Dix-sept réseaux d'espionnage au profit d'Israël ont été démantelés dernièrement au Liban, a annoncé lundi le gouvernement libanais, confirmant des informations de presse ayant circulé depuis la matinée.
A l'issue d'un Conseil des ministres au Grand Sérail, le ministre de l'Information p.i. Abbas Halabi a rapporté que, pendant la réunion, le ministre de l'Intérieur Bassam Maoulaoui a informé le cabinet du démantèlement de 17 réseaux d'espionnage, sans préciser où ils étaient actifs. Ces réseaux avaient un rôle "local" et "régional", a-t-il ajouté. "Ils ont été démantelés après des filatures", a-t-il affirmé.
Au total, "21 personnes" ont été arrêtées, a indiqué de son côté une source judiciaire, sous couvert de l'anonymat, à l'AFP. Elles "étaient chargées de recueillir des informations sur des sites militaires et sécuritaires affiliés au Hezbollah dans le sud du Liban, la banlieue sud de Beyrouth et la (vallée de la) Békaa", a-t-elle assuré. Etaient aussi ciblés "des chefs de partis politiques" et de hauts responsables gouvernementaux, d'après elle. Les opérateurs des ces réseaux ont profité des "conditions de vie et sociales difficiles" connues par les Libanais, dont le pays traverse une profonde crise économique, ce qui a "facilité le recrutement pour ces missions", selon la source. L'une des personnes suspectées est un membre du Hezbollah. Le mouvement chiite aurait refusé de le remettre à la justice libanaise, a-t-elle déclaré.
Explosion à Bourj el-Chemali
Dans la matinée, le site d'informations en ligne al-Modon avait rapporté des informations faisant état du démantèlement de plusieurs réseaux "indépendants les uns des autres" et actifs dans tout le pays et l'arrestation de dix personnes impliquées. Selon le site, qui rapporte des informations émanant de sources au sein des Forces de sécurité intérieure (FSI), l'enquête ayant permis de dévoiler le travail de ces réseaux a été lancée après l'explosion survenue en décembre dans le camp palestinien de Bourj el-Chemali, près de Tyr (Liban-Sud), dans des circonstances mystérieuses. Après avoir surveillé un suspect dans le cadre de cette enquête, les FSI ont remonté la piste de différents réseaux indépendants, répartis sur tout le territoire. Elles ont arrêté, notamment à Tyr et à Saïda, plusieurs personnes, de différentes confessions, qui étaient chargées de récolter des informations. Toujours selon al-Modon, la plupart des interpellés ne savaient pas qu'ils travaillaient pour le compte d'Israël.
Hezbollah, Hamas et ONG
Des informations obtenues également par le quotidien al-Akhbar, proche du Hezbollah, viennent confirmer qu'une quinzaine de réseaux, "actifs dans toutes les régions libanaises et jusqu'en Syrie", ont été démantelés. Le quotidien ajoute que "la plus grande opération de contre-espionnage menée au Liban contre des réseaux pro-israéliens depuis 2009 a commencé il y a quatre semaines". Ces réseaux ciblaient le parti chiite ainsi que des groupes "de la résistance palestinienne" au Liban dont le Hamas, selon le quotidien. Les services de renseignement eux-mêmes auraient également été victimes d'opérations de surveillance, tout comme "un certain nombre d'organisations non-gouvernementales et d'associations". La communication entre les agents des différents groupes identifiés s'effectuait principalement via les réseaux sociaux et Internet, ainsi que via des lignes téléphoniques libanaises, rapporte encore le Akhbar. Certains des suspects appréhendés auraient justifié leur implication dans ces réseaux par l'appât du gain, alors que le Liban s'enfonce dans la crise, tandis que d'autres étaient convaincues de fournir des informations à des entreprises internationales ou à des ONG, selon le média.
Toujours selon al-Akhbar, plus de 35 personnes, dont des ressortissants libanais, palestiniens et syriens, ont été entendues ces dernières semaines dans le cadre de cette opération. Parmi elles, vingt suspects sont en état d'arrestation auprès des SR des FSI, un autre auprès du Hezbollah et un dernier arrêté par les forces de sécurité syriennes. Certaines personnes interpellées ont été libérées, d'après la même source.
"Exploit"
Lors du Conseil des ministres, le Premier ministre Nagib Mikati a félicité les services de renseignement des FSI pour cette opération. "Le démantèlement de ces réseaux prouve une nouvelle fois l'importance de la sécurité préventive et de la coopération entre toutes les institutions sécuritaires concernées par la protection du Liban", a-t-il ajouté.
Le démantèlement de ces cellules d'espionnage a également été salué par le président du Parlement Nabih Berry qui a félicité les forces de sécurité pour l'"exploit" réalisé.
En 2006, une guerre destructrice a opposé l'Etat hébreu au Hezbollah, la plus puissante formation armée au Liban. Le conflit de 33 jours avait causé la mort de 1.200 personnes au Liban, pour la plupart des civils, et 160 Israéliens, en grande majorité des soldats. Depuis, les deux parties restent en état de guerre mais évitent tout embrasement. Récemment, en août 2021, les tensions sont montées d'un cran avec des échanges de tirs d'artillerie et de roquettes à la frontière libano-israélienne.
Entre avril 2009 et 2014, les autorités libanaises ont emprisonné plus de 100 personnes accusées d'espionnage pour le compte d'Israël, dont une majorité d'employés de l'armée ou des services de télécommunication.
commentaires (17)
Je pouffe de rire… les FSI sont incapables de régler la circulation ou d’interpeller un chauffard. Les FSI n’ont jamais résolu un seul assassinat politique. Les FSI n’interviennent que pour des infractions qui peuvent leur rapporter des pots de vin pour fermer les yeux. Les FSI n’ont aucune formation dans quelque domaine que ce soit. Nos FSI ne savent pas démanteler une manifestation pacifique sans utiliser leurs armes à feu. Que le ministre de l’intérieur s’occupe de la circulation alternée, c’est déjà un exploit
Lecteur excédé par la censure
19 h 00, le 01 février 2022