Devant les grilles du palais de justice de Beyrouth, plusieurs dizaines d'activistes et de proches de victimes de la double explosion au port de Beyrouth se sont rassemblés jeudi, en signe de solidarité avec le juge Tarek Bitar, en charge de l'instruction sur cette affaire qui, quinze mois après le drame, peine à avancer en raison des pressions politiques.
L'enquête est actuellement suspendue, après que le juge Habib Mezher a accepté une demande de récusation du juge Bitar, déposée par l'ancien ministre Youssef Fenianos. M. Mezher a depuis été lui-même temporairement dessaisi de l'affaire Bitar, après avoir fait l'objet de plusieurs plaintes qui l'accusent de s'être saisi illégalement du dossier. Tarek Bitar a engagé des poursuites contre plusieurs dirigeants et responsables sécuritaires qui tentent depuis, par tous les moyens, d'obtenir sa récusation.
Sur place, devant le palais de justice, les portraits des victimes, tenus par leurs parents, côtoient ceux des responsables politiques et sécuritaires qui tentent d'entraver l'enquête. "Non à la politisation, non à la confessionnalisation", peut-on également lire sur les panneaux brandis par certains activistes. Des médecins du groupe dit des "Blouses blanches" sont également présents sur place afin de soutenir la justice, selon notre journaliste Claude Assaf. "Nous sommes ceux qui ont le plus vu ce qu'il s'est passé le 4 août. Face à un tel crime contre l'humanité, nous ne pouvons pas nous taire et c'est pour cela que nous sommes là aujourd'hui", affirme dans ce cadre le Dr Jean Abi Younès, qui se trouvait à l'hôpital Rizk le jour du drame.
"Ils ne veulent pas la vérité"
Une activiste de l'association Noun indique à notre journaliste sur place, Mohammad Yassine, avoir choisi de manifester d'abord devant la Maison de l'avocat, siège du barreau, voisin du palais de Justice, afin de protester contre "les avocats qui tentent de couvrir les responsables qui veulent empêcher la justice". "Que les accusés se rendent devant le juge afin qu'il puisse les interroger et voir qui est innocent ou coupable", ajoute-t-elle. "Il est devenu évident qu'ils ne veulent pas que la vérité soit découverte", estime cette femme, dont l'organisation avait fait irruption, mardi, dans le bureau du juge Habib Mezher.
"Nous nous tenons aux côtés du juge", affirme de son côté Georges Nader à L'Orient-Le Jour. "Les personnes accusées n'ont pas à vouloir se débarrasser du juge, elles doivent être jugées. Dans notre pays, c'est le monde à l'envers : des accusés essaient par tous les moyens de dessaisir le juge". "Nous voulons que la justice perdure au Liban. Mais si le juge Bitar est dessaisi, cela marquera l'échec de la justice dans le pays", a-t-il poursuivi.
"Nous voulons que l'enquête soit protégée contre les différentes parties politiques qui œuvrent à cacher la vérité et se dérober à leurs responsabilités", a lancé depuis la tribune, au nom des personnes présentes, l'activiste et journaliste Samir Skaff. "Nous sommes venus dire au juge Bitar que son marteau est notre arme contre la propagation des armes dans la rue et lui demander de poursuivre son travail". De son côté, le secrétaire général de l'ordre des avocats, Saadeddine Khatib, a assuré que le barreau "ne laissera pas tomber l'affaire".
On sent un progrès quant à la mobilisation de certains libanais. On ne peut que féliciter le corps médical qui, malgré les circonstances douloureuses qu’ils traversent trouvent le temps d’aller soutenir le juge et la justice de notre pays contrairement aux autres qui se contentent de râler mais ne bougent pas leurs fesses pour réclamer leur dû. Avec les deux pelés cramponnés à leur immunité, ils croient qu’à force de recours ils finiront par avoir gain de cause parque protégés par les barbus, montrons leur que cela n’arrivera jamais grâce à la volonté du peuple qu’on a voulu rendre aphone et paralysé en l’affamant et en l’humiliant. Le retour du bâton ne devrait pas tarder et la peur devrait changer de camps. Et surtout LA JUSTICE DOIT TRIOMPHER. Alors remuez-vous et que ces dizaines de personnes se transforment en dizaines de milliers pour agenouiller ceux qui ont osé nous prendre pour des moutons dociles et nous mener à l’abattoir sans broncher. Notre salut réside dans le refus de se résigner et d’abdiquer alors réveillons mous et allons leur arracher le pouvoir qu’ils ont usurpé pour nous massacrer. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.
12 h 57, le 12 novembre 2021