Lors du Conseil des ministres de mercredi, le ministre des Finances, Youssef Khalil, a évoqué la possibilité que lors de la prochaine séance, le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, soit présent. Lors de cette séance, le ministre est censé faire une présentation de la situation monétaire du pays. Un des sujets centraux de cette présentation serait notamment la question des avances du Trésor à Électricité du Liban.
Le ministre a précisé que d’ici la séance, il décidera si la présence de M. Salamé est nécessaire ou pas pour clarifier certains points.
Sur un autre plan, alors que l'Agence nationale d'information avait rapporté que le cabinet a accepté la proposition du ministre de la Justice, Henri Khoury, de créer une commission qu'il présiderait et qui serait composée de juges et de banquiers pour débattre de la bonne marche de la justice, le ministre a démenti à L’Orient-Le Jour avoir formulé une telle demande. Il a expliqué avoir réclamé la mise en place de lois que les magistrats pourraient appliquer, à l'instar d'une loi sur le contrôle des capitaux. Il a rappelé à cet égard qu'après la guerre civile, une loi qui avait échelonné les dettes et permis la relance avait été adoptée.
Un bras de fer oppose actuellement certains magistrats au secteur bancaire et au gouverneur de la BDL. Samedi, le gouvernement avait consacré une réunion aux poursuites judiciaires contre des établissements bancaires et avait chargé le ministre de la Justice d'élaborer une "vision pour trouver des solutions à la situation et remédier à toute faille qui pourrait se présenter".
Après avoir gelé il y a plus d’une semaine les avoirs de cinq grandes banques au Liban (Bank of Beirut, Bank Audi, SGBL, BLOM Bank et Bankmed) et ceux des membres de leurs conseils d’administration, la procureure Ghada Aoun avait ordonné jeudi l’arrestation de Raja Salamé, frère du gouverneur de la Banque centrale. Ce dernier fait l’objet d’une enquête de la procureure. Il est également la cible d'enquêtes dans plusieurs pays. En début de semaine, Ghada Aoun a par ailleurs engagé des poursuites pour enrichissement illicite contre le gouverneur de la BDL. La juge Aoun a également prononcé une interdiction de voyager à l'encontre du président de Creditbank, Tarek Khalifé, et gelé tous les actifs de la banque.
Cette escalade coïncide avec la saisie mercredi dernier de "tous les actifs, actions et propriétés" de la Fransabank, suite à une plainte d'un déposant et du collectif Moutahidoun. Or, le collectif en question, tout comme la magistrate Ghada Aoun, est considéré, même s’il s’en défend, comme proche du président Michel Aoun, qui œuvre depuis des années à écarter le gouverneur de ses fonctions en lui faisant endosser l’entière responsabilité de la crise financière.
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