Rechercher
Rechercher

Économie - Crise

Depuis Amman, le ministre Hajj Hassan annonce des "initiatives" jordaniennes pour aider le secteur agricole libanais

Le président de l'Association des agriculteurs Antoine Hoyek relativise la portée de ces annonces.

Depuis Amman, le ministre Hajj Hassan annonce des

Le ministre libanais de l'Agriculture, Abbas Hajj Hassan. Photo Dalati et Nohra

Le ministre libanais de l'Agriculture, Abbas Hajj Hassan, a annoncé mercredi une "série d'initiatives" lancées par la Jordanie concernant les exportations de produits agricoles libanais, sans toutefois donner plus de détails concernant des projets précis, alors que le boycott des exportations libanaises en Arabie saoudite a aggravé encore plus les répercussions de la crise économique sur les producteurs du pays du Cèdre. "Le royaume hachémite a lancé une série d'initiatives en faveur du Liban et, dans les jours à venir, plus de coopération aura lieu entre Amman et Beyrouth, avec une priorité accordée au secteur agricole", a déclaré M. Hajj Hassan, en visite officielle en Jordanie. Le ministre libanais, accompagné de responsables au sein de son ministère et de celui de l'Economie, s'est entretenu avec le ministre jordanien de l'Agriculture, Khaled Hneifat. Ce dernier a affirmé que Amman encourage la "coopération" entre les deux pays concernant le secteur agricole et notamment une circulation fluide des produits agricoles "dans le cadre de mécanismes" prévus à cet effet. 

Contacté par L’Orient-Le Jour, le président de l'Association des agriculteurs Antoine Hoyek, estime toutefois que ces "initiatives" auront de faibles conséquences sur l‘agriculture libanaise. En effet, selon lui, le ministre a plaidé pour une ouverture du marché jordanien pour écouler une partie de la production de pommes et de raisins. Or, "le marché est de toute façon déjà ouvert. Il ne ferme que pendant la période de récolte locale, pour protéger les agriculteurs locaux", donc pour leur permettre d’écouler leur marchandise dans leur pays, sans subir la concurrence de produits étrangers, une mesure mise en place par de nombreux pays dans le monde, dont le Liban. A la mi-octobre, le Centre de recherches et d’études agricoles libanais (Creal), avait expliqué à L’Orient-Le Jour que "le calendrier agricole, soit les périodes au cours desquelles il est permis d’exporter des pommes en Jordanie, est fixé depuis plus de 15 ans".

Antoine Hoayek indique en outre que le Liban exportait auparavant "70 000 tonnes de pommes par an", presque intégralement vers les pays arabes. Or la Jordanie importe "grand maximum 1 000 tonnes par an. Même si ce montant double ou triple, il reste insuffisant". Il rappelle également qu’avant le confit syrien, qui a débuté en 2011, le Liban avait un accord avec le royaume hachémite, qui exportait des légumes, comme des courgettes et des concombres, et importait en échange des pommes de terre et des fruits, comme des bananes. Or, depuis la difficulté du transit terrestre via la Syrie, les échanges commerciaux ont diminué, et "la Jordanie serait moins intéressé par nos produits", regrette-il.

Pour rappel, le Liban a exporté pour 12,56 millions de dollars de produits agricoles vers la Jordanie (soit 25 743 tonnes) en 2020 selon les chiffres des douanes, alors qu’il a importé 2,89 millions de dollars (1 807 tonnes) du royaume. Concernant les produits d’origine animale, le secteur est bien plus restreint, le Liban n’exportant que 47 tonnes vers la Jordanie (298 000 dollars) et le sens contraire est lui de 52 tonnes (355 000 dollars).

Les agriculteurs libanais souffrent depuis plusieurs mois du boycott des exportations de leurs produits vers Riyad, alors que plusieurs cargaisons de drogues ont été retrouvées dernièrement dans leurs produits. Cette crise des exportations s'est renforcée depuis une semaine avec l'arrêt de tous les échanges commerciaux entre l'Arabie saoudite et le Liban, en raison de la crise diplomatique provoquée par des déclarations polémiques du ministre libanais de l'Information Georges Cordahi. Les exportations libanaises étaient déjà mises à mal pendant plusieurs années par la fermeture des postes-frontière entre la Jordanie et la Syrie, via lesquelles passaient les produits, notamment en direction du Golfe.

Les agriculteurs souffrent, de plus, de la crise de liquidité en devises que subit le Liban depuis deux ans, rendant difficile l’achat d’intrants et de fertilisants.

Le ministre libanais de l'Agriculture, Abbas Hajj Hassan, a annoncé mercredi une "série d'initiatives" lancées par la Jordanie concernant les exportations de produits agricoles libanais, sans toutefois donner plus de détails concernant des projets précis, alors que le boycott des exportations libanaises en Arabie saoudite a aggravé encore plus les répercussions de la crise économique sur...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut