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Dernières Infos - Enquête sur l'explosion au port de Beyrouth

"Nous rejetons les propos de Hoteit, tenus vraisemblablement sous la menace", affirme à L'OLJ l'épouse et la soeur de victimes

Des proches de victimes de l'explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, lors d'une conférence de presse, le 16 octobre 2021. Photo fournie à L'Orient-Le Jour Par Karlen Hitti Karam

Karlen Hitti Karam, mère de deux filles de quatre et trois ans, et sœur de Nagib Hitti, ainsi que l’épouse de Charbel Karam, tous deux pompiers tués lors de l'explosion au port de Beyrouth, s'est désolidarisée des propos tenus par Ibrahim Hoteit, porte-parole des familles, qui a demandé la récusation du juge Tarek Bitar, en charge de l'enquête. M. Hoteit a tenu ces propos dans une vidéo diffusée vendredi soir, provoquant un tollé parmi les familles qui soupçonnent qu'il a été menacé.

"Ibrahim, nous le connaissons bien. Il ne parle pas comme cela d'habitude", raconte la jeune femme à L'Orient-Le Jour. "Nous n'arrivons pas à le joindre depuis ce matin. Le communiqué qu'il a lu n'a pas été préparé en coordination avec les familles, alors que d'habitude, aucun communiqué n'est publié sans coordination entre nous", explique-t-elle au téléphone. "Nous n'adoptons pas les propos qu'il a tenus. Nous sommes avec le juge Bitar", insiste-t-elle. "Nous ne faisons confiance à personne et nous attendons de pouvoir communiquer avec Ibrahim Hoteit pour en savoir plus. Ibrahim est comme notre frère. S'il a décidé de faire scission du collectif des familles et qu'il réclame vraiment le départ du juge Bitar, cela serait très regrettable", ajoute-t-elle.

Le Hezbollah et ses alliés exigent le départ du juge Bitar qui, malgré de fortes pressions, veut poursuivre plusieurs responsables dans son enquête sur l'explosion au port de Beyrouth du 4 août 2020, qui a fait plus de 200 morts. Mais les responsables politiques refusent d'être interrogés, même si les autorités ont reconnu que les énormes quantités de nitrate d'ammonium qui ont explosé avaient été stockées au port pendant des années sans précaution. Jeudi, la situation a explosé dans la rue, lorsqu'une manifestation contre M. Bitar devant le palais de Justice à Beyrouth a dégénéré en affrontements armés à Tayouné, entre miliciens du Hezbollah et d'Amal, d'un côté, et d'autres postés dans les quartiers chrétiens adjacents, d'un autre côté. Ces affrontements ont fait sept morts et 32 blessés, dont certains sont dans un état critique et font craindre d'autres dérapages sécuritaires. La manifestation de jeudi s'est produite après que la Cour de cassation a rejeté des plaintes de députés et ex-ministres à l'encontre de M. Bitar, lui permettant de reprendre ses investigations.

Réagissant à la vidéo d'Ibrahim Hoteit, les familles des victimes ont tenu samedi une réunion. Dans un communiqué publié par la suite, les familles ont affirmé qu'elles "ont confiance dans le juge Bitar, elles et Ibrahim Hoteit qui a toujours tenu un discours dans ce sens". "Il semble que les derniers événements l'ont poussé à publier son dernier communiqué, qui nous étonne en tant que familles", poursuit le document. "La prise de position d'Ibrahim Hoteit ne nous représente pas du tout. Nous maintenons notre confiance dans le juge Bitar (...)", conclut le communiqué des familles.

Dans ce contexte, la chaîne LBCI rapporte samedi que le magistrat Bitar sera entendu mardi par le Conseil supérieur de magistrature "afin qu'il exprime son avis au sujet de l'enquête en cours sur l'explosion au port". 

Karlen Hitti Karam, mère de deux filles de quatre et trois ans, et sœur de Nagib Hitti, ainsi que l’épouse de Charbel Karam, tous deux pompiers tués lors de l'explosion au port de Beyrouth, s'est désolidarisée des propos tenus par Ibrahim Hoteit, porte-parole des familles, qui a demandé la récusation du juge Tarek Bitar, en charge de l'enquête. M. Hoteit a tenu ces propos dans une...