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Politique - Éclairage

Pourquoi Bassil veut se rendre à Damas

Le directeur de la Sûreté de l’État Tony Saliba s’est rendu récemment à deux reprises en Syrie.

Pourquoi Bassil veut se rendre à Damas

Le président syrien Bachar el-Assad avec Michel Aoun en 2009 à Damas. Photo AFP

Gebran Bassil est déterminé à reprendre le chemin de Damas. Lors de sa dernière allocution, dimanche, le chef du Courant patriotique libre (CPL) l’a affirmé sans ambages : « Si ma visite (en Syrie) peut aider, je suis prêt à le faire, avant même les élections législatives. » Son projet de renouer les liens avec le régime de Bachar el-Assad ne date pas d’hier. À l’été 2018, deux membres du gouvernement Hariri, Hussein Hajj Hassan (Hezbollah) et Ghazi Zeaïter (Amal), s’étaient rendus à Damas pour encourager la normalisation du Liban officiel avec la Syrie. À l’époque, Gebran Bassil avait l’intention de leur emboîter le pas, mais souhaitait le faire de façon discrète. « Le régime syrien avait refusé, conditionnant la rencontre à un registre officiel », commente un responsable du Hezbollah, ayant requis l’anonymat.

Le leader chrétien n’était pas encore sous sanctions américaines et un tel périple dans la Syrie des Assad aurait pu avoir pour lui des conséquences négatives. Le camp présidentiel maintenait toutefois des contacts avec le régime syrien via l’ancien ministre Pierre Raffoul. Quelques mois plus tard, le chef du CPL ne cachait plus ses desseins. Dans un discours indiciaire, prononcé à l’occasion de la commémoration du 13 octobre 1990, date de l’éviction de Michel Aoun du palais de Baabda, il affirmait « vouloir se rendre en Syrie pour que les (réfugiés) syriens y retournent ». L’éclatement du soulèvement populaire le 17 octobre a néanmoins bouleversé ses plans.

« Aoun ne peut pas, mais Bassil peut le faire »

La situation a depuis largement évolué. Placé sur liste noire américaine, Gebran Bassil a beaucoup moins à perdre. Son parti est isolé, ayant pour seul allié le Hezbollah avec qui les relations sont en dents de scie, et il a besoin d’appui externe. L’ancien occupant, celui contre lequel son beau-père Michel Aoun avait combattu lors de sa « guerre de libération », semble être un appui de taille à ses yeux. Selon des informations obtenues par L’OLJ, le chef de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, et le directeur de la Sûreté de l’État, Tony Saliba, ont joué ces derniers mois les intermédiaires entre Baabda et le régime syrien. Tony Saliba a même effectué deux visites à Damas afin de préparer celle de Gebran Bassil, a appris L’OLJ auprès d’une source sécuritaire. La date de la rencontre n’a pas encore été fixée.

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Le principal objectif de M. Bassil, selon un responsable du CPL, est de « réaliser des progrès sur le dossier des réfugiés ». Le Liban compte plus d’un million de réfugiés syriens et le CPL a fait de leur retour l’un de ses sujets de prédilection. Le camp présidentiel pense pouvoir gagner des points au sein de l’opinion chrétienne s’il parvient à obtenir des engagements du régime à ce sujet. Mais d’une part, la majorité des réfugiés ne souhaite pas rentrer tant que Bachar el-Assad est au pouvoir, pour des raisons essentiellement sécuritaires ; d’autre part, le régime lui-même ne montre aucune volonté de les « récupérer », malgré la pression de son parrain russe. « Il s’agira aussi de discuter du renforcement de la coopération commerciale et agricole entre les deux pays dans une vision incluant le Liban, la Syrie, l’Irak et la Jordanie », ajoute le responsable du CPL.

Le président et son gendre sont convaincus que le régime syrien va faire son retour sur la scène régionale, en normalisant ses relations avec les autres pays arabes. La Jordanie a effectivement sauté le pas et les Émirats arabe unis font le forcing dans ce sens. C’est dans cette perspective que le camp aouniste souhaite renforcer ses liens avec le régime. « Aoun ne peut pas rencontrer Assad en personne, compte tenu de la position des Occidentaux, mais Bassil, déjà sous sanctions US, peut le faire », dit un habitué du palais. Le chef du CPL fait aussi un autre calcul. « Il cherche une autre couverture, alors que celle que lui donne le Hezbollah s’effrite », dit un homme politique de premier plan, opposé au camp aouniste.

