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Politique - Présidentielle française

Entre Macron et l’extrême droite, le cœur des Franco-Libanais balance

À la mi-journée, le consul général se félicitait de la participation des électeurs.

Entre Macron et l’extrême droite, le cœur des Franco-Libanais balance

Les Franco-Libanais au cours du vote au premier tour du scrutin présidentiel français, à l’Institut français à Beyrouth, le 10 avril 2022. João Sousa/L’Orient-Le Jour

7h55. Des dizaines de personnes sont déjà postées devant l’Institut français à Beyrouth, qui n’a pas encore ouvert ses portes aux électeurs. Ce dimanche, douze bureaux de vote répartis entre Beyrouth, Tripoli, Jounieh et Saïda étaient ouverts, de 8h à 19h, pour accueillir les 18 742 Français résidant au Liban et inscrits sur les listes électorales – dont 80 % de binationaux – à l’occasion du premier tour du scrutin présidentiel français, selon le consul général de France Julien Bouchard.

Au petit matin, les rues alentour sont désertes. Des connaissances qui se croisent au hasard se saluent. Les personnes présentes sont principalement âgées d’au moins la cinquantaine. Les plus jeunes arriveront plus tard dans la journée. Seuls quelques mots échappent des conversations furtives engagées dans la file d’attente. Sur les douze candidats en lice, les noms d’Emmanuel Macron et des candidats d’extrême droite, Marine Le Pen et Éric Zemmour, sont sur toutes les lèvres.

Les visites d’Emmanuel Macron au Liban

Comme lors de l’élection présidentielle passée, Joseph, professeur de traduction et de linguistique à l’Université de la Sorbonne, âgé de plus de 60 ans, n’a pas hésité une seule seconde à voter pour le président sortant Emmanuel Macron. « Il représente la stabilité dans un monde déséquilibré, bouleversé par les guerres, et en plus, c’est un ami des Libanais », assure ce Beyrouthin, originaire de la Békaa.

L'édito d'Anthony SAMRANI

La France en miettes

Si la campagne électorale actuelle a été marquée par la guerre en Ukraine et par la prépondérance des thématiques identitaires, Joseph n’en a pas oublié pour autant les deux visites d’Emmanuel Macron au surlendemain de la double explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020, puis en septembre. « Il aurait pu mieux faire, mais lui au moins est venu et a essayé de faire quelque chose pour le pays. »

Lors de ses visites, le locataire de l’Élysée avait appelé les principaux dirigeants libanais à entreprendre au plus vite les réformes exigées par la communauté internationale. Mais son initiative a été assortie de nombreuses critiques, notamment dans les rangs des partis issus de la société civile. Des reproches allant de promesses non tenues à la relégitimation de la classe politique libanaise. « Ce n’est pas son problème. Ce sont les dirigeants libanais, menteurs et corrompus, qui l’ont empêché de mieux faire », défend Joseph.

À quelques rues de là, au Grand Lycée franco-libanais, Youmna, issue de la même génération, vient de déposer une nouvelle fois le bulletin « Emmanuel Macron » dans l’urne. Cette Franco-Libanaise, originaire de Ras Beyrouth, juge qu’aucun candidat ne fait le poids face à lui. Au point d’en oublier le nom de certains. « Le candidat de l’écologie, c’est Jadot, non ? C’est vrai que la crise climatique est un sujet majeur, mais ça ne fait pas tout. » À l’évocation du nom de Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise (gauche radicale), Youmna ne peut s’empêcher de pouffer de rire. « Je ne comprends pas toujours ce qu’il dit, mais je le trouve très drôle quand il parle. »

Aux alentours de midi, de plus en plus de monde se masse dans les bureaux de vote. « Jusque-là, le taux de participation est bon », se félicite à la mi-journée le consul général de France. « L’organisation de ce scrutin pour les Français résidant au Liban est une victoire pour la démocratie », ajoute-t-il, cité par l’Agence nationale d’information (ANI).

