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A l'issue d'un séminaire de ses députés, Bassil fait le point et réclame l'unification du taux de la livre


A l'issue d'un séminaire de ses députés, Bassil fait le point et réclame l'unification du taux de la livre

Le groupe parlementaire aouniste réuni dans un couvent de Beit Meri, dans le Metn, pour un séminaire de travail, le 12 octobre 2021. Photo ANI

Le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) Gebran Bassil a fait le bilan mardi du séminaire de son groupe parlementaire à Beit Meri, consacrée aux "priorités de sauvetage" et au plan de travail pour sortir le Liban de la grave crise dans laquelle il est plongé depuis deux ans. M. Bassil a notamment réclamé une unification du taux de change de la livre libanaise dénonçant un "massacre".

Au cours de cette journée, les députés du groupe aouniste ont notamment discuté des projets et propositions de loi à développer au cours de la période à venir. Les priorités établies par le CPL se divisent en cinq axes principaux :

1. Le plan de redressement financier et les lois requises pour le mettre en application 

Le gouvernement Mikati examine actuellement un plan de redressement, qui devrait être présenté rapidement en Conseil des ministres, parallèlement à la reprise des négociations qui doivent être menées avec le Fonds monétaire international (FMI) pour tenter d'obtenir des aides.

"Le plan de redressement financier doit être développé et mis à jour", a affirmé Gebran Bassil soulignant que "ce qu'il faut, c'est répartir les pertes et ce processus est une question souveraine décidée par le Liban. Il est vrai que c'est un processus douloureux, mais il ne peut pas être caché au peuple libanais". Il a aussi estimé que "l'économie doit être stimulée et transformée en une économie productive". "Un plan global pour les transports et l'énergie doit être approuvé", a-t-il poursuivi soulignant qu'il fallait "développer des systèmes de sécurité sociale et de soins de santé".

2. Le filet de sécurité sociale

Plusieurs projets d'aides sociales ont été discutés au cours des derniers mois, sans toutefois qu'aucun ne voit jusqu'à présent le jour officiellement. Le gouvernement précédent avait développé l'idée de la distribution d'une carte d'approvisionnement aux familles les plus défavorisées, leur permettant de recevoir un montant mensuel leur permettant de faire face à l'inflation et à la suppression des subventions sur les denrées de première nécessité. Ce projet avait été officialisé par l'ancien exécutif, mais le nouveau cabinet l'a provisoirement suspendu, le temps de résoudre certaines questions concernant notamment son financement et ses modalités de distribution. Un autre projet, financé par la Banque mondiale et qui devrait aussi permettre de venir en aide à plusieurs centaines de milliers de familles, avait été approuvé par le Parlement, mais il n'a toujours pas été lancé, dans l'attente de plusieurs procédures que doivent accomplir les autorités libanaises, entre autres l'établissement de la liste des bénéficiaires. En attendant, la crise a poussé 78% de la population sous le seuil de pauvreté. 

Au cours de sa conférence de presse, Gebran Bassil a appelé à unifier le taux de change de la livre" dénonçant "un véritable massacre à l'encontre du Liban". "Chaque jour qui passe sans un accord avec le FMI et l'adoption d'une loi sur le contrôle des capitaux, porte atteinte à l'argent des libanais", a-t-il encore dit ajoutant que "l'heure n'est pas aux surenchères". "Nous devons être unis pour mettre fin au processus rapidement car le retard augmente les pertes des déposants", a-t-il mis en garde. "Lever les subventions sans aider les employés du secteur public et les pauvres a entraîné une paralysie de l'État et un ralentissement économique majeur (...) et cela nuit au Liban et s'est produit en raison du retard de la carte d'approvisionnement". Il a dans ce cadre avertit contre "toute tentative de l''annuler".

3. La réforme des finances publiques, la lutte contre la corruption et le budget 2022

La transparence et la lutte contre la corruption font partie des nombreuses réformes réclamées par la communauté internationale pour assurer le déblocage d'aides financières, afin de s'assurer que les montants éventuellement versés soient utilisés à bon escient. Si plusieurs lois ont été adoptées dans ce sens par le Parlement ces derniers mois, la plupart n'a pas encore été appliquée. 

