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Monde - Éclairage

Ankara et Le Caire consolident un peu plus leur rapprochement

Une délégation égyptienne est arrivée hier dans la capitale turque dans le but de poursuivre les pourparlers engagés en mai dernier pour la première fois depuis 2013 entre les deux puissances et d’aborder les relations bilatérales ainsi que diverses questions régionales.

Ankara et Le Caire consolident un peu plus leur rapprochement

La réunion au siège du ministère égyptien des Affaires étrangères au Caire, lors du premier cycle de pourparlers égypto-turcs, le 5 mai 2021. Khaled Desouki/AFP

Quatre mois après la visite d’une délégation du ministère turc des Affaires étrangères en Égypte – marquant les premières négociations « exploratoires » de haut niveau entre les deux puissances depuis la rupture de leurs liens diplomatiques en 2013 –, un second cycle de pourparlers a débuté hier à Ankara, afin de désamorcer les tensions qui les divisent depuis plusieurs années. Le vice-ministre égyptien des Affaires étrangères, Hamdi Loza, a ainsi été accueilli par son homologue turc, Sedat Onal. L’objectif est d’aborder les relations bilatérales et diverses questions régionales, avaient déclaré les chefs de la diplomatie des deux pays à la fin du mois d’août.

S’étalant sur deux jours, cette visite marque une étape supplémentaire dans les rapports entre Le Caire et Ankara, qui avaient tous deux qualifié de « franc et approfondi » le premier cycle de pourparlers organisé en mai dernier. Elle survient en outre près d’une semaine après un appel téléphonique entre le président turc Reçep Tayyip Erdogan et le prince héritier des Émirats arabes unis (EAU) Mohammad ben Zayed, à la suite d’une rare entrevue organisée à la mi-août à Ankara entre le reïs turc et le conseiller à la Sécurité nationale des EAU, Tahnoun ben Zayed al-Nahyane, et consacrée aux développements bilatéraux et régionaux ainsi qu’aux investissements émiratis en Turquie.

Le rapprochement turco-égyptien s’inscrit dans « les nouvelles dynamiques régionales à l’œuvre pour parler et essayer de trouver des solutions sur certains dossiers sensibles », observe Amr el-Shobaki, chercheur au Centre d’études politiques et stratégiques al-Ahram, affilié à l’État égyptien, en référence au rapprochement initié depuis quelques mois par Ankara avec Le Caire, Riyad et Abou Dhabi. En mai dernier, Reçep Tayyip Erdogan avait également discuté au téléphone avec le roi Salmane d’Arabie saoudite, malgré l’exacerbation des tensions entre les deux puissances à la suite du meurtre en 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul alors qu’Ankara avait pointé du doigt la responsabilité du cercle proche du prince héritier Mohammad ben Salmane dans la sordide opération.

Pour mémoire

Quels réalignements en vue au Moyen-Orient ?

Les tensions entre la Turquie d’une part, et l’Égypte, l’Arabie saoudite et les EAU d’autre part se sont déjà apaisées depuis janvier dernier dans le sillage de la réconciliation entre le Qatar – prônant, aux côtés d’Ankara, une vision régionale basée sur l’islam politique – et les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), après une brouille de plus de trois ans portant sur le soutien de Doha au mouvement des Frères musulmans et sa proximité avec Téhéran. Ce changement de ton faisait plus globalement écho à l’arrivée d’une nouvelle administration américaine désireuse d’ajuster certains objectifs de politique étrangère sur les droits de l’homme.

