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Moyen-Orient - Reportage

A Téhéran, le terrain de golf voit ses trous grignotés par les constructions

Le terrain de golf de Téhéran a la particularité de posséder non pas neuf ou 18 trous comme partout ailleurs dans le monde... mais 13.


A Téhéran, le terrain de golf voit ses trous grignotés par les constructions

Un golfeur participant à une compétition nationale sur le terran de Téhéran, le 18 octobre 2021. Photo AFP / ATTA KENARE

Polo gris, casquette blanche et lunettes de soleil, Khashayar Tamadon participe au championnat national de golf sur le terrain de Téhéran ayant la particularité de posséder non pas neuf ou 18 trous comme partout ailleurs dans le monde... mais 13. La raison de cette anomalie n'a rien à voir avec la superstition, ni à une erreur de conception de ses initiateurs en 1964. Elle est due au fait qu'après la chute de la monarchie en Iran en 1979, l'aire de jeu a été grignotée de toutes parts par les autorités qui jugeaient le terrain trop vaste pour le nombre limité de joueurs.

"L'Iran est unique et le parcours est à son image : absolument unique", sourit M. Tamadon, un industriel de 44 ans qui fait partie des quelque 300 adhérents, dont une moitié de femmes, du terrain de golf de la capitale. "A sa création, il y avait bien 18 trous mais ceux qui pratiquaient ce loisir n'étaient pas nombreux. D'autres sports et des institutions publiques se sont emparés au fil du temps de pans de terrain. C'est pour cela qu'il n'en reste que 13" aujourd'hui, explique-t-il. Installé au cœur du "Club de la révolution" - qui s'appelait avant la chute du shah le "Club impérial" - dans un quartier huppé de la capitale, le parcours a été notamment amputé par le ministère des Sports et le Comité olympique qui y ont érigé des bâtiments au milieu du gazon. Désormais pour le championnat national, les 90 participants venus de tout le pays effectuent d'abord un parcours de 13 trous puis en rejouent cinq.

Mauvaise réputation 
Troisième du championnat, Saïd Barati, 39 ans et employé par le ministère du Pétrole au Khouzestan (sud-ouest), craint que le parcours ne soit encore amputé à l'avenir car "les responsables sportifs du pays n'ont pas un regard favorable" sur la discipline. "Bien que le golf soit l'un des dix sports les plus populaires au monde et qu'il ait 100 ans d'histoire en Iran, il reste l'un des (sports) les moins connus ici", regrette le golfeur, qui espère ne pas perdre ce terrain déjà incomplet".

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Associé aux élites et à l'ancienne classe dirigeante à l'époque de la monarchie, souvent représentées en train de pratiquer cette discipline dans les productions cinématographiques, "le mot golf a mauvaise réputation" en Iran, reconnait Amir Zoveini, chapeau gris vissé sur la tête et gant en cuir bleu à la main gauche. Mais "c'est oublier que ce sport a commencé dans le sud du pays et que la majorité des joueurs travaillaient dans des compagnies pétrolières", explique en tirant son charriot ce producteur de cinéma de 43 ans. "Ce sont les Britanniques qui l'ont introduit" au début du XXe siècle, quand ils se sont appropriés les champs de pétrole du sud du pays, explique-t-il. "Les employés iraniens sont devenus caddies, puis ont appris ce jeu et l'ont pratiqué" même après la nationalisation du pétrole iranien en 1951 et le départ des Anglais, affirme M. Zoveini, rejetant de fait le terme de "sport de l'élite".

Formation de joueurs 
Il craint désormais que son aire de jeu à Téhéran disparaisse, "car elle se trouve sur un énorme terrain, un emplacement de premier choix". Le golfeur soupçonne aussi la Fédération de vouloir construire un bâtiment sur le green numéro 18 plutôt que d'investir dans la formation d'une nouvelle génération de joueurs.

"Faux", rétorque Hamid Azizi, le président de l'instance nationale. La Fédération a bien l'intention de "former les 3.000 inscrits, hommes et femmes, à travers le pays", précise-t-il. En Iran, le parcours de golf est un espace mixte. Faute d'espace, elle va donc construire un bâtiment pour cette "académie nationale" qui sera positionné "en dehors du parcours de golf" de Téhéran, veut rassurer M. Azizi. Le terrain numéro 18 sera utilisé comme lieu de compétition pendant les tournois et comme lieu d'entraînement et de formation en dehors des compétitions", ajoute-t-il. "Le golf en Iran a le potentiel pour devenir l'un des sports les plus populaires", promet-il. 

Polo gris, casquette blanche et lunettes de soleil, Khashayar Tamadon participe au championnat national de golf sur le terrain de Téhéran ayant la particularité de posséder non pas neuf ou 18 trous comme partout ailleurs dans le monde... mais 13. La raison de cette anomalie n'a rien à voir avec la superstition, ni à une erreur de conception de ses initiateurs en 1964. Elle est due au fait...

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