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Économie - Procès de la « dette cachée »

Soupçons de scandale au sommet de l’État mozambicain

Agents du renseignement ou fils d’ancien président, tous ont été proches du pouvoir et sont aujourd’hui assis sur le banc des accusés : depuis deux mois, le Mozambique juge 19 responsables d’un des plus grands scandales de corruption du pays, qui inquiète jusqu’au sommet de l’État pour chantage, faux, détournement de fonds et blanchiment pour des montants de plusieurs millions de dollars, dans le scandale dit de la « dette cachée ». L’affaire concerne des prêts secrets de 1,8 milliard accordés par des banques étrangères à des entreprises publiques mozambicaines, et garantis par l’État, officiellement pour des contrats d’équipement en matériel de pêche et surveillance maritime.

La semaine dernière, le Credit Suisse, principal prêteur avec la banque russe VTB, a reçu une amende de 475 millions d’euros. La banque a autorisé des transactions qui « ont servi à monter un système de dette cachée, à verser des pots-de-vin », selon les gendarmes financiers de plusieurs pays où l’argent a transité. Le chef de l’État lui-même, Filipe Nyusi, est mis en cause dans plusieurs témoignages de l’affaire qui remonte à 2013-2014.

À l’époque, le Mozambique connaît la paix depuis deux décennies et s’est finalement relevé d’une guerre civile qui a duré quinze ans. La découverte des plus grandes réserves de gaz naturel d’Afrique subsaharienne au large de ses côtes, en 2010, en fait le chouchou des investisseurs et le FMI table sur une croissance à deux chiffres d’ici dix ans. Mais en 2016, le scandale éclate : l’argent a été emprunté secrètement, sans l’aval du Parlement et dans le dos des créanciers du pays parmi les dix plus pauvres au monde, dépendant de l’aide internationale. Le FMI suspend son aide budgétaire, le Mozambique plonge dans une crise financière sans précédent et tombe en défaut de paiement.

Plusieurs audits indépendants n’ont pu déterminer exactement ce qui a été acheté. Certains des 30 bateaux commandés par la Compagnie mozambicaine de thon (Ematum) à la France, ont bien été livrés. Ils rouillent au port par manque de marins qualifiés, décrit un ancien rapport commandé par le procureur général au Mozambique. Reste qu’une partie de la somme est intraçable. Quelque 170 millions d’euros, sans doute plus, sont partis en pots-de-vin, selon la justice américaine. D’autres procédures sont en cours en Suisse, au Royaume-Uni et en Afrique du Sud. Les ONG s’opposent depuis des années au remboursement de la « dette cachée ». Le procès doit durer encore plusieurs semaines.

Agents du renseignement ou fils d’ancien président, tous ont été proches du pouvoir et sont aujourd’hui assis sur le banc des accusés : depuis deux mois, le Mozambique juge 19 responsables d’un des plus grands scandales de corruption du pays, qui inquiète jusqu’au sommet de l’État pour chantage, faux, détournement de fonds et blanchiment pour des montants de plusieurs...

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