La Chine va bâtir une base pour le Tadjikistan à la frontière afghane

La Chine va ériger une base pour la police du Tadjikistan près de la frontière entre ce pays et l'Afghanistan, a indiqué jeudi une source au sein du Parlement tadjik, sur fond d'inquiétudes sécuritaires depuis le retour au pouvoir des talibans.

La chambre basse du Parlement tadjik a approuvé cette construction dans le district d'Ichkachim, dans la région du Haut-Badakhchan (aussi appelée Gorno-Badakhchan), frontalière de l'Afghanistan, a déclaré à l'AFP cette source parlementaire. "La construction va être intégralement financée par la partie chinoise. Une fois construite, la base sera transférée" aux forces de police du Tadjikistan, a ajouté cette source qui a requis l'anonymat.

La Chine a mis à disposition une enveloppe de 7,3 millions d'euros pour bâtir cette infrastructure, d'après la même source. Interrogé jeudi à ce sujet par l'AFP, le ministère chinois des Affaires étrangères a assuré que Pékin n'avait "pas de bases militaires" en Asie centrale.

Depuis le retour en août des talibans au pouvoir en Afghanistan, les pays de la région s'inquiètent d'un vide sécuritaire pouvant favoriser l'essor de groupes jihadistes. Si d'autres pays d'Asie centrale ont engagé un dialogue avec les talibans, le Tadjikistan refuse tout contact avec les nouveaux maîtres de Kaboul. Le président tadjik, Emomali Rakhmon, a plusieurs fois exprimé son inquiétude devant la multiplication de "groupes terroristes" à sa frontière, appelant le mois dernier à créer "une ceinture de sécurité fiable autour de l'Afghanistan".

Le Tadjikistan, une ex-république soviétique qui compte 9,5 millions d'habitants, a reçu une aide financière des Etats-Unis et de la Chine pour sécuriser sa frontière longue de 1.357 kilomètres avec le territoire afghan. Ce pays accueille aussi une importante base militaire russe et a récemment mené avec Moscou des manœuvres à la frontière afghane.

La Chine partage elle aussi une petite frontière avec l'Afghanistan, mais s'inquiète surtout de l'infiltration d'éléments extrémistes dans sa région orientale du Xinjiang depuis le Tadjikistan. Selon des médias, Pékin dispose d'une installation militaire conjointe avec Douchanbé dans le Haut-Badakhchan, région qui borde le Xinjiang.