Le groupe parlementaire "Liban fort", dont le Courant patriotique libre de Gebran Bassil est la principale composante, a réitéré, mardi, son soutien au dialogue national demandé par le président de la République, Michel Aoun, autour de sujets épineux tels que la stratégie de défense, le plan de relance d'un Liban en pleine crise économique, et la décentralisation administrative et financière, qui est critiquée par le camp du président de la Chambre, Nabih Berry. À ce sujet, les députés aounistes ont accusé, sans le nommer, le camp de M. Berry de mener une campagne "hypocrite" contre la décentralisation financière.
"Le Liban fort est prêt à participer à la table de dialogue à laquelle a appelé le président de la République pour examiner la décentralisation administrative et financière, la stratégie de défense (les armes du Hezbollah, ndlr) et le plan de redressement, afin d'adopter une approche nationale sur ces trois dossiers, sans lesquels le système politique ne peut pas survivre ou le pays sortir de l'effondrement économique", indique le communiqué publié à l'issue de la réunion hebdomadaire des parlementaires aounistes.
Ces parlementaires se sont indignés de ce qu'ils ont appelé "la campagne hypocrite menée par certains contre la décentralisation, pourtant prévue par le Document d'entente nationale (l'accord de Taëf de 1989). "La décentralisation est un cadre moderne pour la gestion des régions, et elle est liée à une certaine indépendance financière des unités centrales (les cazas et les mohafazats du Liban, ndlr)" ont-ils expliqué.
"La campagne hypocrite contre la décentralisation vise à maintenir l'Etat unitaire et le régime politique actuel, axé sur l'absence de la transparence et la mainmise sur les deniers publics, afin d'en contrôler la distribution dans le cadre d'un partage du gâteau", selon eux. Ils réagissaient ainsi aux propos tenus la veille par le député Ali Hassan Khalil, bras droit du président de la Chambre, Nabih Berry, avec qui les rapports du "Liban fort" sont perturbés. Lors d'une conférence de presse, lundi, M. Khalil avait estimé que les appels en faveur d'une décentralisation administrative et financière sont "dangereux et minent les bases d'un État unitaire".
Dans une autre critique de M. Berry et de son camp, le "Liban fort" a plaidé pour une relance des institutions, notamment du Parlement et du gouvernement qui ne s'est plus réuni depuis le 12 octobre du fait du boycott des ministres du tandem chiite Amal-Hezbollah sur fond de divergences au sujet de l'enquête sur la double explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020. "La présidence de la Chambre est responsable de la productivité du législatif", a souligné le groupe aouniste, rappelant que le Parlement n'a pas tenu de débat général, comme le demande le groupe. Encore une pique en direction de Nabih Berry, à qui appartient la décision de convoquer la Chambre aux séances plénières. "Il est inacceptable que le nombre de séances annuelles du parlement puisse se compter sur les doigts d'une main, et que les projets et propositions de lois ne soient pas soumis au vote de la Chambre", a encore estimé ce groupe.
Les plus commentés
Scène apocalyptique à Nabatiyé : l’aviation israélienne détruit des souks plusieurs fois centenaires
Quand la guerre et le Hezbollah aggravent en apparence les divisions interchrétiennes
Le dossier libanais devant le Conseil de sécurité : une « 1701 plus » en gestation