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Culture - Poésie

« Nos fleurs du mal » de Vincent Gelot, entre pastiche et parodie, Baudelaire revisité

Livre-hommage à un poète qui a marqué son époque et la littérature française, et dont on célèbre cette année le bicentenaire de la naissance, voici un ouvrage singulier, une traversée poétique inédite à travers les noirceurs de l’âme humaine et les méandres d’une modernité équivoque.

« Nos fleurs du mal » de Vincent Gelot, entre pastiche et parodie, Baudelaire revisité

Vincent Gelot : « La “religion du progrès” a-t-elle “dévoré l’âme de notre époque” ? » Photo DR

Infatigable pilier du travail humanitaire, Vincent Gelot, responsable de projets pour l’ONG L’Œuvre d’Orient en Syrie et au Liban, s’est déjà fait connaître de la presse en se lançant à 23 ans avec sa Renault 4L dans un périple aventureux et fou à travers 22 pays, de l’Éthiopie à l’Afghanistan, à la rencontre des chrétiens d’Orient. Il en a tiré un beau livre publié aux éditions Albin Michel en 2017.

Avec son profil d’aigle, mais assagi par l’âge et les responsabilités familiales, il nous revient aujourd’hui avec Nos fleurs du mal, une transposition de l’intégralité des 126 poèmes du monument laissé par Baudelaire. Ce faisant, il se propose de peindre en les actualisant, sur le modèle du grand poète du XIXe siècle, « les maux ordinaires de la modernité » qui frappent le monde et le lecteur à l’aube de ce XXIe siècle.

Entre pastiche et parodie, Gelot s’efforce de conserver la structure – musique, ponctuations, rimes – des 126 poèmes des Fleurs du mal, tout en réinventant le verbe – le ton, la voix et le sens – de l’intégralité de chacun d’eux, créant ainsi une œuvre nouvelle où l’Albatros devient l’étranger ; les Bohémiens en voyage, les Assyriens en exode ; la cloche fêlée, la femme battue ; l’horloge ; le portable ; une pipe, etc. Et « Homme libre, toujours tu chériras la mer », « Femme libre, un beau jour tu seras pourtant mère ».

De la société de consommation aux effets sur l’homme des nouvelles technologies, de l’incendie de Notre-Dame aux attentats terroristes, du péril écologique aux guerres moyen-orientales, Gelot tente de rephraser les maux du quotidien, petits ou grands, qui marquent la société occidentale, nos existences, nos obsessions, autant de thèmes qui, à travers le sonnet et l’alexandrin, s’expriment avec une étonnante virtuosité... non sans le maniérisme inhérent au respect de la métrique et de la rime. À travers une vaste galerie de tableaux illustrés par Edmond Baudoin, ce pastiche propose une traversée poétique inédite à travers les noirceurs dont se rend capable l’âme humaine et les méandres d’une époque malsaine, pour en tirer la beauté, aussi infime soit-elle. « Son objet ultime, précise la 4e de couverture, reste inchangé depuis Baudelaire : transformer la charogne en bijou, la boue du réel en or de la poésie. »

« Nos fleurs du mal », de Vincent Gelot, illustré par Edmond Baudoin.

Quatre ans de travail

« J’ai débuté voilà quatre ans ce travail de réécriture des Fleurs du mal, nous confie l’auteur, en revisitant entièrement le célèbre recueil de Baudelaire dans le but d’apporter une réponse à cette question : Si Baudelaire écrivait aujourd’hui, à quoi pourrait ressembler Les fleurs du mal de l’homme contemporain ? »

Sensible aux accusations d’immoralité adressées au poète et à son œuvre, l’auteur précise : « Je crois qu’un lecteur attentif de Baudelaire ne serait pas insensible, au-delà des clichés réducteurs qui collent à la peau et le présentent comme un débauché, un fumeur de haschisch et un dandy provocateur, à la portée spirituelle et prophétique de son œuvre, déjà visible dans les titres qu’il donne à certains de ses poèmes : La chute, La beauté, Le progrès. Baudelaire est le poète du péché bien davantage que du vice, ce qui suppose la connaissance d’une clarté plus profonde et la révélation d’un amour blessé. Ainsi, même s’il ne confessait pas directement sa foi chrétienne, le poète avait une conscience aiguë de Dieu. Il souffrait de voir la “religion du progrès” dévorer l’âme de son époque ! »

Pour mémoire

En 4L dans 23 pays d'Orient, il collecte la mémoire des chrétiens

Par la puissance visuelle du travail d’Edmond Baudoin, illustrateur considéré comme une référence de la BD alternative, Nos fleurs du mal témoigne d’une expérience artistique atypique et profonde de l’œuvre de Baudelaire, dont on célèbre cette année le bicentenaire de la naissance.

Livre-hommage à un poète qui a marqué son époque et la littérature française, Nos fleurs du mal est un ouvrage singulier, une traversée poétique inédite à travers les noirceurs de l’âme humaine et les méandres d’une modernité équivoque.

Comme le prouve son « road trip » de jeunesse, il y a un côté explorateur et même aventurier chez Vincent Gelot. Son livre est une aventure. Il est à la poésie ce que les manœuvres militaires sont à la guerre : un exercice aussi proche que possible de la brutale réalité. Les inconditionnels de Baudelaire aimeront certainement cet exploit littéraire. Les inconditionnels de la poésie voudront plus, ils voudront voir ce béton brut décoffré et les élégantes et fines nervures du bois apparaître.

« Nos fleurs du mal », éditions La Martinière avec des illustrations d’Edmond Baudoin.

Infatigable pilier du travail humanitaire, Vincent Gelot, responsable de projets pour l’ONG L’Œuvre d’Orient en Syrie et au Liban, s’est déjà fait connaître de la presse en se lançant à 23 ans avec sa Renault 4L dans un périple aventureux et fou à travers 22 pays, de l’Éthiopie à l’Afghanistan, à la rencontre des chrétiens d’Orient. Il en a tiré un beau livre publié...

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Un poete sur le chemin du christ parmi les chretiens du moyen orient

Mounir Sader

13 h 02, le 09 janvier 2022

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Commentaires (1)

  • Un poete sur le chemin du christ parmi les chretiens du moyen orient

    Mounir Sader

    13 h 02, le 09 janvier 2022

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