennent aussi un club de lecture et un ciné-club chaque samedi, destiné aussi bien aux enfants qu’aux adultes.

« Nous disposons de livres et de jeux de société à utiliser à la fois sur place et chez soi, toutes nos activités visent à encourager les adolescents et les enfants à développer un goût pour la lecture et la culture », affirme Maria Keyrouz, une membre du club.

Une philosophie écologiste

La culture, pour les membres du club, rime avec écologie. « Nous portons un grand intérêt à l’environnement et sa protection, précise Naji Tok, 23 ans, diplômé en musicologie. Dans cette optique, le club a pris plusieurs mesures comme l’installation d’un filtre pour purifier l’air, l’utilisation de savon naturel… Nous organisons aussi des randonnées culturelles pour familiariser les habitants de la région au riche patrimoine naturel du village, et à l’importance de le préserver. »

Dans un souci de préserver l’environnement tout en encourageant le commerce de proximité, les jeunes du club s’efforcent, autant que possible, d’acheter des boissons et autres collations de fabrication artisanale à Bécharré même. « Au lieu d’acheter de nouveaux meubles pour aménager notre espace de rencontre, nous avons décidé de faire profiter tout le village, qui souffre comme le reste du Liban de la crise, de notre financement : nous avons fait la tournée des villageois pour acheter leurs vieux meubles usagés dont ils ne se servaient plus et les avons restaurés », explique avec une fierté audible Michel Draybé, 17 ans, élève en classe de terminale.

Un autre but fondamental du club est d’assurer une cohésion entre les différentes cultures de la région du nord du Liban, malgré les disparités religieuses, gastronomiques, politiques, géographiques et autres. Ses membres organisent souvent des rencontres, des débats ou des concerts auxquels ils convient des groupes de jeunes de Tripoli et d’autres villes et villages du Nord.