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Dans la perspective de la course à la présidentielle, Damas pourrait avoir son mot à dire. « Bassil a peur qu’Assad soutienne la candidature de Sleiman Frangié (NDLR : son allié de longue date) et l’écarte dès le départ », dit l’homme politique précité. « Il veut s’assurer qu’il est dans la course », ajoute-t-il. Les détracteurs du chef du CPL l’accusent par ailleurs de vouloir jouer la « carte Assad » contre le président du Parlement, Nabih Berry, ancien favori du régime aujourd’hui en disgrâce à Damas. Le chef d’Amal et le camp présidentiel sont en guerre ouverte depuis des années, guerre qui s’est intensifiée au cours de ces derniers mois.

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Du côté du Hezbollah, on regarde la manœuvre avec circonspection. « Bassil veut traiter les affaires internationales comme les affaires internes. Mais cela n’est pas possible avec le régime syrien », dit un haut cadre du parti. Si Bachar el-Assad pourrait se satisfaire d’endosser à nouveau le costume d’arbitre des affaires libanaises, il le fera certainement à ses conditions qui ne seront probablement pas les mêmes que celles de M. Bassil, surtout que ce dernier n’est pas pour le régime un allié de premier plan.

Gebran Bassil est déterminé à reprendre le chemin de Damas. Lors de sa dernière allocution, dimanche, le chef du Courant patriotique libre (CPL) l’a affirmé sans ambages : « Si ma visite (en Syrie) peut aider, je suis prêt à le faire, avant même les élections législatives. » Son projet de renouer les liens avec le régime de Bachar el-Assad ne date pas d’hier. À...

commentaires (28)

Qu'est-ce qui changerait si Gebran Bassil devenait président de la République? Ne l'est-il pas de facto depuis 2016? S'il devanait président en 2022, on le verrait bien dire, en 2028, "ma khallouna" (On ne nous a pas laissé [travailler]) et jouer à la victime.

Youssef Najjar

20 h 16, le 07 janvier 2022

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Commentaires (28)

  • Qu'est-ce qui changerait si Gebran Bassil devenait président de la République? Ne l'est-il pas de facto depuis 2016? S'il devanait président en 2022, on le verrait bien dire, en 2028, "ma khallouna" (On ne nous a pas laissé [travailler]) et jouer à la victime.

    Youssef Najjar

    20 h 16, le 07 janvier 2022

  • Qu'est-ce qui changerait si Gebran Bassil devenait président de la République? Ne l'est-il pas de facto depuis 2016? S'il devanait président en 2022, on le verrait bien dire, en 2028, "ma khallouna" (On ne nous a pas laissé [travailler]) et jouer à la victime.

    Youssef Najjar

    20 h 16, le 07 janvier 2022

  • Riche idée, et qu'il y reste, l'on entend que Assad recherche des lumières pour lancer la reconstrution de la Syrie "sans budget".

    Christine KHALIL

    14 h 51, le 07 janvier 2022

  • Pauvre type !!

    Bery tus

    13 h 52, le 07 janvier 2022

  • La Syrie et Hezbollah cad l'Iran veulent Frangie allie de longue date et evidement pas une personne sanctionnee par l'Amerique Que Bassil aille en Syrie demander a Bachar une aide pour rapatrier les syriens etablis au Liban , il signera sa mort politique Chretienne au Liban . Sa seule chance est de ramener des centaines de Libanais qui croupissent dans les geoles syriennes , la alors peut etre encore , il aura quelques voix qui s;eleveront en sa faveur LA VERITE: IL EST CUIT ET FINIRA PROBABLEMENT HORS DU LIBAN LE JOUR OU AOUN QUITTERA LA PRESIDENCE CAR IL FINIRA IMMEDIATEMENT EN PRISON AUTREMENT

    LA VERITE

    00 h 50, le 07 janvier 2022

  • La déchèterie de l’histoire fait peau neuve ! De gros travaux d’agrandissement seraient en cours et, une fois n’est pas coutume, une aile dédiée au Liban sera créée ! Faites la queue messieurs dames …

    Ayoub Elie

    22 h 29, le 06 janvier 2022

  • "Cirage pour cirage" l'un reluit l'image de l'autre et l'autre reluit les souliers du premier...

    Wlek Sanferlou

    20 h 21, le 06 janvier 2022

  • M Bassil devrait plutôt revenir à Davos: le vol en jet privé est gratuit si ma mémoire est bonne et le niveau de ridicule déjà au maximum - il n’a donc plus rien à perdre. Tfaddal …

    El moughtareb

    20 h 12, le 06 janvier 2022

  • "Celui qui ne vit que de dessous de table doit savoir ramper, surtout si c'est une table basse." Gregoire Lacroix.

