Le Premier ministre Nagib Mikati a appelé la Turquie à aider le Liban et à coopérer avec lui, lors d'une visite officielle mardi à Ankara à l'invitation du président turc, Recep Tayyip Erdogan, avec qui il s'est entretenu. Ce dernier a salué les "efforts" du Premier ministre libanais en vue de "mener les réformes nécessaires" et a assuré se tenir aux côtés du pays du Cèdre
"Toujours répondu à l'appel"
"Nous voulons renforcer notre solidarité avec tout le peuple libanais", a déclaré le chef de l'Etat turc lors d'une conférence de presse conjointe avec M. Mikati. Il a indiqué que, lors de son entretien avec le Premier ministre libanais, "les relations bilatérales et les opportunités de coopération" ont été abordées. "Nous avons discuté des moyens de contribuer au soutien du Liban", a ajouté M. Erdogan rappelant que dans les jours qui ont suivi l'explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020, il a dépêché son adjoint et le ministre des Affaires étrangères au Liban en signe de solidarité.
"Après l'explosion (d'une cuve à essence à Tleil, en août dernier, ndlr) au Akkar, nous avons envoyé un avion de secours, et tout ce que nous faisons, nous le faisons sans discrimination entre les Libanais. Nous continuons à soutenir le Liban et sommes prêts à appuyer les efforts de réformes du gouvernement libanais", a assuré le président turc, qui a ajouté être prêt à "fournir une expertise dans la coopération numérique pour les services publics".
Les échanges commerciaux entre le Liban et la Turquie étaient également à l'ordre du jour de la réunion. "Nous tenons à la mise en œuvre de l'accord de libre-échange, et nous avons convenu de tenir une réunion du Haut comité mixte en Turquie dès que possible", a-t-il dit. M. Erdogan a également indiqué que les entreprises turques sont prêtes "à mettre en œuvre d'importants projets dans le domaine des infrastructures, notamment la reconstruction du port de Beyrouth". "Nous sommes déterminés à accroître notre assistance au Liban, notre coopération dans le tourisme et dans le domaine de l'éducation, et nous continuerons à contribuer aux forces de la Finul", a-t-il assuré.
M. Mikati a ensuite pris la parole. "Monsieur le président, je connais votre souci de consolider les relations entre nos pays et de tout mettre en œuvre pour soutenir le Liban. Vous avez toujours répondu à l'appel dans toutes les crises que traverse le Liban", a-t-il dit. Le Premier ministre a indiqué avoir discuté avec le président turc des "relations libano-turques, de la question des déplacés syriens et de la nécessité de déployer des efforts pour qu'ils retournent dans leur pays". Il a assuré que les relations entre le Liban et la Turquie "resteront solides et fortes à tous les niveaux, et dans tous les dossiers". "La première chose qui nous vient à l'esprit lorsque nous visitons ce pays est l'ouverture, la justice et la modernité, qui ont valu à la Turquie une position distinguée entre l'Est et l'Ouest. La Turquie a travaillé à son développement, ce qui lui a permis d'accéder à une position de leadership", a estimé M. Mikati.
"Les réformes nécessaires"
Avant la conférence de presse, le dirigeant turc a affirmé, lors d'une réunion avec M. Mikati, "apprécier les efforts" de ce dernier en vue de "mener les réformes nécessaires". "Nous poursuivrons la coopération bilatérale dans tous les domaines. Nous avons convenu de tenir une réunion du comité économique supérieur conjoint au cours du premier semestre de cette année et de former un comité conjoint pour résoudre les problèmes en suspens entre les deux pays", a-t-il assuré. M. Erdogan a souligné qu'il était important que l'accord de libre-échange entre le Liban et la Turquie entre en vigueur, et que la coopération dans les domaines de l'énergie, de la santé, du tourisme, des transports et des travaux publics, se poursuive. "Je suis convaincu que les pourparlers que nous avons eus approfondiront davantage nos relations", a-t-il conclu.
"Nous avons toujours le sentiment que nos relations sont des relations fraternelles, et vous êtes les premiers à tendre la main au Liban et à l'aider, surtout dans les crises successives qu'il traverse", a affirmé, de son côté, le Premier ministre libanais. M. Mikati a ensuite rappelé que "lors de nos entretiens conjoints à Beyrouth en 2005, nous avons pris ensemble la décision d'annuler les visas entre les deux pays, ce qui a contribué au renforcement des relations bilatérales". "Aujourd'hui, nous avons grand besoin de votre coopération et de votre aide, a-t-il ajouté. Votre amour personnel envers le Liban et nos relations personnelles étroites ouvriront de nombreuses portes à la coopération et à l'assistance". "Le Liban traverse une crise qui aura été la pire au monde à tous les niveaux économique, financier et social. Nous avons besoin de soutien et d'assistance dans tous les domaines", a conclu M. Mikati.
M. Mikati a été reçu à l'aéroport d'Ankara par le gouverneur de la capitale, Vasip Sahin, son maire, Mansour Yavas, et l'ambassadeur du Liban en Turquie, Ghassan Mouallem. Le Premier ministre était accompagné du chef de la diplomatie Abdallah Bou Habib, du ministre d’État pour le Développement administratif Najla Riachi, du ministre du Tourisme Walid Nassar, de l’Énergie Walid Fayad, de l'Environnement Nasser Yassine, de l'Agriculture Abbas Hajj Hassan, des Travaux publics et des Transports Ali Hamiyé, de l’Économie Amine Salam, ainsi que de son conseiller diplomatique, l'ambassadeur Boulos Assaker.
Ankara apporte régulièrement une aide au Liban, notamment à l'armée et aux communautés sunnites dans les régions défavorisées. En novembre dernier, le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, en visite officielle à Beyrouth, avait affirmé que son pays était "prêt à aider" le Liban à trouver une solution à la grave crise diplomatique qui l'opposait aux pays du Golfe, Arabie saoudite en tête, depuis fin octobre, déclenchée par des propos polémiques de l'ancien ministre de l'Information Georges Cordahi sur le rôle de la coalition saoudienne au Yémen. La population libanaise "ne doit pas payer le prix du bras de fer régional", avait affirmé M. Cavusoglu, dans une allusion à la rivalité entre Riyad et Téhéran et les négociations sur le nucléaire iranien.
commentaires (12)
Nous, le peuple libanais avons besoin de dirigeants capables, honnêtes et travailleurs ! Et non pas de pigeons-voyageurs-milliardaires qui se pavanent partout dans le monde et nous couvrent de honte !!! - Irène Saïd
Irene Said
14 h 59, le 02 février 2022