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Politique - Formation du gouvernement

Mikati accuse implicitement Aoun de violer la Constitution

Le Premier ministre désigné écarte toutefois une récusation "pour le moment". 

Mikati accuse implicitement Aoun de violer la Constitution

Le Premier ministre libanais désigné Nagib Mikati lors d'un entretien sur la chaîne al-Hadath, le 27 août 2021. Capture d'écran al-Hadath

Au moment où les tractions gouvernementales entre le chef de l'Etat libanais, Michel Aoun, et le Premier ministre désigné, Nagib Mikati, semblent toujours être parsemées d'embûches, ce dernier a assuré vendredi que sa récusation n'était "pas à l'ordre du jour", accusant toutefois "certaines parties", en référence implicite au président et à son camp, de violer la Constitution et l'accord de Taëf alors que la question des prérogatives du président et du Premier ministre désigné dans la mise sur pied du cabinet fait polémique depuis des mois. Les nœuds portant sur l'attribution des portefeuilles de l'Intérieur et de la Justice sont des problèmes qui ont néanmoins été résolus, a encore indiqué le Premier ministre désigné dans un entretien retransmis sur la chaîne al-Hadath, sans se prononcer toutefois sur les velléités prêtées au chef de l'Etat d'obtenir le tiers de blocage.

Pas de récusation "pour le moment"
"La récusation n'est pas à l'ordre du jour jusqu'à présent", a affirmé M. Mikati lors de cet entretien. Il a toutefois précisé que de "très grands nœuds" dont le président Aoun est "bien conscient" entravent sa mission, espérant toutefois pouvoir les dépasser.  Se prononçant à ce sujet, Nagib Mikati a précisé que certaines de ses réunions avec le président Aoun étaient "positives" contrairement à d'autres, indiquant que chacune d'entre elles constituait un "retour à la case de départ", sans donner plus de détails.

"Certaines personnes impliquées dans la formation du gouvernement agissent comme si la Constitution d'avant l'accord de Taëf est toujours en vigueur", a-t-il lancé, dans une critique implicite au président de la République. Selon lui, le Premier ministre désigné doit jouer le "rôle principal" dans la formation du gouvernement car "il est responsable devant le Parlement et le peuple". Ces critiques interviennent au moment où le président Aoun tente d'imposer, selon des informations qui circulent dans la presse, certains noms de ministrables et d'obtenir le tiers de blocage au sein du cabinet. Interrogé au sujet des nœuds qui persistent, notamment les portefeuilles de la Justice et de l'Intérieur, Nagib Mikati a précisé qu'ils étaient "défaits", sans se prononcer toutefois sur la question du tiers de blocage et de la nomination des deux ministres chrétiens flottants. 

Le député de Tripoli a tenu toutefois à souligner l'importance de former un cabinet qui puisse "au moins freiner l'effondrement", le Liban, paralysé par une crise socio-économique inédite depuis presque deux ans, "risquant de disparaître".

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Un 13e round de pourparlers avait eu lieu jeudi entre le PM désigné et le chef de l'Etat, au moment où le pays demeure sans gouvernement actif depuis plus de deux ans dans la foulée de la double explosion meurtrière au port de Beyrouth. M. Mikati avait quitté Baabda sans faire de déclarations, se contentant d'un simple "Inchallah, espérons". Il était censé présenter une mouture complète d'un cabinet de 24 ministres, à raison de huit pour chacun des trois grands ensembles politiques du pays, mais il n'était pas clair si cela a été le cas.  Désigné il y a plus d'un mois, Nagib Mikati avait également exprimé mercredi sa volonté de mener à bien sa mission, mettant en garde contre "plus d'effondrement" si un nouveau cabinet n'est pas formé, alors que dans certains milieux on laisse entendre que le milliardaire sunnite pourrait bientôt jeter l'éponge, tout comme l'ont fait ses prédécesseurs Saad Hariri, en raison de tensions avec le président de la République et son camp, et Moustapha Adib, face aux revendications des différentes parties.

La formation d'un gouvernement capable de mener de sérieuses réformes est une condition sine qua non pour débloquer l'aide financière internationale dont le Liban a grandement besoin. Si la communauté internationale avait fait preuve de fermeté l'année dernière face à la classe politique en place, imposant notamment des sanctions contre plusieurs figures parmi ses rangs, elle semble aujourd'hui en retrait, comme désemparée face à la sourde oreille des dirigeants libanais. Entre-temps, le pays du Cèdre s'enlise de plus en plus dans la pire crise socio-économique de son histoire contemporaine, marquée par une dépréciation vertigineuse de la monnaie locale. Plus de 78% des Libanais sombrent aujourd'hui sous le seuil de pauvreté, alors que leur pouvoir d'achat continue de s'amoindrir considérablement. Les pénuries en série que connait le pays, notamment en matière de carburants, de médicaments et de denrées alimentaires détériore davantage les conditions de vie dans le pays et paralyse moult secteurs.

Critiques contre le juge Bitar
Interrogé au sujet du mandat d'amener émis par le juge d'instruction près la Cour de justice Tarek Bitar, en charge de l'enquête sur la double explosion au port de Beyrouth, à l'encontre du Premier ministre sortant Hassane Diab, M. Mikati a noté qu'il "ne protège pas une personne coupable ou qui a négligé ses devoirs", ajoutant qu'il soutient le juge Bitar mais à condition que l'enquête soit menée "conformément à la loi". "Le mandat d'amener contre le PM (Hassane Diab) a été issu comme si ce dernier était accusé", a-t-il ainsi critiqué. Selon lui, le juge Bitar "a accusé le Premier ministre sortant avant de l'entendre". Le PM désigné a souligné qu'il revient à la Haute cour de juger les présidents et les ministres, appelant le juge Bitar à suivre les normes constitutionnelles.

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Nagib Mikati a par ailleurs affirmé que la réaction des anciens Premiers ministres (Nagib Mikati, Fouad Siniora, Tammam Salam et Saad Hariri), qui avaient dénoncé la veille dans un communiqué virulent un "précédent dangereux" et une "insulte" contre le poste de Premier ministre, n'a pas d'impact sur la formation du nouveau gouvernement . Les anciens PM avaient stigmatisé "une initiative suspecte qui se recoupe avec des tentatives menées depuis des années pour neutraliser l’accord de Taëf, briser l’autorité de la présidence du Conseil et réduire sa place dans le système politique ". "En témoignent les actes maintenus depuis des années pour bloquer la formation des gouvernements et essayer de contenir les prérogatives constitutionnelles des Premiers ministres désignés", avaient-ils souligné. Pour MM. Hariri, Siniora, Salam et Mikati, la démarche de Tarek Bitar "représente une insulte à la fonction de président du Conseil, un affaiblissement inacceptable du Premier ministre sortant et une reconnaissance flagrante du fait que le dossier de l’enquête est manipulé depuis Baabda".
Des critiques auxquelles la présidence a répondu vendredi plus tôt dans la journée : "Il est regrettable d'accuser le chef de l'Etat (...), surtout que celui-ci s'est déjà mis à la disposition de l'enquêteur judiciaire", a écrit le palais de Baabda. La présidence a également critiqué "la solidarité entre les ex-Premiers ministres en prétextant des atteintes qui visent la troisième présidence (la présidence du Conseil, NDLR)". Elle a enfin estimé que "le timing du communiqué des ex-Premiers ministres est suspect, au moment où le chef de l'Etat déploie des efforts pour la formation du gouvernement".

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Le Parlement affirme que Bitar est incompétent pour demander la comparution de Diab

Hassane Diab a refusé de comparaître devant le magistrat en dépit du mandat d'amener émis par le juge Bitar. Ce dernier a fixé au 20 septembre la date de cette audience et chargé les forces de sécurité d'interpeller M. Diab. Sa décision - qui fait l'objet d'accusations, notamment par le Hezbollah, de "politisation" de l'enquête - est intervenue au lendemain de l'envoi d'une lettre par la direction du Conseil des ministres arguant "d'obstacles constitutionnels" pour justifier la décision de M. Diab de ne pas se soumettre à l'interrogatoire. Parallèlement à la comparution de M. Diab, le juge avait demandé la levée de l'immunité d'anciens ministres, dont trois actuels députés, "pour potentielle intention d'homicide, négligence et manquements", ce qui a jusqu'à présent été refusé par le Parlement. Le ministre sortant de l'Intérieur, Mohammad Fahmi, et le procureur général près la cour de cassation, Ghassan Oueidate, n'ont de leur côté pas autorisé M. Bitar à interroger le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim.

Enfin, interrogé sur l'annonce faite par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, sur l'importation de fuel iranien au moment où le pays du Cèdre connaît de graves pénuries, Nagib Mikati s'est dit contre tout ce qui "nuit à l'intérêt du Liban". "Nous n'autoriserons à personne de nous exposer à des sanctions", a-t-il mis en garde. Téhéran détient les quatrièmes réserves mondiales de pétrole, mais ses exportations sont sous embargo américain, ce qui rend toute transaction commerciale irréaliste. En achetant du pétrole iranien, sans exemption octroyée en amont par Washington, Beyrouth s’exposerait donc à des sanctions.

Au moment où les tractions gouvernementales entre le chef de l'Etat libanais, Michel Aoun, et le Premier ministre désigné, Nagib Mikati, semblent toujours être parsemées d'embûches, ce dernier a assuré vendredi que sa récusation n'était "pas à l'ordre du jour", accusant toutefois "certaines parties", en référence implicite au président et à son camp, de violer la Constitution et...

commentaires (9)

Monsieur Michel Aoun, j'ai quelques années en moins que vous... "l'âge de la sagesse, Téta !..."me disait récemment mon petit-fils. S'il-vous plaît, Monsieur Michel Aoun, utilisez cette sagesse de votre âge pour sauver notre Liban. En mettant de côté vos intérêts et projets personnels et familliaux. Vous êtes le président de tous les Libanais, ne l'oubliez jamais, et pas seulement de certains qui gravitent autour de vous pour assouvir leurs ambitions avouées ou...cachées. Le 31 octobre 2016 vous avez fait serment d'être le garant de l'indépendance et du bien-être de votre/notre patrie, le Liban, ce qui vous rend responsable jusqu'au dernier jour de votre mandat ! - Irène Saïd

Irene Said

11 h 40, le 28 août 2021

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Commentaires (9)

  • Monsieur Michel Aoun, j'ai quelques années en moins que vous... "l'âge de la sagesse, Téta !..."me disait récemment mon petit-fils. S'il-vous plaît, Monsieur Michel Aoun, utilisez cette sagesse de votre âge pour sauver notre Liban. En mettant de côté vos intérêts et projets personnels et familliaux. Vous êtes le président de tous les Libanais, ne l'oubliez jamais, et pas seulement de certains qui gravitent autour de vous pour assouvir leurs ambitions avouées ou...cachées. Le 31 octobre 2016 vous avez fait serment d'être le garant de l'indépendance et du bien-être de votre/notre patrie, le Liban, ce qui vous rend responsable jusqu'au dernier jour de votre mandat ! - Irène Saïd

    Irene Said

    11 h 40, le 28 août 2021

  • Qu’est-ce que Aoun a réalisé de positif depuis cinq ans ? Quel projet a-t-il voulu, rêvé ou imaginé pour le bonheur du peuple Libanais ? pourquoi tenait-il absolument à accéder à la magistrature extrême de l’Etat Libanais ? quelles sont les intentions de Aoun dans un prochain avenir ? Répondre à ces simples interrogations c’est, déjà comprendre son immobilisme et, sa volonté de torpiller tout gouvernement qui se présente avec l’intention de réformer, de relancer, et de mettre en marche les institutions de la République depuis longtemps paralysées. Spécieux et thaumaturge à la fois, il se positionne dans la négation de tout ce qui se présente à lui pour sauver le Pays, et de relever la tête de ses habitants pour une vie meilleure. Tout le monde le disait, Aoun ne veut aucun gouvernement jusqu’à l’année prochaine, pour assurer l’élection de son gendre chéri à la plus haute marche de l’Etat. La balle est dans le camp de Mikati, qui devra renverser la table et dire clairement en public tout ce qu’il en est, et ce qu’il pense de ces transactions insupportables qui reviennent sans cesse sur la table de négociations. Le parlement devrait aussi prendre ses responsabilités en obligeant Aoun à démissionner et s’autodissoudre pour des élections législatives et présidentielles. Et là Le beau et fier pays du Cèdre, plusieurs fois millénaire trouvera son salut !

    Le Point du Jour.

    09 h 13, le 28 août 2021

  • Qu’est-ce que Aoun a réalisé de positif depuis cinq ans ? Quel projet a-t-il voulu, rêvé ou imaginé pour le bonheur du peuple Libanais ? pourquoi tenait-il absolument à accéder à la magistrature extrême de l’Etat Libanais ? quelles sont les intentions de Aoun dans un prochain avenir ? Répondre à ces simples interrogations c’est, déjà comprendre son immobilisme et, sa volonté de torpiller tout gouvernement qui se présente avec l’intention de réformer, de relancer, et de mettre en marche les institutions de la République depuis longtemps paralysées. Spécieux et thaumaturge à la fois, il se positionne dans la négation de tout ce qui se présente à lui pour sauver le Pays, et de relever la tête de ses habitants pour une vie meilleure. Tout le monde le disait, Aoun ne veut aucun gouvernement jusqu’à l’année prochaine, pour assurer l’élection de son gendre chéri à la plus haute marche de l’Etat. La balle est dans le camp de Mikati, qui devra renverser la table et dire clairement en public tout ce qu’il en est, et ce qu’il pense de ces transactions insupportables qui reviennent sans cesse sur la table de négociations. Le parlement devrait aussi prendre ses responsabilités en obligeant Aoun à démissionner et s’autodissoudre pour des élections législatives et présidentielles. Et là Le beau et fier pays du Cèdre, plusieurs fois millénaire trouvera son salut !

    Le Point du Jour.

    00 h 55, le 28 août 2021

  • Aoun est dérouté par Bassil. On disait"cherchez la femme", maintenant on préfère "cherchez le gendre".

    Esber

    23 h 27, le 27 août 2021

  • LA PROIE TOMBE ET LES HYENES S'ACHARNENT ENTRE ELLES POUR LE GROS MORCEAUX. C'EST ENTRE LE CLUB DES MILLIARDAIRES ET LE CLAN AOUNISTE QUE ÇA SE PASSE. SOUS LE REGARD DU PATRON INCONTESTÉ ALSAYED NASRALLAH. BERRI SE MOQUE DE TOUS. SACRÉ MIKATI, SA GOURMANDISE N'A PAS DE LIMITE. NOUS LE PETIT PEUPLE AGONISE DANS LA LIGNE DROITE.

    Gebran Eid

    22 h 58, le 27 août 2021

  • "Certaines personnes impliquées dans la formation du gouvernement agissent comme si la Constitution d'avant l'accord de Taëf est toujours en vigueur". Comme il n'y a, selon la constitution que deux personnes "impliquées dans la formation du gouvernement ". Il est facile de deviner qui se trouve visé

    Yves Prevost

    22 h 14, le 27 août 2021

  • L’opération de destruction du pays continue inexorablement son chemin jusqu’à ce que le pays ne soit qu’un tas de gravats

    Lecteur excédé par la censure

    21 h 47, le 27 août 2021

  • Surtout restez bien implicites, politiciens et religieux, ça nous aidera à avancer.

    Christine KHALIL

    21 h 08, le 27 août 2021

  • LA TRINITE DU MAL. BELZEBUTH LE BARBU ET SES DEUX LIEUTENANTS INFERNAUX LES DEUX BELIERS DE L,APOCALYPSE DE LA BERGERIE DE RAI. SANS EUX PHENIX RESSUSCITERAIT DE SES CENDRES ET LES LIBANAIS TROUVERONT LEUR VIE D,ANTAN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 55, le 27 août 2021

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