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Humanitaires d'Acted assassinés en 2020 : 11 suspects en détention au Niger

Humanitaires d'Acted assassinés en 2020 : 11 suspects en détention au Niger

La carcasse de la voiture des humanitaires après l'attaque dans la réserve de Kouré (Niger), le 21 août 2020. Photo d'archives AFP

Logisticiens, guetteur, donneur d'ordre intermédiaire: onze personnes, soupçonnées d'avoir participé à l'assassinat de six humanitaires français, leur guide et leur chauffeur nigériens en août 2020, ont été arrêtées au Niger ces derniers mois et placés en détention.

Parmi ces onze suspects figurent au moins un des guetteurs et un donneur d'ordre intermédiaire, a indiqué vendredi à l'AFP une source proche du dossier. Les autres appartiennent à deux cellules logistiques démantelées à Niamey, la capitale nigérienne, et dans un village proche de la réserve de Kouré, où le véhicule de l'ONG avait été pris en chasse par trois hommes armés à motos, a-t-elle précisé. L'arrestation de ces onze personnes a été confirmée à l'AFP par une autre source proche du dossier. Les trois assaillants ont été identifiés mais n'ont pas été retrouvés, a souligné l'une des sources. Les onze suspects ont été arrêtés entre août 2020 et février 2021 au Niger, puis présentés à un juge nigérien qui a ordonné leur placement en détention, a-t-elle ajouté.

Le chef du groupe Etat islamique (EI) au Sahel, Adnan Abou Walid al-Sahraoui, avait "personnellement ordonné" cette attaque, avait annoncé le 16 septembre la ministre des Armées, Florence Parly, révélant qu'il avait été tué mi-août par la force Barkhane dans la région des trois frontières (Mali, Niger et Burkina Faso).

Dans la matinée du 9 août 2020, le 4X4 des six travailleurs humanitaires, accompagnés d'un chauffeur et d'un guide nigériens, a été pris pour cible par trois hommes armés circulant sur deux motos, alors qu'ils visitaient la réserve de girafes de Kouré.

Installés à Niamey depuis quelques semaines ou quelques mois, les travailleurs humanitaires - quatre femmes et deux hommes âgés de 25 à 31 ans - avaient planifié quelques jours plus tôt cette excursion dans la réserve, située à 60 km au sud-est de la capitale. Une jeune femme, qui était sur le toit, pratique courante pour mieux observer les girafes, était tombée du véhicule. Elle a ensuite été égorgée. Les cinq autres humanitaires, leur guide et leur chauffeur, 50 ans tous les deux, ont été exécutés par balles.

"Sérieux de l'enquête" 

Les trois assaillants ont ensuite incendié le 4X4 avant de prendre la fuite vers le nord. L'attaque avait été revendiquée par l'EI un mois plus tard. Avant cette attaque, la réserve de Kouré, connue pour abriter les derniers troupeaux de girafes peralta, était habituellement fréquentée par des touristes, des éleveurs et des cultivateurs. Aucun problème de sécurité n'avait jusqu'alors été signalé dans ce sanctuaire d'environ 116.000 hectares non clôturés, mais des témoins avaient évoqué la présence, depuis plusieurs mois avant les faits, d'hommes armés à motos, selon des documents d'enquête consultés par l'AFP.

Le Niger, pays sahélien très pauvre, est en proie depuis une dizaine d'années à des actions jihadistes qui ont fait des centaines de morts. L'enquête menée conjointement par la France et le Niger a révélé que l'ONG n'était pas visée et qu'il s'agissait d'une "attaque d'opportunité", avait précisé une autre source proche du dossier.

Les auteurs de l'attaque étaient sur place pour l'un d'entre eux depuis trois jours et pour les deux autres depuis deux jours, selon l'enquête des policiers nigériens. Selon une source proche, ces derniers ont mené "des investigations fouillées sur le terrain", multipliant les auditions. L'un des guetteurs, positionné sur la route reliant Niamey à Kouré avait pour mission de signaler "le premier véhicule de blancs", a-t-elle précisé.

Deux des trois magistrats antiterroristes français, chargés depuis le 25 août 2020 d'une information judiciaire pour "assassinats en relation avec une entreprise terroriste", ont reçu pendant plus de trois heures les familles des victimes le 11 octobre. A l'issue de cette rencontre, "les familles ont salué la qualité du travail mené, le sérieux de l'enquête", a rapporté l'un des avocats des parties civiles, Me Joseph Breham. "Il reste des zones d'ombre, mais nous avons eu des réponses à quasiment toutes les questions".

Logisticiens, guetteur, donneur d'ordre intermédiaire: onze personnes, soupçonnées d'avoir participé à l'assassinat de six humanitaires français, leur guide et leur chauffeur nigériens en août 2020, ont été arrêtées au Niger ces derniers mois et placés en détention.
Parmi ces onze suspects figurent au moins un des guetteurs et un donneur d'ordre intermédiaire, a indiqué vendredi...