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Culture - Évènement

« This Is Not Lebanon » : le dire par tous les moyens, en gestes et en mots

C’est en collaboration avec le Goethe-Institut Liban, le Frankfurt LAB, le Künstlerhaus Mousonturm et l’Ensemble Modern que le dramaturge Matthias Lilienthal met en place à Francfort un festival consacré aux artistes libanais ou résidant au Liban.

« This Is Not Lebanon » : le dire par tous les moyens, en gestes et en mots

Rabih Mroué dans sa performance « Falling ». © Christian Schuller / courtesy of the Künstlerhaus Mousonturm

Les crises économique, sanitaire et humanitaire ont gravement touché la communauté artistique au Liban. Le festival « This Is Not Lebanon », qui a débuté dans la ville de Francfort le 26 août et qui se prolonge jusqu’au 12 septembre 2021 avant de se déplacer à Beyrouth en octobre 2021, est avant tout l’occasion de découvrir les voix d’une génération émergente d’artistes résidant au Liban, dont la dynamique de création et de production a été sérieusement interrompue. Grâce à la collaboration du Goethe-Institut Liban, du Frankfurt LAB, d’Anna Wagner, artiste et codirectrice du Künstlerhaus Mousonturm, de Jaan Bossier, Uwe Dierksen et Christian Hommel, membres de l’Ensemble Modern, de la curatrice Christine Tohmé et de Rabih Mroué, directeur d’Ashkal Alwan Beyrouth, le dramaturge allemand Matthias Lilienthal a pu mettre en place ce projet. Une plateforme, des studios et toutes les ressources techniques et financières sont accordés aux artistes afin de leur permettre de réfléchir leurs créations et seulement leurs créations. Le festival était précédé de trois semaines de résidence pour encourager l’interaction et les échanges entre les artistes. Il s’est ouvert sur une œuvre en première mondiale de Lawrence Abou Hamdan, artiste jordanien basé au Liban : un essai audiovisuel explorant la relation entre territorialité et violence atmosphérique.


« Movements of a Group » de Ghida Hachicho. © Christian Schuller/courtesy of the Künstlerhaus Mousonturm

La genèse du festival

« Matthias Lilienthal, qui avait longtemps collaboré avec Ashkal Alwan (l’association libanaise des arts plastiques à but non lucratif), secondé par Rabih Mroué (acteur de théâtre et de cinéma libanais, dramaturge et artiste visuel), est à l’initiative de ce projet, raconte Konrad Siller, directeur du Goethe-Institut au Liban, à L’Orient-Le Jour. C’est à partir du premier confinement, en mars 2020, que nous avons commencé avec toute l’équipe à y réfléchir. Il nous a fallu longtemps cogiter d’abord la forme et nous ajuster à la situation, afin de soutenir les artistes et les aider à surmonter la crise économique. » « Trois objectifs furent mis en place, ajoute Siller. D’abord permettre aux artistes de sortir du marasme dans lequel le Liban les avait plongés et produire sans se soucier des considérations techniques et financières, s’octroyer une visibilité à l’étranger et construire des ponts culturels entre l’Allemagne et le Liban. » Le projet répondait à toutes ces demandes. Les artistes ont bénéficié d’une aide considérable du Goethe-Institut en matière de financement pour engager leur équipe, payer leur loyer et ainsi se concentrer sur l’essentiel sans se préoccuper à résoudre des problèmes d’ordre pratique, au moins pour une période de temps. Cinq studios établis dans une ancienne usine de savon étaient mis à leur disposition, un théâtre en plein air pour cause de pandémie a été mis en place, avec une organisation très rigoureuse pour garder la distanciation, ainsi qu’un espace intérieur pour les conférences et les débats.


Konrad Siller, directeur du Goethe-Institut Liban. Photo Loredana La Rocca

« This Is Not Lebanon », this is us

« S’il suggère par son titre une promotion du Liban, ajoute Konrad Siller, le festival n’en est pas un. Il est une opportunité offerte aux artistes pour réfléchir à la situation actuelle de l’art au Liban et de s’exprimer quant à leur futur en tant qu’artistes de ce pays qui n’a plus rien à leur offrir. » Le titre proposé par Rabih Mroué « This Is Not Lebanon » n’invite pas les artistes à représenter ou à décrire leur pays « mais à réfléchir leur devenir », ajoute-t-il. Pour eux, le Liban à l’heure actuelle d’aujourd’hui n’est plus reconnaissable mais ils ne sont pas là pour le revendiquer. L’accent est désormais davantage mis sur les perspectives et les stratégies pour planifier des modèles indépendants de cohabitation future. Les artistes souhaitent d’autres formes d’engagement qui leur permettraient de voir des liens entre la situation au Liban et d’autres parties du monde. Plus d’une trentaine d’artistes ont répondu présents à l’appel dont Lawrence Abou Hamdan, Marwan Arsanios, Ali Eyal, Ghida Hachicho, Sanja Grozdanic, Bassem Saad, Rabih Mroué, Lily Abi Chahine, Nour Abed et Marc Loutfi.

Dans une représentation sur scène, Ghida Hachicho a examiné le comportement des animaux, la dynamique de groupe et leurs stratégies pour survivre, en les comparant à la dynamique des manifestations d’octobre 2019, une réflexion sur la condition humaine et sur la solidarité en période de crise.

Lawrence Abou Hamdan a présenté une recherche sur l’effet du bruit (le vol des avions israéliens, le bruit des moteurs) comme nuisance considérable sur le mental.

« This Is Not Lebanon » rassemble un panel d’approches artistiques pour créer des espaces communs de réflexion, de discours et d’expériences, dans lesquels le mélange complexe de protestation et de dissidence, de perplexité et d’agitation peut être articulé. Il est ainsi possible de réfléchir à un avenir au Liban avec une jeune génération d’artistes engagés.

Les crises économique, sanitaire et humanitaire ont gravement touché la communauté artistique au Liban. Le festival « This Is Not Lebanon », qui a débuté dans la ville de Francfort le 26 août et qui se prolonge jusqu’au 12 septembre 2021 avant de se déplacer à Beyrouth en octobre 2021, est avant tout l’occasion de découvrir les voix d’une génération émergente...

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