Âgé de 53 ans, le Dr Patapoutian est un biologiste moléculaire et un neuroscientifique au centre Scripps Research, situé à La Jolla, en Californie. Il a obtenu son doctorat au California Institute of Technology en 1996 et a bénéficié d’une bourse postdoctorale à l’Université de Californie à San Francisco, avant de rejoindre l’équipe de Scripps Research en 2000. Il a été nommé à l’Académie nationale des sciences en 2017 et, en 2020, a été élu à l’Académie américaine des arts et des sciences.
Dans le cadre des recherches qui lui ont valu de remporter le prix Nobel, le Dr Patapoutian a utilisé des cellules sensibles à la pression pour découvrir une nouvelle classe de capteurs qui répondent aux stimuli mécaniques dans la peau et les organes internes.
Quant au Dr David Julius, 65 ans, il a utilisé la capsaïcine, un composant actif du piment qui provoque une sensation de brûlure, afin d’identifier un capteur dans les terminaisons nerveuses de la peau qui réagit à la chaleur. « Ce sont tous les deux des chercheurs incroyables qui ont ouvert les portes de la sensation sensorielle d’une manière totalement unique », a loué Thomas Perlmann, chef du comité Nobel pour la médecine, devant les journalistes.
Étudiant de l’AUB jusqu’en 1986
Le Dr Ardem Patapoutian a suivi une bonne partie de ses études au Liban, puisqu’il a été étudiant en chimie à l’AUB jusqu’en 1986, année durant laquelle il a quitté son pays d’origine pour de bon, fuyant la guerre civile qui faisait rage. « L’AUB est fière qu’Ardem Sarkis Patapoutian, l’un de ses anciens étudiants, ait reçu le prix Nobel de physiologie et de médecine, pouvait-on lire hier sur le compte Twitter de l’université. Patapoutian était étudiant en chimie à l’AUB en 1985-1986, et avait fait partie de la liste d’honneur du doyen, avant d’être obligé de quitter le pays pour fuir la guerre. »
Sur son propre compte Twitter, le lauréat écrit : « C’est une bonne journée pour exprimer sa reconnaissance : envers ce pays (les États-Unis, NDLR) qui m’a donné la chance d’obtenir une excellente éducation et un soutien pour la recherche fondamentale, et envers mes laborantins et mes collaborateurs pour avoir travaillé en partenariat avec moi. » Quant au compte du prix Nobel à Stockholm, il publie une photo du scientifique, au lit en compagnie de son fils adolescent Luca, juste après avoir appris la nouvelle de sa distinction.
Selon une source du parti Tachnag sollicitée par L’OLJ, seuls quelques rares membres de la famille du scientifique résident toujours au Liban, notamment une sœur, actuellement en voyage en Arménie.
« Les émigrés excellent partout dans le monde »
Interrogé par L’OLJ sur son sentiment quand il a appris qu’un scientifique d’origine libano-arménienne avait obtenu une distinction aussi prestigieuse, le député Hagop Terzian, du bloc Tachnag, ne peut réfréner une certaine amertume. « Ceci est la preuve que les émigrés libanais sont excellents à travers le monde. Nous élevons nos jeunes pour les voir partir et faire profiter de leurs talents d’autres nations que la nôtre, s’insurge-t-il. Que faisons-nous pour les retenir ? »
Le parlementaire fait le lien avec les prochaines élections législatives, au cours desquelles, selon la loi de 2017, les émigrés libanais ne pourront voter que pour six sièges et non les 128 du Parlement. « Nous continuons à cantonner autant de Libanais talentueux à six sièges, sans les laisser s’exprimer », s’indigne-t-il, en se déclarant résolument hostile à cette mesure.
commentaires (4)
On lui décerne une médaille d'or, tandis que lui n'a été fier que de son pays l'Amérique, et n'a même pas abordé son origine libanaise. En tout cas, c'est presque la même chose pour une partie d'autres libanais d'origine qui sont partis malgré eux. A ne pas blâmer.
Esber
16 h 03, le 06 octobre 2021