    Sabri

    16 h 35, le 06 janvier 2022

  • Pour sauver sa peau dégoulinante ?

    Wow

    14 h 35, le 06 janvier 2022

  • Bonjour et Merci M Rabie pour vos articles objectifs, patriotes et intelligents. Ils analysent et transmet l'information et les dessous tels qu'ils sont. D'ailleurs, les libanais (la très grande majorité) ne sont pas dupes et reconnaissent la nuisibilité du hezbollah, de la Syrie et surtout des alliés du CPL qui couvre tous les agissements du hezbollah . Ils ne contestent que "mollement" tout récemment. Juste parce que leur base est en opposition avec cette alliance contre nature avec le hezbollah. La base est contre depuis l'explosion du port du Beyrouth mais AOUN et Gendre sont otages de leurs alliés ( syrie et hezbollah) et ne peuvent plus en sortir. Bonne journée.

    LE FRANCOPHONE

    14 h 10, le 06 janvier 2022

  • Je ne répèterai jamais assez, la vision générale et, la synthèse que nous donne Monsieur Mounir Rabih est toujours à propos, avec l’avantage d’être aussi visionnaire. Merci Monsieur. TOUT CA POUR CA ! 15 ans de guerre civile, et plus de 20ans d’occupation du Liban par les Syriens, le cinéma de l’ex général Aoun pour LIBERRER le pays de l’occupant, et en fin de compte ramper devant lui, afin d’avoir son aval pour l’accession à la Présidence de la République d’un individu désavoué internationalement et, intérieurement par la communauté Chrétienne. Il ne faut pas avoir froid aux yeux, pour s’exhiber en secouant le drapeau Libanais souillé du sang de nos Martyrs sacrifiés pour les ambitions de la famille Aoun. Nos Martyrs et à leur tête Rafic Hariri doivent se retourner dans leurs tombes en observant du paradis le gâchis que sont en train de faire Aoun/Bassil/CPL pour garder le pouvoir…Que Dieu tout- puissant, puisse en tenir compte lors de leur jugement dernier ! Vive le Liban Libanais-libre-et-fier ! Amen Amine.

    Le Point du Jour.

    13 h 34, le 06 janvier 2022

  • DORENAVANT JE VEUX USER AUTANT QUE POSSIBLE DES ANIMAUX DANS MES COMMENTAIRES. MAIS LA GENTE ANIMALE SERA MECONTENTE DE SE VOIR COMPARER A DES SOUS ESPECES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 22, le 06 janvier 2022

  • 7A... 7A... 7A... AVEC LE BATON !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 08, le 06 janvier 2022

  • L,ADAGE DIT QUE L,ANE VA A SON ANIER.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 49, le 06 janvier 2022

  • Pourquoi...mais parce que "ceux qui se ressemblent...s'assemblent !" Ces deux-là ne sont que de très mauvais dictateurs, le plus âgé a mené son pays à la catastrophe, le plus jeune est prêt a faire la même chose...pour accéder à un fauteuil pour lequel il n'a pas les qualités requises...comme son beau-papa artificiel...d'ailleurs ! - Irène Saïd

    Irene Said

    11 h 39, le 06 janvier 2022

  • Il nous reste à l’encourager dans sa démarche afin de le voir encore plus humilié. Il a tenté sa chance en voulant diviser les vendus sans succès alors il tente sa chance auprès de leur allié de toujours pour qu’il prenne position pour le sauver le préférant aux mercenaires, alliés de toujours. C’est à se demander si cet énergumène possède toute sa faculté mentale. Même si à l’intention de brader son pays pour s’assoir dans le fauteuil, on lui dit peine veine, ses anciens alliés sont la pour veiller au grain et faire monter la surenchère.

    Sissi zayyat

    11 h 35, le 06 janvier 2022

  • Le lavage de cerveaux est déjà usé jusqu’à l’os. Pas besoin d’en rajouter et on sait qui est en train de l’utiliser pour berner son monde. La preuve en mille des commentaires, bien que très minoritaires, prouvent qu’il a bien fonctionné et continue de faire son effet sur certains qui se veulent détenteurs d’une vérité qui n’en est pas une. A bon entendeur salut. Tant que nous avons des individus qui chantent les louanges des vendus nous ne sommes pas prêts pour sortir de cet enfer. Nous ne les entendons pas lorsque les vendus déclarent ouvertement vouloir saccager le pays et ses institutions en paralysant le pays pour obtenir le déboulonnage d’un juge qui fait son travail. C’est à pleurer.

