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Nos Lecteurs ont la Parole

Il faut changer l’eau des fleurs

Tout peut s’arranger et rien ni personne n’est éternel. Un regard jeté vers le passé suffit pour comprendre que rien ni personne ne l’est, que tout despote finit par s’éteindre pendu sur la place publique ou une balle tirée dans le crâne, et que toute tyrannie tôt ou tard prend fin.

Cette idée qui est devenue conviction me permet de planifier le futur, me permet de prendre sur moi et d’avancer, alors que ce serait si facile de les laisser gagner.

Vous direz que je suis naïve et que la vie ne m’a pas assez brisée. Vous avez sans doute raison, je ne vais pas le nier. Je pense encore avec mon cœur et rêve souvent les yeux grands ouverts, levés vers les cieux.

Peut-être que je suis faible et que j’en ai besoin pour continuer. Peut-être que vous avez raison ; après tout je suis née hier, qu’est-ce que j’en sais... Et peut-être que je suis phénoménale et que c’est ceux qui doutent qui devraient se taire et faire taire avec eux la fatalité du « jamais ici, rien ne va changer ».

De toute manière, on ne vous reprochera pas ces mots que vous pensez, sur le fait qu’on ne fera jamais rien de ce pays, qu’on ferait mieux de quitter tant qu’on le peut. On ne va pas vous en vouloir, vous en avez vécu assez. Vous êtes blessures ouvertes et infectées, et vous n’avez jamais guéri de ce qui s’est passé. Votre époque est celle d’une jeunesse qui n’a pas eu le droit d’être jeune, celle d’une génération qui n’a connu que la perte et les souffrances. Vous êtes les témoins et les victimes d’une guerre qui ne s’est jamais terminée et qui au passage a détruit notre identité.

Alors non, on ne va pas vous en vouloir de ne pas croire avec nous en ce demain. On ne va pas vous reprocher de vouloir diviser, car nous sommes des « peuples » avec un « s », et que le vivre ensemble n’est pas d’actualité.

Mais nous allons refuser de croire à vos paroles amères pour beaucoup de choses. Pour ne pas commettre les mêmes erreurs, pour ne pas laisser leurs mensonges nous diviser et créer une haine qui n’a pas de place dans nos vies. Pour ne pas finir comme vous, aigris et condamnés à vivre mal ou à vivre ailleurs. Pour ne pas mourir seuls, loin d’ici, déracinés.

Vous n’avez pas pu fleurir car le sol sec et entaché de sang ne permet pas la vie, et nous aussi avec ce sol nous ne pourrons pas prospérer. Sauf que rien ni personne n’est éternel, et même ce sol sale n’est pas fatalité, et vous verrez nous allons changer l’eau des fleurs.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Tout peut s’arranger et rien ni personne n’est éternel. Un regard jeté vers le passé suffit pour comprendre que rien ni personne ne l’est, que tout despote finit par s’éteindre pendu sur la place publique ou une balle tirée dans le crâne, et que toute tyrannie tôt ou tard prend fin.
Cette idée qui est devenue conviction me permet de planifier le futur, me permet de prendre sur...

commentaires (1)

Magnifique et vous avez tout à fait raison

Bassam Youssef

08 h 01, le 13 août 2021

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Commentaires (1)

  • Magnifique et vous avez tout à fait raison

    Bassam Youssef

    08 h 01, le 13 août 2021

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