Critiques littéraires Correspondances

Lettres de la Péninsule

Tels les propos d’Ibn Battuta, correspondances épistolaires des pays du Golfe pour une fraternité humaine.

Lettres de la Péninsule

D.R.

Al-Rasa’el al-khalijiya (« Lettres du Golfe »), sous la direction de Samy Kleib et Faisal Jalloul, éditions Hachette Antoine/Naufal, 2022, 401 p.

Al-Rasa’el al-Khalijiya (« Lettres du Golfe ») est un ouvrage d’une écriture plurielle, un livre choral documenté et fouillé pour jeter une lumière vive sur la culture, l’évolution, l’actualité, les rapports constructifs, les richesses des pays arabes, notamment ceux du Golfe. Il renferme des informations importantes qui restituent le sens de la connaissance pour un jugement juste et avisé. Une sorte de regard moderne à la manière d’Ibn Battuta, le célèbre explorateur et voyageur né à Tanger en l’an 1304, et fin rapporteur de récits et témoignages sur des zones ignorées en ce temps où les nouvelles n’avaient pas la célérité et l’acuité d’aujourd’hui…

Comme un message de paix, de compréhension et d’approche en profondeur, l’ouvrage Al-Rasa’el al-khalijiya, sous la direction conjuguée de Samy Kleib, journaliste franco-libanais, et Faisal Jalloul, chercheur libanais de l’Académie de Paris pour la géopolitique, rassemble une chaîne épistolaire de vingt-deux écrivains arabes. Des écrivains d’horizons gorgés de soleil racontent les médinas grouillantes de vie, auscultent les beautés des sables et des déserts (termes empruntés à Simone de Beauvoir lors de ses voyages en Orient) et dressent un précis historique des cités, des rivages et des lieux.

Il s’agit d’un monument de connaissance à cultiver pour une région plus qu’émergente car internationalement influente, ouverte à toutes les sources du savoir, à la pointe du progrès et de la technologie. L’ouvrage plonge ses racines non dans les sables et les déserts, mais dans des mégalopoles sophistiquées aux tours d’acier, de béton, de verre et dévoile des autoroutes grandioses, rubans fabuleux qui relient villes, espaces à perte de vue et populations, dans un esprit d’hospitalité, d’accueil et d’entraide humaine pour des travailleurs de diverses nationalités…

Cet opus est le cinquième d’une série à auteurs multiples. On cite volontiers les titres des précédents ouvrages qui se placent dans le sillage de ce concept d’écriture à plusieurs mains et cette approche polymorphe : Paris vu par les Arabes, Lettres damascènes, Le Deuxième Centenaire de la cause palestinienne et Lettres du Maghreb…

Aujourd’hui ce sont les voix de 22 écrivains et écrivaines des pays du Golfe qui s’élèvent, à travers des textes libres et personnels, afin d’évoquer et présenter 14 villes et régions de ce conglomérat d’États, dans leur contexte géopolitique mais aussi financier, industriel, culturel, sociologique et bien entendu de production pétrolière, source de revenu qui captive les regards du monde pour son énergie et ses besoins les plus vitaux… De Doha, Manama et Koweït (qui ont bénéficié à deux reprises de textes explicatifs dans ces pages) à la Mecque et Jeddah, la région de Najd dans le Royaume wahabite ainsi que celle de Zaffar au sultanat d’Oman, en passant par Abou Dhabi, Al-Aïn et Charika aux Émirats arabes unis, la vie est décrite comme un voyage féerique.

C’est un voyage transformé en une littérature du Adab al-rihla (« la littérature du voyage », tout comme en France plus tard, aux XIXe siècle, les voyageurs tels Lamartine, Flaubert, Nerval et consorts en Orient), aux miroitements fascinants, qui n’a rien à envier aux grandes plumes de la grande civilisation classique arabe, tels Ibn Khaldoun, Al-Massoudi, Al-Biruni ou Al-Maqdisi… avec, comme apport supplémentaire et neuf, pour ces auteurs et autrices contemporain-e-s, l’intensité du regard toujours soutenue par les courbes des graphiques, les sondages, les enquêtes et les outils de la science sociologique actuelle.

Les villes ont la part de lion dans cet ouvrage car elles jaillissent, non comme des mirages mais comme de réalités parfaitement tangibles et palpables où se dessinent toutes les attentes d’un épanouissement intelligemment planifié pour des pays bâtisseurs tournés vers l’avenir.

Un livre panorama qui défend l’essence, les us et les coutumes de ces pays tout en marquant un statut de trait d’union entre les Arabes du nord et du sud, et, bien entendu, un rôle de passerelle entre Orient et Occident.

Les écrivain-e-s qui ont contribué à cet ensemble épistolier : Jalloul Sadiki, Raouat Kassem, Samy Kleib, Sayyar Gemayel, Saada al-Sabiri, Abdallah Walad Mohammadi, Ezzat Sleiman, Faisal Jalloul, Fayrouz Mohammed, Yehya al-Wali, Kaïs al-Azzawi, Nachaat Salem al-Halabi, Nawal Salem, Wafaa Tabet al-Mazghani, Wafaa Fakani, Younes Abou Ayoub, Ibn Battouta, Amine el-Rihani, Adel Khalifé, Abdel Fattah Naaoum, Yasmine Hannaoui, Jamal Youssef Fayad, Nawal al-Hour.

Al-Rasa’el al-khalijiya (« Lettres du Golfe »), sous la direction de Samy Kleib et Faisal Jalloul, éditions Hachette Antoine/Naufal, 2022, 401 p.Al-Rasa’el al-Khalijiya (« Lettres du Golfe ») est un ouvrage d’une écriture plurielle, un livre choral documenté et fouillé pour jeter une lumière vive sur la culture, l’évolution, l’actualité, les rapports constructifs, les...

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