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Moyen-Orient - Éclairage

Entre Riyad et Téhéran, le rapprochement s’accélère

Cité par le « Financial Times », un officiel saoudien a déclaré hier que Riyad envisageait la réouverture du consulat iranien à Djeddah.

Entre Riyad et Téhéran, le rapprochement s’accélère

Les drapeaux iranien et saoudien. Joe Klamar/Ozan Kose/AFP

Le rapprochement entre Riyad et Téhéran semble s’accélérer. Dans un article paru vendredi dans le quotidien britannique Financial Times, un responsable saoudien déclarait, sous le couvert de l’anonymat, que « Riyad envisageait d’autoriser la réouverture du consulat iranien dans la ville portuaire de Djeddah », précisant cependant que « les discussions n’avaient pas suffisamment progressé pour restaurer des relations diplomatiques complètes ». Ces déclarations s’inscrivent dans la continuité des révélations distillées au cours de ces derniers mois dans la presse internationale, selon lesquelles une première rencontre secrète entre des responsables iraniens et saoudiens s’est déroulée à Bagdad le 9 avril dernier. D’abord niée par les deux parties, des sources officielles irakiennes avaient confirmé la tenue de cette réunion, fruit des efforts diplomatiques du Premier ministre irakien, Moustapha el-Kazimi.

Depuis, quatre autres réunions bilatérales ont suivi au sujet de la guerre au Yémen, où Riyad mène depuis 2015 une coalition militaire pour appuyer les forces gouvernementales du président Abd Rabbo Mansour Hadi dans leur guerre contre les rebelles houthis, soutenus par Téhéran. Enlisés dans le conflit, les Saoudiens souhaitent que Téhéran fasse pression sur les houthis pour trouver une issue à la guerre, tandis que les Iraniens insistent en priorité sur le rétablissement de leurs liens diplomatiques avec Riyad. « Les Iraniens ne semblent cependant pas ouverts sur le dossier yéménite et les Saoudiens hésitent à rétablir simplement les liens diplomatiques sans réel progrès sur les dossiers en suspens », affirme Hussein Ibish, chercheur à l’Arab Gulf States Institute.

Interrogé hier par le FT à ce sujet, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhan al-Saoud, a indiqué que les pourparlers avec l’Iran étaient encore dans leur phase « exploratoire ». « Nous sommes sérieux à propos de ces discussions. Pour nous, ce n’est pas un si grand changement. Nous avons toujours dit que nous voulions trouver un moyen de stabiliser la région », a-t-il affirmé.

Pression maximale

À couteaux tirés depuis 2016, les deux poids lourds de la région ont rompu leurs relations diplomatiques dans le sillage de l’exécution, par le royaume, du cheikh chiite saoudien et opposant au régime, Nimr al-Nimr, et du saccage de représentations saoudiennes qui s’en est suivi en Iran. Face à l’escalade des tensions et l’intensification des attaques de drones et missiles imputées aux houthis contre l’Arabie saoudite, des tentatives de médiation internationale avaient été lancées, notamment par l’intermédiaire du Pakistan, pour tenter de ramener Riyad et Téhéran à la table des négociations. Sans succès.

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L’absence de réaction des Américains face aux attaques sans précédent des installations pétrolières de la compagnie nationale Saudi Aramco à Abqaïq et Khurais en septembre 2019 provoque toutefois un électrochoc dans le royaume. Bien que le royaume soit l’allié principal des États-Unis dans le Golfe, l’épisode est alors révélateur pour les Saoudiens : le parapluie sécuritaire américain s’est fragilisé, mettant en lumière pour Riyad la nécessité d’élargir ses alliances et partenariats. « Les Saoudiens ont réalisé tardivement qu’ils étaient en train de perdre la compétition avec l’Iran, du Yémen à la Syrie », affirme Bruce Riedel, ex-responsable au sein de la CIA et chercheur à la Brookings Institution. Une perception qui s’est renforcée dans la foulée de l’arrivée d’une administration démocrate à la Maison-Blanche cette année, déterminée à rompre avec le blanc-seing accordé aux autocrates du Golfe par Donald Trump, au regard des violations des droits humains. S’exprimant aux côtés de son homologue saoudien en visite hier à Washington, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a toutefois réaffirmé « l’engagement des États-Unis à défendre le royaume ».

