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Nos Lecteurs ont la Parole

Cher président élu de nos cœurs

Cher président élu de nos cœurs

À chaque anniversaire de ton élection et de ta disparition, on commémore ta mémoire par des discours, des messes, des fleurs et des pleurs.

À chaque cauchemar on évoque ton rêve, et en ces jours cauchemardesques plus que jamais.

À chaque désillusion on se rappelle ta promesse, ton engagement, ton projet d’un État démocratique, indépendant, laïque, souverain, républicain, un État de droit et de droiture, un État providence, voire un État providentiel, en lieu et place de l’État démentiel d’aujourd’hui.

Pour la 39e fois on se présente à toi un bouquet dans une main et dans l’autre… rien. Ou dans l’autre des souillures, du sang ou des lignes tortueuses : lignes de vie malheureuse, lignes sans cœur, sans tête, lignes de malchance qui mènent nulle part ou à la mort.

Je ne voudrais pas, moi, en cette 39e année du souvenir de ton départ, me présenter à toi avec ce même bouquet fané, avec cette promesse en retour non tenue, avec ces belles redites creuses, avec cette même 39e ritournelle, car j’ai cette étrange impression que ce rituel, devenu folklorique, a fini par t’irriter, et en ce jour plus que jamais.

Je ne voudrais entendre ni les homélies ni même ces prières sorties de certaines bouches hypocrites, malveillantes, qui te louent et qui trahissent ta parole, qui se réclament de ta résistance, qui se disent fidèles à ton message et à ton héritage, et qui se haïssent et s’insultent après avoir divisé ta maison.

Je ne peux plus voir sur le terrain et sur l’écran, pour la 39e année de ton appel à l’unité, à la libanité, à la souveraineté, à la primauté de l’État et de ses institutions, ces soi-disant compagnons d’armes qui ont accaparé ton institution, conclu des accords douteux qui nous ont conduits à un Liban non pas fort, mais mort, qui ont fait de tes forces une faiblesse, uniquement forte par la dictature qu’elle exerce sur son organisation et par le reniement et le rejet de tes anciens compagnons et collaborateurs.

Je ne peux même pas me présenter à toi, en ce 39e rendez-vous, avec de bonnes nouvelles concernant le jugement de la Cour de justice, rendu par contumace le 20 octobre 2017 pour ton assassinat et celui de tes compagnons, resté lettre morte. Je n’ai en main ni mandat d’amener, ni « notice rouge » d’Interpol, ni un ordre d’extradition du lieu bien connu où les assassins ne se cachent même pas.

Force ou faiblesse est de constater que 39 ans plus tard, toi et tes compagnons n’êtes même pas vengés ! Que vos assassins courent toujours, ou plutôt se promènent le long de la frontière en nous faisant un pied de nez !

Comment veux-tu que je me présente à toi ? Que veux-tu que je te dise ? Que les « fidèles » à ton esprit, les marcheurs sur tes pas, se moquent de l’exécution de la sentence comme de l’an quarante ?

Ou bien attendent-ils ton quarantième pour t’annoncer quelque avancement sur le plan national ou judiciaire ?

Laisse-moi me cacher loin de ta face cette année, moins pour moi qui n’y peux rien que pour eux qui peuvent et ne font rien !

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

À chaque anniversaire de ton élection et de ta disparition, on commémore ta mémoire par des discours, des messes, des fleurs et des pleurs. À chaque cauchemar on évoque ton rêve, et en ces jours cauchemardesques plus que jamais.À chaque désillusion on se rappelle ta promesse, ton engagement, ton projet d’un État démocratique, indépendant, laïque, souverain, républicain, un État...

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