    Sissi zayyat

    11 h 25, le 06 janvier 2022

  • Quelle décadence de devoir traiter avec un dictateur, qui plus est n'a jamais rien voulu entendre. la principale urgence est de se débarrasser d'un million de bouches à nourrir et à semer la pagaille, or là, notre BASSIL rêve.

    Citoyen

    11 h 18, le 06 janvier 2022

  • Depuis que M. Mounir Rabih a commencé à faire ses articles à L’OLJ, son motif principal, comme celle de LOLJ d’ailleurs, est de s’attaquer à M Bassil. Cela donne moins de crédibilité à ses articles comme à LOLJ. Il faudrait apprendre au lecteur à réfléchir et à analyser correctement pas seulement faire des lavages de cerveau en continu.

    Antoine Safi

    09 h 48, le 06 janvier 2022

  • Il lui restait cette dernière démarche pour tomber en totale disgrâce auprès des régions qui ont souffert dans leurs corps et dans le sang des années d’occupation syrienne. Je rappelle à Monsieur Bassil que la Syrie, quel que soit son régime, ne reconnaît toujours pas le Liban dans sa géographie actuelle et continue à considérer de grandes régions libanaises comme faisant partie de la Syrie

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 27, le 06 janvier 2022

  • Il compte sur le système de rétorsion de triste réalité au Liban pour s’imposer comme président au Liban…

    Zeidan

    08 h 46, le 06 janvier 2022

  • il existe un cagnotte appelée "leetchi", on pourrait en lancer une afin de lui offrir un aller simple....et avec cela un passeport SYRIEN

    C…

    08 h 30, le 06 janvier 2022

  • Il est bien plus honorable pour lui d'exiger de connaître le sort de milliers de prisonniers libanais en Syrie, dont des centaines de soldats qui ont été neutralisés alors que leur chef fuyait le front pour se réfugier à l'ambassade de France.

    Youssef Najjar

    07 h 29, le 06 janvier 2022

  • Si Bassil a besoin du support Syrien pour renflouer sa position en interne, c'est qu'il a déjà perdu la bataille de la souveraineté avant même qu'il ne devienne Président.

    Zovighian Michel

    04 h 36, le 06 janvier 2022

  • “… Pourquoi Bassil veut se rendre à Damas …" - On se le demande. Pour devenir calife à la place du calife? Iznotsogood…

    Gros Gnon

    04 h 01, le 06 janvier 2022

  • Ce que vous oubliez de dire. Oui assad soutiendra Franjieh .non pas uniquement parce que c’est un allié solide. Cependant, sleimane franjieh a grandi à Damas. Gamin, il jouait avec les enfants Assad , sans doute bachar lui-même. Puis, sleimane Franjieh GRAND PERE et HAFEZ EL ASSAD. étaient apparentés par alliance. Leurs épouses l’étaient du moins. Donc c’est une histoire de famille. Pensez-vous que le bassil sera préféré à Franjieh ? Ok Aoun a pu être préféré vu que Aoun représentait quelque chose à l’époque au niveau de la rue chrétienne. Cependant Bassil ? Même lorsque Aoun était au top… Bassil n’était que l’ombre de Aoun. C’est tout. Aujourd’hui, même Aoun… est au plus bas et isolé… même par son seul et unique allié intégriste islamiste. Cette visite en Syrie c’est , effectivement, une couverture syrienne qui passera TRES MAL au niveau des libanais. Ne pas oublier.. Le PSNS … parti syrien plus que libanais… a assassiné BACHIR. L’assassin de Bachir s’était réfugié en Syrie… la base chrétienne du CPL ne lui pardonnera jamais cette visite en Syrie. Sans oublier les soldats et civils libanais capturés au liban et envoyés à MEZZE ou ailleurs en Syrie … et oubliés par ces gens-là.

    LE FRANCOPHONE

    01 h 04, le 06 janvier 2022

  • Jusqu'où ira M. Bassil et sous quelles fourches caudines est-il prêt à passer pour contineur à rêver de la Présidence? Si l'infamie payait des impôs, il serait en faillite, malgré sa "performance" au ministère de l'Electricité...

    Joseph ADJADJ

    00 h 29, le 06 janvier 2022

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