Le frère aîné de l'ancien Premier ministre et leader du courant du Futur Saad Hariri a déclaré vendredi soir qu'il allait "se lancer dans la bataille pour reprendre le Liban et sa souveraineté", sans toutefois annoncer clairement sa volonté de se présenter aux élections du 15 mai. Des propos qui interviennent quelques jours après la décision du leader du courant du Futur de suspendre ses activités politiques ainsi que celles de son parti.
"Je vais poursuivre sur la voie de Rafic Hariri", a affirmé l'homme d'affaires Baha' Hariri dans un message enregistré, annonçant qu'il serait bientôt de retour dans le pays. Critiquant à mi-mot la décision de son frère, il a estimé que "faire peur en agitant le spectre du vide au niveau d'une composante de la société libanaise, ne sert que les ennemis de la nation". "La morale et l'éducation reçues par les fils de Rafic Hariri ne leur permettent pas d'abandonner leurs responsabilités, qui sont de mettre toutes nos capacités au service du redressement du Liban", a-t-il insisté. "Nous allons nous lancer dans la bataille pour reprendre la nation et récupérer la souveraineté face à ses occupants", a-t-il lancé.
Baha’ Hariri, qui se revendique à la fois comme l’héritier politique de son père et le porte-voix de la contestation populaire via son mouvement Sawa li Lubnan, n'a toutefois pas annoncé clairement son intention de se présenter personnellement aux législatives.
Depuis qu'il a lancé son mouvement et mis en branle une solide machine électorale, les interrogations se sont multipliées sur les intentions véritables de l’aîné des Hariri, et sur le fait de savoir s’il compte reprendre le flambeau avec une structure différente de celle du courant du Futur. Dans les milieux proches de Baha’ Hariri, on assure jusque-là que ce dernier ne compte pas se présenter aux législatives mais que son parti parrainera plusieurs candidats au profil réformateur, dans le but de "rectifier le tir et corriger les erreurs" de son frère cadet. Comprendre principalement son alliance avec le Hezbollah et le camp présidentiel en 2016, largement critiquée par Baha’ Hariri.
Baha' Hariri s'est en effet posé à plusieurs reprises comme critique de la politique du modus vivendi entretenu ces dernières années par son frère avec le Hezbollah. Connu sous le titre respectueux de "cheikh Baha'" dans les monarchies arabes du Golfe, le milliardaire sunnite avait déclaré en novembre dernier, au journal koweïtien al-Qabas, qu'au Liban "il faut commencer par écarter du pouvoir la majorité hostile à l’Arabie saoudite et aux pays du Golfe”.
Lundi, Saad Hariri avait annoncé son intention de se retirer de la vie politique et de ne pas se présenter au scrutin législatif, appelant son parti à faire de même. Cette annonce a eu l'effet d'un séisme sur la scène politique et mis dans l’embarras différents partis et alliés potentiels, comme le leader druze Walid Joumblatt, le président du Parlement Nabih Berry, mais aussi le Hezbollah. Elle avait également fait craindre un vide au niveau de la représentation de la communauté sunnite lors des élections. Les anciens Premiers ministres Nagib Mikati et Fouad Siniora ont toutefois déjà affirmé qu'ils n'entendaient pas suivre l'exemple de Saad Hariri et boycotter les élections.
Si son éruption dans la vie politique peut changer un tant soit peu la donne au niveau national, ahlan wa sahlan, mais j'en doute car il lui faudra prévoir réagir fermement s'il y a provocation du style Tayyouneh. Le Hezbollah ne comprend pas un autre langage. Cependant il aura raison de s’éloigner du courant et de reprendre sur de nouvelles bases, moins corrompues celle-la, pour pouvoir prétendre représenter une partie des frondeurs. Le courant du future a été malheureusement trop sali par l'attitude de certains. Eh bien bonne chance a ce nouveau membre du système féodal prévalent.
08 h 57, le 31 janvier 2022