La municipalité de Ras Baalbeck impose un couvre-feu et plafonne le salaire des travailleurs syriens

La municipalité de Ras Baalbeck a publié mercredi une circulaire instaurant des restrictions concernant les réfugiés syriens présents sur son territoire, qui impose notamment un couvre-feu de 19 heures à 6 heures du matin et fixe une limite aux salaires journaliers que les employeurs locaux peuvent verser aux travailleurs syriens.

Voici ce que l'on sait :

- Parmi les restrictions énoncées dans la circulaire : les travailleurs syriens masculins ne peuvent plus être payés plus de 40.000 livres libanaises par jour et ils ne peuvent travailler que de 8 à 15h, tandis que le salaire des travailleuses syriennes est limité à  10.000 LL par heure. La décision précise également que les Syriens vivant dans la région ne peuvent pas recevoir de visiteurs de l'extérieur. La circulaire, qui a été publiée sur la page Facebook de la municipalité, est entrée en vigueur mercredi.

- Wadiaa Nabak, porte-parole de la municipalité, a déclaré à L'Orient Today que le plafond salarial avait été fixé "car les travailleurs syriens bénéficient déjà d'une aide internationale et reçoivent dans ce cadre des allocations quotidiennes en dollars de la part de fonds étrangers". "Les règles concernant le couvre-feu et les visiteurs ont été fixées comme mesure pour réduire les incidences de vols dans la région".

- De telles mesures restrictives à l'encontre des réfugiés ne sont pas inhabituelles au Liban. Human Rights Watch a signalé au début de l'année dernière que plus de 330 municipalités avaient imposé des couvre-feux aux Syriens, ce que le groupe a critiqué comme étant "une violation des engagements internationaux du Liban en matière de droits de l'homme et du droit libanais."

- Farah Baba, porte-parole du Mouvement contre le racisme, un groupe qui défend les droits des travailleurs migrants, a déclaré à L'Orient Today que, bien que de telles mesures soient très courantes dans les différentes municipalités du pays, cette déclaration particulière vise directement les réfugiés syriens alors que dans les déclarations précédentes, ils avaient l'habitude de généraliser les décisions en disant "travailleurs migrants".

- Mme Baba a noté que la règle risque de permettre aux employeurs d'exploiter les travailleurs qui ne sont pas protégés par le droit du travail libanais. "Cela entre dans le contexte des efforts systémiques visant à maintenir les réfugiés dans la pauvreté, avant que les autorités ne fassent plus tard des déclarations selon lesquelles elles protègent prétendument les travailleurs libanais", a-t-elle déclaré.

Cet article est une version traduite d'un article paru initialement dans L'Orient Today, le 11 novembre 2021.