Les activistes syriens arrêtés fin août à Yarzé par les services de renseignements de l’armée, aux abords de leur ambassade où ils se rendaient pour retirer leurs passeports, ne devraient vraisemblablement pas, pour le moment du moins, être expulsés vers leur pays natal. C’est ce que confirmait hier leur avocat, Mohammad Sablouh, à L’Orient-Le Jour. Suite au tollé provoqué par leur arrestation, une lettre du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme adressée à la Sûreté générale, qui les détient dans ses locaux pour « entrée illégale sur le territoire libanais », a mis un frein à leur possible expulsion vers la Syrie (les ONG des droits de l’homme redoutaient qu’un ordre de déportation ait été émis le 5 septembre). Face aux arguments énoncés dans cette lettre, qui font valoir le danger d’un retour en Syrie pour des militants antipouvoir, la SG a choisi de transférer leur dossier au procureur général près la Cour de cassation, le juge Ghassan Oueidate, afin qu’il tranche l’affaire.
Les cinq activistes font partie d’un groupe de six Syriens arrêtés à quelques jours d’intervalle près de leur ambassade à Yarzé. Au moins cinq des six sont des militants bien connus. Toufic el-Hajji, notamment, est un ancien chef d’une faction de l’Armée syrienne libre. C’est lui qui a été interpellé en premier, trois jours avant les autres. Ahmad Ziyad el-Eid, Ibrahim Majed el-Chamri, Mohammad Abdel Ilah Sleiman el-Waked et Mohammad Saïd el-Waked (des cousins) – tous originaires de Deraa à l’instar de Hajji – ont été arrêtés par la suite. Ils sont poursuivis en Syrie pour désertion de l’armée, selon Me Sablouh.
L’urgence, poursuit l’avocat, était d’éloigner le spectre de la déportation. « Il est vrai que le procureur doit encore trancher la question, mais je doute qu’il décide d’expulser ces hommes vers un avenir incertain, surtout qu’une pression mondiale accompagne cette affaire », estime-t-il.
Un seul passeport sur six
Outre le danger d’expulsion momentanément écarté, l’avocat mentionne la question des passeports que ces hommes devaient récupérer auprès de l’ambassade, en vue de quitter le Liban vers d’autres pays. C’était vraisemblablement la raison de leur présence à Yarzé le jour de leur arrestation. « Quand nous nous sommes rendus hier (mardi) à l’ambassade pour demander que leurs passeports nous soient livrés, nous avons été confrontés au refus du personnel, sous prétexte qu’un membre de la famille devait être présent en cas d’absence du principal intéressé, précise Me Sablouh. Nous sommes revenus à la charge aujourd’hui (hier), en présence de membres des familles de trois détenus (les autres n’ont pas de proches au Liban), mais on nous a répondu que le feu vert n’a pas encore été donné en Syrie pour la livraison de ces documents. »
Seul le passeport du sixième détenu, Ammar Kazeh, a été donné hier à son père, qui accompagnait l’avocat. « Ce détenu n’est coupable que d’avoir fui le service militaire, je crois que son père a pu obtenir une concession en sa faveur, explique l’avocat. Son cas est plus ou moins réglé, il pourra quitter le territoire libanais. »
Dans le cas des cinq autres, qui sont des activistes engagés, Me Sablouh n’est pas optimiste. « Je ne crois pas que les autorités syriennes accepteront de leur donner leurs passeports, dit-il. Il est vrai que l’urgence est d’éviter leur expulsion vers la Syrie et d’accélérer leur libération des geôles libanaises, mais il se pourrait qu’ils soient ensuite bloqués au Liban si leurs passeports sont inaccessibles. J’ai déjà demandé aux autorités turques si elles accepteraient de les recevoir sans leurs papiers, et la réponse est négative jusque-là. »
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Pourquoi ne vont ils pas en Iran ou en Arabie Saoudite ?
Nicolas ZAHAR
00 h 02, le 10 septembre 2021