Le groupe parlementaire aouniste, dont le Courant patriotique libre, fondé par le président libanais Michel Aoun et dirigé par son gendre, le député Gebran Bassil, est la principale composante, a émis mardi une série de conditions afin d'accorder sa confiance au nouveau gouvernement de Nagib Mikati, formé vendredi après 13 mois sans cabinet effectif.
Selon plusieurs sources, le CPL s'est en fait engagé en coulisses à accorder sa confiance au gouvernement Mikati, un engagement qui aurait permis la mise en place du cabinet.
A l'issue de sa réunion hebdomadaire, le groupe aouniste a d'abord exprimé "son soulagement après la formation du gouvernement à l'issue d'une démarche constitutionnelle suivant laquelle le Premier ministre désigné a respecté son partenariat avec le président de la République, les prérogatives de ce dernier et les normes de la formation". Il a ensuite fait savoir que "l'octroi de confiance dépend du contenu de la déclaration ministérielle", listant une série de points qui devraient y figurer et être mis en œuvre.
Il a d'abord appelé la nouvelle équipe ministérielle à "appliquer le contrat signé avec Alvarez & Marsal au sujet de l'audit juricomptable de la Banque du Liban et de toutes les institutions et administrations publiques". Le Liban avait déjà signé un contrat avec la société internationale en septembre 2020, mais le gouvernement s’était alors heurté au refus de la banque centrale de lui fournir les documents demandés, qui avait invoqué le secret bancaire, argument non recevable pour plusieurs observateurs. Alvarez & Marsal avait finalement jeté l’éponge en novembre et l'État lui a versé en août dernier 150.000 dollars, correspondant à ce que le cabinet pouvait garder dans le cas où il n’aurait pas réussi à obtenir tous les documents requis pour entamer son audit. Celui-ci fait partie des points de réforme demandés par la communauté internationale. Mardi, le ministre sortant de Finances Ghazi Wazni a annoncé que le nouveau ministre Youssef Khalil devrait signer d'ici "deux ou trois jours" le nouveau contrat entre le Liban et Alvarez & Marsal. Le document est toujours examiné par la Cour des comptes alors qu’il reste moins de trois mois et demi avant la fin de la validité de la loi de décembre 2020 permettant la levée du secret bancaire sur les comptes de la banque centrale et des institutions publiques.
Le groupe aouniste a également souhaité que le nouveau cabinet œuvre pour rapatrier les fonds transférés hors du Liban au début de la crise en 2019 et que la loi sur le contrôle des capitaux soit adoptée. Cette proposition de loi avait été finalisée le 7 juin denier, sans pour autant être transférée au Parlement. La formation aouniste a en outre plaidé en faveur de "l'élaboration d'un plan de rétablissement financier et d'une relance des négociations avec le Fond monétaire international" alors que le Liban traverse la pire crise économique et financière de son histoire contemporaine. Elle a aussi demandé que le budget de l'année 2022 "comporte toutes les réformes financières requises". Elle a enfin demandé à encourager "l'industrie productive" afin de réactiver l'économie du pays.
Les plus commentés
Hajizadeh, l'homme derrière l'opération iranienne contre Israël
Une semaine libanaise
La tension monte : lourd bilan pour le Hezbollah