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Lifestyle - La Mode

Zad Moultaka rouvre les yeux de Louis Vuitton pour son 200e anniversaire

À l’occasion du 200e anniversaire de son fondateur, Louis Vuitton lance l’initiative « Louis 200 » qui va propulser la maison de luxe vers le prochain centenaire en ancrant l’histoire de Louis Vuitton dans l’imaginaire collectif. L’artiste pluridisciplinaire libanais Zad Moultaka transforme pour l’occasion une malle en métaphore du voyage.


Zad Moultaka rouvre les yeux de Louis Vuitton pour son 200e anniversaire

Zad Moultaka aux répétitions de son opéra « Hémon ». Photo DR

Il n’avait que 14 ans quand il entreprit sa longue marche de son Jura natal vers Paris. Comme tous les jeunes apprentis, en ce XIXe siècle où la révolution industrielle fait rage, le jeune Louis Vuitton, né le 4 août 1821, veut tenter sa chance dans la capitale. Deux ans durant, prêtant ses bras de ville en village, il exerce les deux métiers que lui a appris son père : meunier et menuisier. Peu après son arrivée à Paris, en 1835, il est engagé comme apprenti auprès de Romain Maréchal, célèbre malletier et layetier-emballeur, autrement dit fabriquant de bagages.

Couvercle plat et bouillons de crinolines

C’est l’époque des trains et des bateaux à vapeur, du tourisme naissant, mais aussi des crinolines et des corsets baleinés. Emballer sans froisser ni casser ces froufrous pris de bougeotte n’est pas une mince affaire. Louis Vuitton a une idée, et même plusieurs, qu’il va un jour investir dans sa propre entreprise. Près de 20 ans plus tard, en 1854, à moins de 36 ans, il accroche enfin son enseigne près de la place Vendôme. Voyant les malles à couvercle rebondi cascader les unes sur les autres à l’arrière des berlines et dans les compartiments bagages, il va concevoir la malle à couvercle plat, une nuance qui va faire une différence de taille en termes de stabilité et de gain d’espace. Il va aussi remplacer le cuir par de la toile cirée, plus durable, et inventer une serrure révolutionnaire qui ne peut être ouverte que par une seule clé.

Franchissant non sans dégâts la guerre franco-prussienne de 1870, il repart à zéro, rue Scribe, où son fils, Georges Vuitton, le rejoint. Ce dernier poursuit la saga, développe l’entreprise à l’international, et pour protéger les créations de la maison des imitations, invente la toile cirée ornée de rosaces et du monogramme LV.

La malle-regard de Zad Moultaka. Photo DR

Le projet « Louis 200 »

Deux siècles plus tard, la maison Louis Vuitton, plus florissante que dans ses rêves les plus fous son fondateur n’aurait pu l’imaginer, célèbre l’anniversaire de ce visionnaire en engageant d’autres visionnaires à y participer. Le projet Louis 200 va propulser vers le prochain centenaire l’une des plus grandes enseignes du luxe parisien et international en ancrant l’histoire de Louis Vuitton dans l’imaginaire collectif. Ce projet comprend de nombreux volets, dont un jeu vidéo intitulé Louis,The game, qui permettra aux joueurs les plus assidus de collecter des Non Fongible Tokens (jetons cryptographiques uniques) ; une biographie romancée écrite par Caroline Bongrand, un triptyque géant de l’artiste américain Alex Katz, ainsi qu’un documentaire dont le lancement est prévu sur Apple TV en décembre.

Zad Moultaka, « visionnaire du futur »

Parmi les projets les plus spectaculaires de cette célébration est celui confié à 200 créateurs du monde entier, appartenant à des univers totalement différents : artistes, écrivains, commissaires d’exposition, danseurs, drag-queens, architectes et autres. Il s’agit pour ces Visionnaires du futur de concevoir la décoration d’une malle de 100x50x50cm du même modèle que celui inventé par Louis Vuitton en 1850. Chaque malle va décorer une vitrine éphémère en faisant le tour du monde, et au lieu d’une rémunération directe, la somme de 10 000€ sera versée au nom de chacun à une ONG dédiée à la promotion des jeunes artistes.

