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Nos Lecteurs ont la Parole

Retour sur un hold-up

Le dollar séquestré dans les banques libanaises est aujourd’hui un droit de retrait d’une certaine somme d’argent en livres libanaises à un taux fixé par le gouverneur de la BDL (ce dollar libanais a été libellé lollar, mais il pourrait aussi bien s’appeler Rollard ou RSollard, en hommage au gouverneur). Ce taux de retrait a augmenté de 3 900 à 8 000 livres libanaises pour un lollar pour un montant de retrait mensuel autorisé.

Cela signifie que la BDL doit imprimer plus de livres libanaises pour satisfaire les retraits qui vont normalement s’intensifier au cours de la période des fêtes. En l’absence d’une augmentation proportionnelle des flux de dollars frais (les vrais dollars américains, ceux que les déposants libanais croyaient détenir avant la découverte de la grande supercherie), la valeur de la livre va continuer à chuter par rapport au dollar frais. Résultat : ce que les déposants ont cru gagner par l’augmentation du droit de retrait, ils vont le perdre en termes de pouvoir d’achat. Mais le vrai problème est ailleurs : les dépôts des déposants ce sont les dettes des banques ; les dépôts des déposants ce sont les dettes de l’État.

Selon le plan de reprise concocté par l’association des bandits du Liban (un réseau imbriqué d’intérêts dont le but est de perpétuer sa mainmise criminelle sur le pays), la phase du grand nettoyage doit s’accélérer. L’équation est simple, supprimer les dépôts en faisant croire aux déposants qu’ils les ont eux-mêmes consommés, cela revient à effacer les dettes des banques et celles de l’État. Dans la phase de reprise de l’économie internationale post-Covid, le Liban serait ainsi le mieux équipé pour rebondir ; bilans des banques et budget de l’État assainis, avec une population obligée de s’exiler en masse pour renflouer les caisses de l’État.

Quel État ? Le FMI exige les réformes suivantes :

1- Monopole des armes.

2- Protection des frontières.

3- Privatisation des établissements publics.

Le pouvoir en place sait très bien que les deux premières conditions sont impossibles à satisfaire. En fait, il est à la recherche d’une légitimité internationale pour initier la privatisation, mais à son propre profit. Avec l’argent transféré à l’extérieur, il pourra acheter tous les biens de l’État et des particuliers aux prix du lollar, c’est-à-dire à 15 % de leur valeur réelle. Ainsi il pourra posséder littéralement le pays, recouvrer une nouvelle virginité et mettre à l’abri sa fortune, sujette à des sanctions à tout moment. C’est le hold-up du siècle.

Sauf que la légitimité ne peut pas exister sans crédibilité et sans justice. Et c’est là le vrai combat : notre argent ou leur argent, sacrifier des millions de personnes pour enrichir quelques centaines ou lutter au nom de la justice. Des pressions doivent se faire à tous les échelons pour solliciter la saisie des fonds transférés à l’étranger après le 17 octobre 2019 et la poursuite de tous les initiés qui ont transféré leur argent à l’étranger et l’ont blanchi dans l’immobilier durant la période où certains de ces mêmes initiés encourageaient les gens à transférer leur épargne au Liban. Les fonds saisis doivent constituer le premier versement dans un fonds souverain pour la relance de l’économie libanaise. Qu’importe le montant, la légitimité exige une action forte et symbolique. Et c’est là la première mesure concrète d’un plan de contrôle des capitaux crédible. Trouvez-vous normal que seuls les propriétaires des banques s’enrichissent alors que les déposants, eux, tombent irréversiblement dans la pauvreté. Cela sans parler de l’état du peuple et du peuple sans État. […].

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Le dollar séquestré dans les banques libanaises est aujourd’hui un droit de retrait d’une certaine somme d’argent en livres libanaises à un taux fixé par le gouverneur de la BDL (ce dollar libanais a été libellé lollar, mais il pourrait aussi bien s’appeler Rollard ou RSollard, en hommage au gouverneur). Ce taux de retrait a augmenté de 3 900 à 8 000 livres libanaises...

commentaires (3)

Adib Y Tohme a tout faux, d'emblee. a ses dires " BDL doit imprimer plus de livres libanaises".. OR c'est archi faux vu que le retrait autorise en LL reste tel quel . ainsi il serait prudent de bien comprendre les circulaires X, Y ou Z afin d'y batir des hypotheses.

Gaby SIOUFI

15 h 22, le 16 décembre 2021

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Commentaires (3)

  • Adib Y Tohme a tout faux, d'emblee. a ses dires " BDL doit imprimer plus de livres libanaises".. OR c'est archi faux vu que le retrait autorise en LL reste tel quel . ainsi il serait prudent de bien comprendre les circulaires X, Y ou Z afin d'y batir des hypotheses.

    Gaby SIOUFI

    15 h 22, le 16 décembre 2021

  • * travailleurs étrangers

    M.E

    11 h 41, le 16 décembre 2021

  • La nouveauté de cette crise est que c'est le secteur public qui a mis tout le monde par terre, comme par un immense impôt (par l'inflation y compris celle qui a touché le "lollar"). Cet impôt-là est une sorte de rattrapage de la subvention de fait due au taux de change fixe et dont de nombreux libanais ont bénéficié au fil des ans. Parmi ceux-ci, ceux qui n'avaient pas de compte en banque (ou d'actions de banques) n'ont subi d'impôt de fait "que" par l'inflation sur leurs revenus, contrairement aux autres qui ont aussi été "imposés" sur leur patrimoine financier local. Mécaniquement, cette crise est donc en grande partie un transfert de richesse des bancarisés (donc surtaxés) vers les non bancarisés (sous-taxés). En tous cas elle l'a été pour la période pré 10/2019 et pendant ces deux dernières années de "subventions". Parmi les non bancarisés, il y a le Hezbollah, mais aussi les travailleurs et les réfugiés, syriens en tête, et les plus pauvres. Voilà pourquoi dans cet immense désordre causé par cet impôt de fait, l'ordre hiérarchique dans la structure du capital des banques (en gros les dépôts avant les actions) n'est plus, malversations et délits d'initiés à part, qu'une donnée légale en partie vidée de signification morale. Faisabilité à part, il n'est donc pas immoral que les surtaxés soient au moins en partie, au moins par respect, compensés par les sous-taxés, donc par une reconnaissance de dette du secteur public envers eux (ventes d'actifs, crédits d'impôts etc).

    M.E

    10 h 54, le 16 décembre 2021

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