Positions divergentes

En dépit de la réconciliation entre les pays du Golfe, la question des Frères musulmans reste un dossier brûlant aux yeux du Caire, qui semble vouloir conditionner une réconciliation à la résolution de cette question. Alors que la Turquie avait salué en 2012 l’arrivée au pouvoir en Égypte de Mohammad Morsi, issu de la mouvance islamiste, le coup d’État de juillet 2013 amorcé par le général Abdel Fattah al-Sissi – ayant fait de la chasse aux membres de la confrérie sa priorité – avait mis fin à cette lune de miel. Ankara avait ainsi rompu ses relations avec Le Caire, précédant l’expulsion réciproque de leurs ambassadeurs. Depuis, l’Égypte n’a eu de cesse de dénoncer l’hébergement par la Turquie de plusieurs membres et personnalités des Frères musulmans. En mars dernier, alors que le processus de normalisation avec l’Égypte avait été engagé, Ankara a cependant offert des gages de bonne foi à son rival régional en demandant à plusieurs médias d’opposition égyptiens basés à Istanbul de baisser le ton à l’égard du régime d’al-Sissi. « Depuis le premier round de pourparlers au Caire, la Turquie a contrôlé un certain nombre de ces médias d’opposition. Plusieurs d’entre eux ont continué à diffuser leurs programmes, mais leur incitation à la violence et à la haine a clairement régressé », indique Amr el-Shobaki, pour qui une alliance politique entre Le Caire et Ankara est cependant peu probable au vu de leurs divergences idéologiques. « L’AKP d’Erdogan est à cheval entre sa position idéologique qui soutient l’islam politique dans la région et un certain pragmatisme, selon lequel il est dans l’intérêt de la Turquie et de l’Égypte de se réconcilier », poursuit le chercheur.

Pour mémoire

Les enjeux d’une possible normalisation des relations turco-arméniennes

Au-delà de cette question, les deux pays affichent des positions divergentes sur de nombreux dossiers régionaux, à l’instar de la Syrie, de la Méditerranée orientale et de la Libye, qui partage une frontière commune avec l’Égypte et dont la stabilité est considérée comme un élément essentiel pour la sécurité nationale égyptienne. « Si l’Égypte et la Turquie parviennent à conclure un accord sur le dossier libyen, cela pourrait constituer un grand pas vers la réconciliation entre les deux pays », estime Amr el-Shobaki. Ayant soutenu militairement en 2020 le Gouvernement d’union nationale (GNA), la Turquie s’est trouvée opposée à l’Arabie saoudite, l’Égypte et les EAU, qui ont pour leur part soutenu l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar. Si les tensions se sont cependant apaisées lors de la formation au printemps d’un gouvernement intérimaire d’union nationale en Libye – proche de la Turquie, mais reconnu par la communauté internationale et par l’Égypte –, Le Caire réclame le départ des milliers de mercenaires syriens envoyés par Ankara ainsi que des centaines de soldats à la tête de bases militaires. Les observateurs restent toutefois sceptiques quant à une acceptation turque de ces conditions.

Une partie des discussions devrait également s’articuler autour de la question du gaz en Méditerranée orientale, où Ankara s’est trouvé isolé face à la Grèce et Chypre, qui ont condamné à plusieurs reprises aux côtés de l’Égypte et d’Israël l’aventurisme turc. Soucieuse de faire partie du projet gazier méditerranéen, la Turquie souhaiterait par ailleurs isoler son rival régional grec en se rapprochant de l’Égypte. Le nouveau round de pourparlers organisé actuellement à Ankara survient en outre deux jours après la première rencontre intergouvernementale organisée dans la capitale égyptienne entre Le Caire et Nicosie, à laquelle ont participé le président chypriote, Nicos Anastasiadès, et Abdel Fattah al-Sissi. « Si la rencontre de haut niveau entre la Turquie et l’Égypte est loin d’aboutir à une alliance politique, elle pourrait cependant déboucher sur un accord gazier ou, tout du moins, une amélioration des relations économiques et commerciales entre les deux puissances », estime Amr el-Shobaki.


Quatre mois après la visite d’une délégation du ministère turc des Affaires étrangères en Égypte – marquant les premières négociations « exploratoires » de haut niveau entre les deux puissances depuis la rupture de leurs liens diplomatiques en 2013 –, un second cycle de pourparlers a débuté hier à Ankara, afin de désamorcer les tensions qui les divisent...

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QUAND LE SCORPION EST ENCERCLE PAR LE FEU, APPRENTI MINI SULTAN OTTOMAN ERDO, IL FAIT HARA KIRI. A LA VOTRE.

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 04, le 08 septembre 2021

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Commentaires (1)

  • QUAND LE SCORPION EST ENCERCLE PAR LE FEU, APPRENTI MINI SULTAN OTTOMAN ERDO, IL FAIT HARA KIRI. A LA VOTRE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 04, le 08 septembre 2021

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