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L’un de ces créateurs est l’artiste pluridisciplinaire libanais Zad Moutaka, qui a eu lui aussi la surprise de recevoir la très convoitée lettre ouverte adressée par la communauté Louis Vuitton aux Visionnaires du futur. Les commissaires du projet avaient en effet remarqué Moultaka lors de la représentation de son opéra, Hémon, à l’Opéra national du Rhin dont il avait non seulement écrit la musique, sur un livret de Paul Audi, mais également conçu la scénographie. Moultaka qui a, par ailleurs, représenté le Liban à la Biennale de Venise avec son architecture sonore SamaS, s’interroge aussitôt sur la manière la plus pertinente de conjuguer sa vision avec l’ADN de la maison de luxe, lui dont l’univers est à des années-lumière de celui de la mode. Il demande à visiter le siège historique de Louis Vuitton à Asnières, où se trouve en plus des ateliers de commandes spéciales et du musée de la marque, la villa Art nouveau de la famille. Là, il promène son regard un peu en vain, s’arrêtant sur un piano, lui qui est prodigieux musicien, sans pour autant trouver d’objet qui l’interpelle.

La malle d’Alyssa Carson. Photo DR

Une malle, métaphore du voyage

C’est en découvrant un portrait, un daguerréotype jauni du fondateur, que lui revient un souvenir de sa petite enfance : celui du forain qui installait son coffre à visions sur la place du village de ses grands-parents. Pour quelques sous, on achetait le droit de coller ses yeux à une lunette à travers laquelle défilaient des images du monde que le bateleur faisait tourner sur un cylindre. Images jaunies, lentilles floues et encrassées, mais la magie opérait, et le forain y allait de sa musique et de ses descriptions délirantes. Pour Moultaka, Louis, c’est le voyage, et le voyage, c’est le regard. Sa malle en sera la métaphore. Il va reproduire un plan démultiplié des yeux de Louis Vuitton habillant la malle selon un schéma op art vertigineux. Au centre, deux ouvertures permettant de regarder à l’intérieur. À l’intérieur est projeté un film tourné et mis en musique par Moultaka. On y discerne un paysage lunaire qui n’est en fait qu’un gros plan sur des vêtements et des tissus froissés. Organique, la musique conjugue murmures, souffle du vent et bruits mécaniques. À l’ouverture, cependant, le couvercle déclenche une mélodie de boîte à musique.

Déjà lancé à Paris le 4 août, jour anniversaire de Louis Vuitton, le voyage des malles a commencé. Elles se poseront dans les principales boutiques de la marque, de LA à Séoul en passant par Londres, Milan, New York, Dubaï et les grandes villes de Chine et du Japon.

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Il n’avait que 14 ans quand il entreprit sa longue marche de son Jura natal vers Paris. Comme tous les jeunes apprentis, en ce XIXe siècle où la révolution industrielle fait rage, le jeune Louis Vuitton, né le 4 août 1821, veut tenter sa chance dans la capitale. Deux ans durant, prêtant ses bras de ville en village, il exerce les deux métiers que lui a appris son père : meunier et...

commentaires (1)

voilà un artiste, né dans un environnement culturel optimal, papa prof et ex responsable du département theatre à l'UL , maman avocate et metteur en scène de théâtre , parmi leur travaux je cite Caligula, joué dans les villages les plus éloignés les plus pauvres du Liban, Bazbina(Akkar), Eddé(caza de Jbeil), daahet tassé , plus populaire les 10 petits negres d'Agatha Christie et j'en passe.....creation du théâtre expérimental avec l'oeuvre chinoise "docteur Wu" une famille dont le seul souci est de transmettre la culture la tolérance avec passion et rigueur Bravo ZAD et Merci à cette famille

Élie Aoun

12 h 04, le 18 août 2021

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Commentaires (1)

  • voilà un artiste, né dans un environnement culturel optimal, papa prof et ex responsable du département theatre à l'UL , maman avocate et metteur en scène de théâtre , parmi leur travaux je cite Caligula, joué dans les villages les plus éloignés les plus pauvres du Liban, Bazbina(Akkar), Eddé(caza de Jbeil), daahet tassé , plus populaire les 10 petits negres d'Agatha Christie et j'en passe.....creation du théâtre expérimental avec l'oeuvre chinoise "docteur Wu" une famille dont le seul souci est de transmettre la culture la tolérance avec passion et rigueur Bravo ZAD et Merci à cette famille

    Élie Aoun

    12 h 04, le 18 août 2021

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