Critiques littéraires Romans

L’appel du large

L’appel du large

D.R.

L'Océan est mon frère de Jack Kerouac, Gallimard, 2022, 203 p.

On connaît tous le Jack Kerouac de On the road (Sur la route), ode aux grands espaces, où le jeune Américain, trop tôt disparu, nous faisait part de ses états d’âme de chef de file de la beat generation tout en nous offrant ses impressions de voyage sur les routes des Éats-Unis à la fin des années 1940.

Les éditions Gallimard ont eu la bonne idée de publier en français, à l’occasion du centenaire de la naissance de Kerouac (1922-1969), son roman inédit, intitulé en anglais The Sea Is my Brother (L’Océan est mon frère). D’où sort ce livre ? Écrit à la main en 1943, il s’agit en réalité du tout premier roman de l’auteur qui, pour des raisons qu’on ignore, le laissa inachevé. Exhumé par son beau-frère, il fut publié en Amérique, à titre posthume, en 2011. On y retrouve la virtuosité de Kerouac, son écriture survoltée, la précision de ses descriptions, ses dialogues enflammés, mais aussi une certaine naïveté, propre aux idéalistes. L’histoire en est simple, et annonce Sur la route par le vagabondage de ses personnages : fraîchement débarqué à New York à l’occasion d’une permission, un jeune matelot prénommé Wesley se rend dans un bar pour s’y enivrer avec une bande de jeunes lurons. Là, il rencontre Bill, professeur de littérature à Columbia, qui, séduit par l’existence libre du marin, décide sur un coup de tête de le suivre dans ses pérégrinations. « Je suis en route... Merde ! Je suis content de l’avoir fait, s’exclame-t-il. Ça va être un grand changement. C’est ce que j’appelle la vie. Tu sais, Wes, tu es un pionnier à part entière. » Aussitôt, les deux compères se rendent à Boston afin de s’embarquer à bord du Westminster en partance pour le Groenland. Alors que Wesley se perd dans la ville, pourchassé par son ancienne épouse, Bill est subitement rongé par le doute : « Je quitte ce bateau aujourd’hui même, ma parole, avant de devenir fou », se dit-il. Poursuivront-ils à bord du navire leurs idéaux et leur amitié naissante ?

« Au nord, dans le sillage du destroyer, l’océan s’étendait comme une prairie écumante, qui devenait plus sombre à mesure qu’elle se confondait avec le ciel de plus en plus bas »... Jack Kerouac aura emporté avec lui la fin de son histoire, hymne à la fraternité et à la liberté dont il fut le porte-étendard.

L'Océan est mon frère de Jack Kerouac, Gallimard, 2022, 203 p.On connaît tous le Jack Kerouac de On the road (Sur la route), ode aux grands espaces, où le jeune Américain, trop tôt disparu, nous faisait part de ses états d’âme de chef de file de la beat generation tout en nous offrant ses impressions de voyage sur les routes des Éats-Unis à la fin des années...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut