Les minotiers mettent en garde contre un arrêt de la production "dès aujourd'hui", faute de mazout

Le Rassemblement des minotiers au Liban a mis en garde mardi contre un arrêt des moulins et d'une production de farine "dès aujourd'hui", faute de mazout, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Cet arrêt éventuel fait craindre une pénurie de pain au Liban où 78% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté.

Dans un communiqué, les minotiers ont annoncé "une pénurie de mazout qui commence à menacer l'ensemble des minoteries d'un arrêt forcé de la production, ce qui provoquerait une crise de la farine". "Nous n'avons pas reçu les quantités nécessaires depuis dix jours en dépit des promesses", ont-ils ajouté avant d'appeler les autorités à leur fournir du mazout.  

Face à la pénurie de carburants qui frappe le Liban depuis plusieurs mois, les minoteries et boulangeries peinent à assurer leur production de farine et de pain arabe, une denrée devenue difficile à trouver sur le marché local depuis plusieurs jours. 

Afin de lutter contre la contrebande et l'accaparement, le ministre sortant de l'Économie Raoul Nehmé a indiqué mardi dans un communiqué avoir demandé aux minoteries qui coopèrent avec l'Office des céréales et de la betterave sucrière de présenter à celui-ci chaque semaine une liste de leur clientèle et des quantités de farine distribuées.

La Banque du Liban (BDL) subventionne les importations de farine au taux officiel de 1.507 livres libanaises pour un dollar, à 100% de leur montant depuis mars 2021. Comme les autres produits subventionnés par la BDL, dont les réserves en devises sont quasi épuisées, la farine n'échappe pas à la contrebande vers la Syrie ou au stockage pour être revendue par la suite plus cher au marché noir. Le prix du pain a fortement augmenté au cours des derniers mois, avec la chute de la monnaie nationale sur le marché de change et l'hyperinflation. Il subit aussi l'impact de la levée progressive des subventions sur les carburants et sur d'autres produits comme la levure, ce qui accroît le coût de sa production et de son transport.