Le président Michel Aoun a souhaité hier une reprise des négociations « indirectes » entre le Liban et Israël sur le tracé de la frontière maritime, suspendues depuis mai 2021 à la suite de nouvelles revendications libanaises. Il a néanmoins dénoncé dans la foulée les nouvelles procédures administratives lancées par Tel-Aviv et préalables au forage pour l’exploitation d’hydrocarbures dans le nord de sa zone économique exclusive (ZEE).
« Le Liban respecte toutes les dispositions de la résolution 1701 de l’ONU, mais tient à conserver sa souveraineté sur ses eaux territoriales et ses ressources naturelles », a affirmé M. Aoun, qui recevait à Baabda la coordinatrice spéciale de l’ONU pour le Liban, Joanna Wronecka. Cette résolution a instauré un cessez-le-feu après la guerre de juillet 2006. Il a dans ce cadre dit souhaiter une reprise des négociations « indirectes » sur la frontière maritime sud. « Nous avons exprimé notre opposition devant le Conseil de sécurité des Nations unies concernant la signature par Israël d’un contrat avec une société américaine pour des explorations offshore parce que cette procédure entrave le futur des négociations parrainées par l’ONU et Washington », a-t-il ajouté. Ces négociations nécessitent que « toutes les opérations de forage soient gelées dans la zone contestée dans l’attente d’une décision », selon lui.
La semaine dernière, Israël a signé un contrat avec l’entreprise américaine Halliburton pour le forage de trois à cinq puits au large d’Israël pour le compte de la société Energean. Sans pour autant préciser la zone dans laquelle seraient creusés ces puits, l’entreprise du secteur énergétique indiquait que l’obtention de ce contrat « fait suite à une campagne réussie de forage de quatre puits dans les champs gaziers de Karish et de Karish-Nord », au large de l’État hébreu. Une zone située au sud de la ligne 23, enregistrée il y a 10 ans auprès de l’ONU comme étant la délimitation d’un triangle de 860 km2 revendiqué par Beyrouth. Mais qui se trouve au sein des 1 430 km2 revendiqués depuis décembre 2020 par l’équipe de négociateurs et l’armée libanaise sur la base d’un rapport de l’Institut hydrographique du Royaume-Uni (UKHO) remontant à 2011. Toutefois, en l’absence d’une signature par le président Aoun de l’amendement du décret 6433/2011 visant à corriger la carte transmise par le Liban à l’ONU en 2011, cette zone relève bien des eaux territoriales israéliennes. Cet amendement, signé en avril dernier par les anciens ministres des Travaux publics et des Transports, Michel Najjar, et de la Défense, Zeina Acar, n’attendait plus que la signature du chef de l’État. Avec la formation du gouvernement Mikati, elle requiert désormais la signature du Conseil des ministres réuni.
C’est dans ce cadre que le ministre des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib a rencontré hier l’ambassadrice des États-Unis, Dorothy Shea. M. Bou Habib s’est également réuni avec l’équipe de négociateurs libanais pour le tracé de la frontière maritime commune entre le Liban et Israël, notamment le président de la délégation, le général Bassam Yassine, ainsi que le colonel Mazen Basbous et Wissam Chbat. Une rencontre qui aura permis aux représentants du comité technique de présenter « leur stratégie et leur vision, partant des données hydrographiques, techniques et légales ». Pour sa part, la diplomatie libanaise a expliqué que la « question est politique » et que « la décision (de tenir compte des données hydrologiques et légales, NDLR) revient au gouvernement, sous l’égide du chef de l’État et du président du Conseil ».
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Déjà le Liban a bradé ses droits après les accords et tracés frontaliers que Berri a établit et que le gouvernement Hariri de l’époque a certifié puisque le Liban a signé des accords de tracé avec Chypre basés sur ces données. Cela fait, Chypre a procédé, de son cote, pour faire de même avec Israël. En raison de l'erreur faite le pays est coince alors que les voisins eux continuent leur train train comme si le Liban n'existait pas. En effet avec le Hezbollah et Aoun a la Présidence, le pays est dans le comma. Puisque Aoun prétend être le chef de la diplomatie, ayant reçu le blanc seing du gouvernement en place, pourquoi n'a-t-il pas ratifié la contestation a présenter a l'ONU ? Tant que ce ne sera pas fait, malheureusement, Israël est dans son droit avec l'assentiment de Aoun et du Hezbollah. Sans actions légales nous perdons notre temps et plus il passe plus il sera impossible au pays de réclamer ou revendiquer quoi que ce soit.
Pierre Hadjigeorgiou
08 h 44, le 24 septembre 2021