Démission de deux ministres en pleine crise politique

L'émir du Koweït, cheikh Nawaf al-Ahmad Al-Sabah, a accepté jeudi la démission des ministres de la Défense et de l'Intérieur, membres de la famille régnante, au moment où le riche Etat pétrolier du Golfe traverse une nouvelle impasse politique.

Situation unique dans le Golfe, la scène politique koweïtienne est souvent troublée par des députés qui défient les membres du gouvernement, y compris ceux appartenant à la famille royale des Al-Sabah. Celle-ci garde néanmoins les clés du pouvoir.

"L'émir a publié un décret acceptant la démission du ministre de la Défense, cheikh Hamad Jaber Al-Ali Al-Sabah et du ministre de l'Intérieur, cheikh Ahmed Mansour Al-Ahmed Al-Sabah", a annoncé le porte-parole du gouvernement, Tarek al-Mezrem.

Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Nasser Al-Mohammed Al-Sabah, prend le portefeuille de la Défense par intérim et le ministre du Pétrole, Mohammed Al-Fares, celui de l'Intérieur, a-t-il ajouté sur le compte Twitter du gouvernement. Ces démissions interviennent après que le ministre des Affaires étrangères a été visé par une motion de censure, qui a finalement échoué, de la part des députés de l'opposition. Ces derniers avaient réalisé une percée aux élections législatives de 2020, en remportant près de la moitié des 50 sièges du Parlement.

Les ministres ont justifié leur démission en invoquant un "abus" de pouvoir de la part des députés, avec des séances de questions trop fréquentes et prolongées, bien qu'elles soient un "droit constitutionnel".

Fin décembre, le Koweït a formé son quatrième gouvernement en deux ans, dans un contexte de crises politiques sans fin. Confronté à des difficultés économiques liées aux fluctuations des prix du pétrole et aux conséquences du Covid-19, le Koweït peine à mener des réformes en raison de ces tensions permanentes entre l'exécutif et le Parlement. La famille régnante des Al-Sabah garde largement les leviers du pouvoir, y compris au sein même du gouvernement, en dépit des nombreux soubresauts politiques provoqués par les parlementaires.