Encouragé par Washington, qui souhaite se désengager de la région, le rapprochement entre Riyad et Téhéran intervient également en parallèle de la reprise des négociations pour raviver l’accord sur le nucléaire iranien, dont Donald Trump s’est retiré unilatéralement en 2018 avant de rétablir les sanctions sur Téhéran. Les pays du Golfe, qui ne sont pas inclus dans les négociations, ont notamment manifesté leur souhait de voir l’accord élargi aux missiles balistiques de l’Iran et à ses supplétifs dans la région. Alors que la reprise des pourparlers pourrait être imminente, l’émissaire des États-Unis pour l’Iran chargé des négociations sur le nucléaire, Robert Malley, doit se rendre dans les prochains jours en Arabie saoudite, au Qatar et aux EAU, pour envisager avec ses partenaires régionaux les conséquences d’un potentiel échec des négociations pour revenir à l’accord de Vienne.

Guerre coûteuse

Si le climat régional est à la désescalade depuis ces derniers mois, Riyad et Téhéran ont placé leurs pions en entamant par l’entremise de Bagdad un rapprochement. Si les deux puissances régionales espèrent en tirer des bénéfices économiques, ainsi qu’une stature plus favorable sur la scène internationale, elles ont aussi des intérêts domestiques à calmer le jeu. Dans les deux pays, des voix s’élèvent contre l’engagement militaire et financier de leurs dirigeants sur des théâtres extérieurs. Alors que Téhéran traverse une grave crise économique liée notamment aux sanctions qui lui ont été imposées depuis le retrait américain de l’accord sur le nucléaire en 2018 et que la population a grandement souffert de la pandémie de Covid-19, des critiques fusent au sein de la République islamique contre l’utilisation de ressources que constitue l’implication iranienne en Irak, en Syrie, au Liban et au Yémen. De son côté, « le prince héritier s’est embarqué de manière imprudente dans une guerre coûteuse qui ne profite qu’à Téhéran », affirme Bruce Riedel.

Pour mémoire

Quels réalignements en vue au Moyen-Orient ?

Bien que l’heure semble au rapprochement, certaines divergences pourraient néanmoins difficilement être surmontées. Si les Iraniens parvenaient à convaincre les houthis de s’asseoir à la table des négociations, il n’est pas moins sûr que cela permette de mettre un terme à la guerre au Yémen. En outre, il est peu probable que Téhéran abandonne les milices et groupes armés qu’elle soutient et que l’Arabie saoudite accepte que la République islamique continue de leur fournir armes et missiles balistiques tout en développant son programme nucléaire. « S’il y a réconciliation, ce sera certainement une réconciliation froide et conditionnelle », estime Hussein Ibish.

Le rapprochement entre Riyad et Téhéran semble s’accélérer. Dans un article paru vendredi dans le quotidien britannique Financial Times, un responsable saoudien déclarait, sous le couvert de l’anonymat, que « Riyad envisageait d’autoriser la réouverture du consulat iranien dans la ville portuaire de Djeddah », précisant cependant que « les discussions n’avaient...

commentaires (1)

si l'iran se sent menace par des extremistes sunnites - appelez les comme l'on veut ( hier meme un attentat a vise et tue 40 chiites en afghanistan), SI DONC les iraniens craigent cela, ce sera d'autant plus une raison-de taille celle-ci-qui hateraient le rabibochage irano-saoudien.... leur ferait lacher BEAUCOUP de lest au profit de ces derniers. LE LIBAN DANS TOUT CA ?

Gaby SIOUFI

12 h 04, le 16 octobre 2021

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Commentaires (1)

  • si l'iran se sent menace par des extremistes sunnites - appelez les comme l'on veut ( hier meme un attentat a vise et tue 40 chiites en afghanistan), SI DONC les iraniens craigent cela, ce sera d'autant plus une raison-de taille celle-ci-qui hateraient le rabibochage irano-saoudien.... leur ferait lacher BEAUCOUP de lest au profit de ces derniers. LE LIBAN DANS TOUT CA ?

    Gaby SIOUFI

    12 h 04, le 16 octobre 2021

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