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S’il semble moins séduire parmi les Franco-Libanais, Jean-Luc Mélenchon pourra cependant compter sur le vote de Yasmine, 30 ans, habitante de Beyrouth et originaire du Liban-Sud. « Je vote comme mes amis en France. Ce sont eux, plus que nous, qui vont subir les conséquences directes » de cette élection. Son père a émigré en France durant les années 80 pour faire des études de médecine. « Et il a pratiqué en France. Mélenchon sait que les immigrés doivent être intégrés à la société. Lui ne les met pas à part. »

Les affiches de certains candidats à l’élection présidentielle française, à l’Institut français à Beyrouth, le 10 avril 2022. João Sousa/L’Orient-Le Jour

« Le grand danger, c’est de ne pas être d’extrême droite »

Votant traditionnellement à droite sur l’échiquier politique, les Franco-Libanais avaient très majoritairement plébiscité François Fillon (candidat du parti Les Républicains) lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2017, avec près de 61 % des voix. À l’heure de mettre sous presse, les chiffres de participation électorale au Liban n’étaient pas encore connus, ni le résultat du premier tour.

« Je pense que Marine Le Pen a changé, il y a quelques années elle avait des avis assez extrêmes. Mais là, elle a des idées plus normales au niveau de l’immigration », estime Elsa, employée dans une université, en attendant son tour. « Je ne pense pas qu’elle va stigmatiser les immigrés, mais juste essayer de ne plus avoir d’extrémistes dans le pays », ajoute la jeune femme de 32 ans, qui vient d’obtenir la nationalité française et vote donc pour la première fois pour un scrutin en France. « Certes, elle n’a pas vraiment de programme économique, mais je suis sûre qu’elle sera entourée par des conseillers ayant une expertise en la matière », dit-elle encore.

Dans une file d’attente au lycée français, Roger est tout sourire. « Je vote Éric Zemmour », et il n’hésite pas à le dire. « Nous, les Libanais, on n’essaye pas de changer la culture et l’identité de la France. Mais d’autres immigrés, si. La religion joue un grand rôle malheureusement », affirme ce quinquagénaire dans une pique adressée à la communauté musulmane.

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Si Rita, 49 ans, originaire du Metn, refuse de dévoiler son vote, son discours ne laisse aucun doute : elle glissera son bulletin pour un candidat d’extrême droite. La quadragénaire est déçue des visites d’Emmanuel Macron au Liban. « Il s’est montré trop complaisant avec les dirigeants libanais, il n’a pas su les gérer et leur mettre la pression comme il fallait », estime celle qui a été blessée lors de la double explosion au port de Beyrouth.

À l’échelle de la France, « le grand danger, c’est de ne pas être d’extrême droite et d’être trop laxiste », poursuit Rita. « Les policiers se font battre maintenant. C’est ça la France ? » Rapidement, elle dresse un parallèle entre ses deux pays. « Zemmour est un peu dans la caricature, mais il a des idées justes. Il n’a pas envie que la France devienne le Liban, et il a raison », assure-t-elle. Le 17 décembre dernier, Éric Zemmour s’était fendu d’un tweet affirmant que « dans 20 ans, nous serons comme le Liban ». « Il y aura des affrontements communautaires et de la misère », avait-il ajouté.

« Qui veut d’un parti terroriste, de plusieurs partis affiliés, de puissances occupantes qui utilisent le pays comme un terrain de guerre ? Dans dix ans, il pourrait se passer la même chose en France », assure Rita.

7h55. Des dizaines de personnes sont déjà postées devant l’Institut français à Beyrouth, qui n’a pas encore ouvert ses portes aux électeurs. Ce dimanche, douze bureaux de vote répartis entre Beyrouth, Tripoli, Jounieh et Saïda étaient ouverts, de 8h à 19h, pour accueillir les 18 742 Français résidant au Liban et inscrits sur les listes électorales – dont 80 % de...

commentaires (3)

Marine Lepen n’a pas du tout changé. Des idées toujours extrémistes et dangereuses et j’espère que nous n’aurons pas un Poutin français dans 15 jours

Karam Georges

17 h 50, le 11 avril 2022

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Commentaires (3)

  • Marine Lepen n’a pas du tout changé. Des idées toujours extrémistes et dangereuses et j’espère que nous n’aurons pas un Poutin français dans 15 jours

    Karam Georges

    17 h 50, le 11 avril 2022

  • Article écrit le 11 avril et le commentaire le premier avril…c’est peut-être un poisson d’avril bien tardif…LOL

    Karam Georges

    17 h 47, le 11 avril 2022

  • Macron nous a trahi il est venu déposer le baiser de judas sur notre joue et nous a vendu aux iraniens. Votez le. Pen ou zemmour

    Robert Moumdjian

    03 h 45, le 11 avril 2022

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