Geagea accuse le CPL d'user du prétexte des mégacentres pour retarder les législatives

Le chef des Forces libanaises Samir Geagea a accusé mardi le Courant patriotique libre de proposer l'adoption de mégacentres dans le but de retarder la tenue des élections législatives, prévues le 15 mai 2022. En effet, ces bureaux de vote géants, censés faciliter le vote des électeurs et voulus par le président Michel Aoun et son camp, sont perçus par certains comme une tentative de report des élections législatives.

Les propos de M. Geagea interviennent au lendemain d'une polémique suscitée par le ministre du Tourisme, Walid Nassar (proche du camp du président), qui aurait évoqué, selon la presse, un report des législatives en raison de l'impossibilité de mettre en place les mégacentres. Une position qu'il aurait exprimée lors de la réunion de la commission ministérielle en charge du dossier des mégacentres. Après le tollé qui a suivi cette polémique, M. Nassar avait démenti les propos tels que rapportés par la presse, indiquant qu'ils ont été sortis de leur contexte.

"Les raisons qui ont conduit le Courant patriotique libre à proposer à nouveau l'adoption de mégacentres sont devenues claires, a affirmé M. Geagea. Comme Gebran Bassil, ses ministres et ses députés le savent, il est impossible de mettre en place des mégacentres dans les délais avant les prochaines élections". "Nous avons été les premiers à demander des mégacentres et nous continuerons à réclamer leur adoption, mais pas à les utiliser comme prétexte pour reporter les élections", a-t-il ajouté. 

Selon M. Geagea, "la position des ministres du Courant patriotique libre lundi, lors de la première réunion du comité ministériel a révélé l'intention du CPL de reporter les élections". "Reporter les élections à ce stade particulier signifie, dans la pratique, qu'elles sont sapées, et signifie que l'on prive le peuple libanais de sa seule chance d'être sauvé après l'avoir conduit au bout de l'enfer", a fustigé le chef des FL. 

"Que veulent-ils ? Eliminer les derniers Libanais libres de ce pays ?", a-t-il demandé. "Les citoyens ont passé deux ans dans la souffrance, la faim, l'oppression et la privation dans l'attente des législatives pour faire entendre haut leur voix. Même cet espoir, ils veulent le tuer. Mais nous ne leur permettrons pas de le faire, et nous continuerons à nous battre jusqu'au dernier souffle pour que les élections se déroulent dans les délais", a-t-il encore dit

Bassil réagit

Le chef du CPL a réagi sur Twitter, sans nommer le chef des FL, et l'a accusé de trahison. "Ce n'est pas la première fois qu'il trahit et fait marche arrière", a écrit M. Bassil. "Les habitants de la montagne, du nord, du sud, de la Békaa et de Beyrouth, connaissent la valeur stratégique des mégacentres et lui-même sait que leur implantation est facile ! Mais il est comme ça ! C'est ainsi qu'il a vendu les prérogatives du président à Taëf et a combattu le 'président fort' avec ses prérogatives (...)".

Le chef du CPL avait déjà affirmé qu'il n'y avait aucune excuse pour ne pas mettre en place des mégacentres lors des élections législatives du 15 mai. Une position qui va dans le sens de celle du chef de l’État, fondateur du courant aouniste. Lundi, le ministre de l'Intérieur Bassam Maoulaoui avait affirmé, lors d'un entretien avec le Premier ministre Nagib Mikati au Grand Sérail son "soutien" à la création de mégacentres de vote, malgré les "obstacles" et un "délai serré".

Comme M. Geagea, certains observateurs estiment que le CPL pourrait utiliser le prétexte de l'absence de mégacentres pour justifier un report du scrutin, alors que la formation aouniste est en perte de popularité depuis la révolte d'octobre 2019.