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Moyen-Orient - Éclairage

L'Iran se fait plus discret en Syrie

Soumises à des pressions multiples, les forces pro-iraniennes se seraient retirées de la zone proche de l’aéroport de Damas pour s’éloigner de la frontière israélienne.

L'Iran se fait plus discret en Syrie

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, et le président syrien Bachar el-Assad, à Damas, le 29 août 2021. Photo AFP

Moscou intensifie la pression sur Téhéran en Syrie. En plus d’avoir relocalisé leur base d’opérations dans l’Est, particulièrement dans la province de Deir ez-Zor, les forces iraniennes ont de nouveau amorcé récemment un retrait de la zone proche de l’aéroport de Damas, après l’avoir réinvestie en 2020, pour se concentrer sur la base aérienne de Tiyas près de Homs, plus éloignée de la frontière israélienne, a rapporté vendredi dernier le quotidien Haaretz.

Selon le média israélien, diverses sources de renseignements occidentales estiment par ailleurs que le nombre de miliciens chiites pro-iraniens présents en Syrie aurait été réduit de moitié, passant de 20 000 à 10 000 combattants, sous la pression conjointe des Syriens et des Russes. « Maintenant que le conflit contre l’opposition syrienne armée est terminé, les Iraniens n’ont pas besoin de maintenir en Syrie une large présence militaire comme en temps de guerre », souligne Nicholas Heras, chercheur au Newlines Institute for Strategy and Policy. « Pour consolider leur présence, les Iraniens travaillent cependant à travers les agences militaires et de renseignement syriennes », précise-t-il. Téhéran a commencé très tôt à établir et former des milices locales qui font encore partie du paysage syrien, notamment les Forces de défense locales aujourd’hui intégrées à l’armée régulière de Damas. « Même si l’on voit que l’Iran retire ses forces, ou une partie de celles-ci, de Syrie, cela ne veut pas dire que l’Iran réduit sa présence militaire ou sécuritaire pour autant », nuance Navvar Saban, chercheur au centre Omran, basé à Istanbul, et au centre Orsam. Selon le Washington Institute, le Hezbollah et d’autres milices chiites pro-iraniennes contrôlaient en février 2021 environ 20 % des frontières syriennes.

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Alors que l’économie iranienne est asphyxiée par les sanctions américaines et que les pourparlers entre Téhéran et Washington sur le nucléaire iranien en vue de le raviver pourraient reprendre prochainement, les critiques en interne fusent contre la République islamique. S’il est difficile d’évaluer le coût de son implication en Syrie, les estimations varient entre 30 et 105 milliards de dollars – des coûts en ligne de mire du mouvement de contestation qui a secoué l’Iran entre 2019 et 2020–, en plus des autres opérations de Téhéran et de ses supplétifs dans la région. L’administration de Joe Biden a également fait savoir qu’elle souhaitait, à terme, élargir l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 aux missiles balistiques de la République islamique et à ses activités régionales– une ligne rouge aux yeux de Téhéran.

Moins visible

Des opérations également dans le viseur de l’État hébreu, qui a mené des milliers de frappes aériennes contre des installations militaires syriennes, des bases pro-iraniennes ou des stocks d’armes supposées être destinées au Hezbollah depuis 2011– qu’il ne revendique cependant que très rarement. Samedi dernier, l’Iran a par ailleurs accusé un nouveau coup en Syrie avec l’assassinat par balle de l’ancien parlementaire syrien Midhat Saleh, décrit dans la presse israélienne comme un contact iranien ayant aidé à fomenter des attaques contre Israël du plateau du Golan. En Syrie, les Iraniens ont cependant développé leur « soft power » économique et social en investissant dans le secteur immobilier, en renforçant les liens bilatéraux entre les deux pays ou encore en ouvrant des centres culturels. La présence iranienne devient certes moins visible, mais cela ne signifie pas pour autant qu’elle est moins influente. Cette position est vue d’un mauvais œil par le parrain russe de Damas, qui souhaite restreindre la capacité de Téhéran de créer davantage d’instabilité en Syrie et de mettre à mal les intérêts de Moscou tant sur le terrain que sur le plan diplomatique. « L’Iran était conscient que les Russes et même, à un certain degré, le régime syrien, ou du moins certaines figures du régime, feraient pression sur lui pour retirer ses forces et réduire sa présence militaire et sécuritaire en Syrie », indique Navvar Saban.

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Fort de l’appui fourni par les forces iraniennes et leurs supplétifs depuis les débuts de la guerre en Syrie, combiné au soutien aérien russe à partir de 2015, Damas a néanmoins intérêt à prendre ses distances avec Téhéran dans sa quête de légitimité sur la scène internationale. « La présence iranienne vise désormais à transformer la Syrie en un autre terrain d’affrontement pour combattre les Israéliens dans une guerre future», observe Nicholas Heras, un pouvoir de nuisance dont se passerait bien la Syrie qui cherche à normaliser ses relations avec les pays arabes voisins– à l’instar d’Amman, qui a récemment repris langue avec Damas, ou encore des Émirats arabes unis, qui ont rouvert leur ambassade dans la capitale syrienne en 2018 –, estimant que le retour de la Syrie dans le giron arabe est « essentiel ». Bien que le secrétaire d’État américain Antony Blinken ait réaffirmé mercredi dernier lors d’une conférence de presse que les États-Unis n’ont pas l’intention de soutenir des efforts de normalisation des relations avec le président syrien, un officiel américain cité au début du mois par le Washington Post a admis que l’administration Biden ne cherchera plus activement à empêcher d’autres pays de coopérer avec Damas, sauf si la loi l’y oblige. Cette thèse est appuyée par l’accord trouvé pour acheminer du gaz égyptien jusqu’au Liban, en passant par la Jordanie et la Syrie, dont le régime de Bachar el-Assad profitera en termes de retombées économiques.

Moscou intensifie la pression sur Téhéran en Syrie. En plus d’avoir relocalisé leur base d’opérations dans l’Est, particulièrement dans la province de Deir ez-Zor, les forces iraniennes ont de nouveau amorcé récemment un retrait de la zone proche de l’aéroport de Damas, après l’avoir réinvestie en 2020, pour se concentrer sur la base aérienne de Tiyas près de Homs, plus...

commentaires (2)

"L'Iran se fait plus discret en Syrie"... Pas assez discret dirait l'autre tant qu'à chaque attaque israélienne, qui se font fréquemment, des affiliés ou groupies de l'Iran se font élevés au statut de martyrs à part ceux renvoyés au statut intermédiaire de blessés divins... entretemps kaching, kaching pour leurs leaders ou sponsors...car sans martyrs on ne peut justifier le salaire de leader...

Wlek Sanferlou

15 h 29, le 19 octobre 2021

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Commentaires (2)

  • "L'Iran se fait plus discret en Syrie"... Pas assez discret dirait l'autre tant qu'à chaque attaque israélienne, qui se font fréquemment, des affiliés ou groupies de l'Iran se font élevés au statut de martyrs à part ceux renvoyés au statut intermédiaire de blessés divins... entretemps kaching, kaching pour leurs leaders ou sponsors...car sans martyrs on ne peut justifier le salaire de leader...

    Wlek Sanferlou

    15 h 29, le 19 octobre 2021

  • la politique américaine perd toujours , c'est déjà une coutume

    Chucri Abboud

    13 h 56, le 19 octobre 2021

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