Le Conseil des ministres, présidé par Nagib Mikati, a entamé mercredi, peu avant 16h, une réunion au Grand sérail de Beyrouth, avec un ordre du jour composé de 39 points parmi lesquels figurent la modification des conditions de l'exploration offshore dans le cadre du tracé de la frontière maritime avec Israël, ou encore l'octroi de devises étrangères à Électricité du Liban (EDL) dans un pays plongé dans le noir au quotidien pendant de longues heures ainsi que le sujet de la sécurité alimentaire ébranlée à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine. D'autres points relatifs aux domaines éducatif, financier et agricole sont également à l'ordre du jour.
Des modifications des conditions de l'exploration offshore sont sur la table du Conseil des ministres, alors que le Liban prépare une contre-offre pour répondre à la proposition du médiateur américain Amos Hochstein sur la délimitation de la frontière maritime avec Israël. L’envoyé spécial était venu au Liban le 9 février dernier avec une offre qu’il n’avait pas souhaité dévoiler publiquement. Il avait toutefois fixé les limites géographiques de la négociation dans les 860 km2 qui séparent la ligne 1 (frontière revendiquée par Israël) à la ligne 23 (revendiquée officiellement par le Liban), écartant la ligne 29, qui octroierait au pays du Cèdre 1 430 km2 en plus de la zone disputée. Les autorités libanaises disposent d'environ une semaine pour définir leur réponse. Selon notre chroniqueur politique Mounir Rabih, celles-ci souhaitent réclamer l’ensemble des 860 km2 disputés avec Israël.
Le dossier épineux de l'électricité s'invite également en Conseil des ministres. Le gouvernement doit en effet se pencher sur une proposition du ministère de l'Énergie visant à fournir des devises étrangères à EDL, afin d'assurer le minimum des investissements nécessaires aux services de production et de distribution du fournisseur public. Actuellement, EDL ne parvient à fournir que deux à trois heures de courant par jour, dans un pays en plein effondrement économique depuis 2019. Le gouvernement avait donné son feu vert définitif, mercredi dernier, au plan de réforme du secteur de l'électricité préparé par le ministre Fayad. Le mois dernier, M. Fayad avait présenté dans nos colonnes l'une des dernières versions de son plan de réforme. Un plan articulé autour de trois axes, dont l'un à court terme incluant des mesures d’urgences (accord avec l’Irak pour l’importation de fuel), et d’autres qui nécessitent encore un accord sur le financement (les deux volets de l’initiative américaine dévoilée en août 2021, pour importer du courant jordanien et du gaz égyptien). Le week-end dernier, le ministre de l'Énergie Walid Fayad s'est par ailleurs entretenu avec son homologue qatari, pour discuter des pistes à travers lesquelles le Qatar pourrait aider le Liban à répondre aux besoins du secteur.
Le gouvernement va également se pencher sur les propositions des ministres de l'Economie, Amine Salam, et de l'Agriculture, Abbas Hajj Hassan concernant la préservation de la sécurité alimentaire. Déjà frappé par une crise économique sans précédent, le Liban doit faire face aux conséquences de l'invasion russe de l'Ukraine, notamment en trouvant des alternatives à l'importation du blé qui provient massivement de l'Ukraine. Mardi, M. Salam avait indiqué à l'agence Reuters que le Liban envisageait de lancer un appel d'offres pour importer 50.000 tonnes de blé de l'Inde.
Outre l'étude de ces dossiers, la nomination de représentants de l'État au sein du Conseil d'administration de la Banque de l’habitat figure également à l'ordre du jour de la séance du Conseil des ministres.
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