Par ailleurs, le Liban a signé dernièrement un nouveau contrat avec le cabinet Alvarez & Marsal afin d'effectuer l'audit juricomptable de la Banque du Liban, et en principe aussi des institutions publiques. Ce contrat est le second après celui conclu le 1er septembre 2020 pour la même mission, et qui avait été résilié par le cabinet le 27 novembre après que la BDL a refusé de lui fournir une importante partie des documents demandés pour mener à bien sa mission, en se réfugiant derrière la loi sur le secret bancaire. Celui-ci avait été exceptionnellement levé par la Chambre sur les comptes de la Banque centrale et des administrations publiques, pour une durée d'un an expirant dans le courant de décembre. 

M. Bassil a également abordé le dossier de l'électricité. "L'obscurité a dévoilé tous les mensonges précédents. Le plan de base depuis 2010 a tracé la voie vers une solution, et s'il avait été mis en œuvre, nous ne serions pas arrivés ici", a-t-il estimé demandant un audit du ministère de l’Énergie.

4. L'enquête sur les explosions au port de Beyrouth

Plus de quatorze mois après le drame du 4 août 2020, qui a fait plus de 200 morts et détruit une partie de la capitale, l'enquête locale n'a toujours pas donné de résultats concrets et elle est l'objet de nombreuses pressions politiques. 

Le juge chargé de l'instruction, Tarek Bitar, a d'ailleurs dû à nouveau suspendre ses procédures mardi matin après le dépôt d'une nouvelle plainte en dessaisissement déposée contre lui par les députés Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter (Amal). Il a toutefois eu le temps, avant d'être provisoirement écarté, de lancer un mandat d'arrêt contre M. Khalil. Ce dernier est le deuxième responsable visé par un mandat d'arrêt dans ce dossier, après l'ancien ministre des Travaux publics et des Transports Youssef Fenianos. A noter que MM. Zeaïter, Machnouk et l'ancien Premier ministre Hassane Diab, ainsi que plusieurs responsables sécuritaires et judiciaires, sont poursuivis pour "intention présumée d'homicide, négligence et manquements".
Les autorités libanaises refusent par ailleurs le lancement d'une enquête internationale, pourtant réclamée par certains proches de victimes et des organisations de défense des droits humains. 

A ce sujet, Gebran Bassil a affirmé durant sa conférence de presse qu'il faut "soutenir l'enquête, donner toutes les facilités nécessaires , et retirer toutes les immunités".

5. Les législatives de 2022 "selon la loi adoptée en 2017"

Les législatives, attendues au printemps 2022, sont perçues par nombre de Libanais comme un premier tremplin vers le changement des dirigeants au pouvoir accusés de corruption et d'incompétence par une importante tranche de la population. La plupart des partis politiques se sont dits favorables à l'organisation du scrutin le 27 mars en lieu et place du 9 mai, une décision interprétée dans les milieux de l'opposition comme une volonté de couper l'herbe sous les pieds des partis anti-système, qui tardent à s'organiser pour participer au scrutin. Le CPL est opposé à l'avancement de la date du scrutin. 

La participation au scrutin des Libanais de l'étranger a été légalisée pour la première fois en 2008 et exercée lors des législatives de 2018. Si la loi électorale prévoit que les émigrés libanais élisent six députés (un pour chaque continent) les représentant, certains groupes de la société civile et partis réclament qu'ils puissent voter en fonction de leur localité d'origine, pour les 128 membres du Parlement. Le CPL est en faveur de la première de ces options. 

"Nous avons des solutions, des plans et des propositions de loi, mais malheureusement, nous n'aurons pas la capacité de les mettre en œuvre si nous sommes seuls", avait déclaré M. Bassil à l'ouverture du séminaire. "Aujourd'hui, nous ne sommes pas au gouvernement et nous ne pouvons pas prendre sa place, mais nous devons l'aider à sortir le pays de la crise, en œuvrant à adopter, notamment au Parlement, des lois réformatrices", avait-il ajouté.

Le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) Gebran Bassil a fait le bilan mardi du séminaire de son groupe parlementaire à Beit Meri, consacrée aux "priorités de sauvetage" et au plan de travail pour sortir le Liban de la grave crise dans laquelle il est plongé depuis deux ans. M. Bassil a notamment réclamé une unification du taux de change de la livre libanaise dénonçant un...