On quitte le Liban pour retrouver la douceur des parcs en Europe, mais du coin de l’œil, on cherche toujours un cèdre.
On a l’abondance de l’eau, de l’électricité, de l’essence, mais on perd en chaleur et étincelles.
On gagne enfin une qualité de vie digne, mais on perd la douceur de certains sourires.
On dort mieux avec une stabilité logistique, mais on perd le noyau familial.
On nage dans la plénitude d’une offre culturelle, mais peu comprennent qu’on veut de la halawé et du café blanc.
On danse sur des trottoirs retrouvés dans la propreté, dans l’ordre d’une grande ville, mais on déambule dans ses rues avec une boule au ventre et un vide dans le cœur.
Des provisions à ne plus en finir, mais rien n’a le même goût que le potager de jeddo.
On gagne une stabilité, mais on perd le support du clan.
On se sent au paradis, mais parfois, il semble désert.
On gagne tellement, mais on a parfois mal au fond, tout au fond, chassés de notre paradis perdu qui n’est plus.
Une Espagnole, devenue libanaise, exilée à Madrid
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Notre paradis n’est pas perdu, il est sous les cendres en attente …. Merci madame de votre fidélité à notre pays !
13 h 12, le 31 mars 2022