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Les rebelles tigréens prennent le contrôle d'un site du patrimoine mondial, Lalibela

Les rebelles tigréens prennent le contrôle d'un site du patrimoine mondial, Lalibela

Des fidèles éthiopiens devant l'église saint Emmanuel à Lalibela. Photo d'archives EDUARDO SOTERAS / AFP

Des rebelles de la région éthiopienne du Tigré, en proie à un conflit armé, se sont emparés jeudi de Lalibela, un site célèbre pour ses églises taillées dans le roc classé par l'Unesco au patrimoine mondial, dans la région voisine d'Amhara, selon des habitants de Lalibela.

"Ils sont arrivés dans l'après-midi et il n'y a pas eu de combats. Il n'y avait pas de forces de sécurité dans les environs. Les forces du TPLF sont dans la ville maintenant", a déclaré l'un d'eux à l'AFP, parlant du Front de libération du peuple du Tigré. Des affrontements font rage au Tigré depuis novembre 2020, lorsque le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé des troupes pour renverser le TPLF, le parti régional qui a longtemps dominé la politique nationale avant son arrivée au pouvoir en 2018.

Le chef du gouvernement, lauréat du prix Nobel de la paix 2019, a expliqué cette intervention en disant que c'était une riposte aux attaques répétées de cette organisation contre les camps de l'armée. Mais malgré la promesse d'une victoire rapide, la guerre s'est prolongée, prenant un nouveau tournant en juin lorsque les forces fidèles au TPLF ont repris la capitale du Tigré, Mekele, et obligé l'armée éthiopienne à battre en retraite.

Depuis, ce mouvement mène des offensives armées dans les régions voisines, à l'est dans l'Afar et au sud dans l'Amhara.

Soldats et miliciens se sont mobilisés en masse dans certaines parties de cette dernière région pour repousser l'avancée des rebelles mais, selon plusieurs habitants de Lalibela contactés par l'AFP, leur ville est tombée jeudi sans opposer de résistance. "Le TPLF est arrivé dans l'après-midi. Ils (ses combattants) dansaient et s'amusaient sur la (principale) place de la ville", a déclaré un de ses habitants. "La plupart des gens quittent la ville vers des zones reculées", a témoigné un troisième habitant de Lalibela, précisant qu'il se cachait dans sa maison avec sa famille.

L'incursion du TPLF dans les régions voisines a soulevé de nombreuses critiques à l'étranger. L'ONU et les États-Unis ont à nouveau appelé cette semaine les belligérants à mettre fin aux hostilités. Billene Seyoum, la porte-parole du Premier ministre, a affirmé au cours d'une conférence jeudi que plus de 300.000 personnes avaient été déplacées par les récents combats dans les régions d'Amhara et d'Afar.

"Organisation terroriste"

Le gouvernement a plusieurs fois accusé l'étranger, en particulier les dirigeants occidentaux, de fermer les yeux sur les crimes commis par le TPLF et Mme Billene a réitéré ces critiques. "J'espère qu'en ces circonstances, la communauté internationale va commencer à se réveiller et voir cette organisation pour ce qu'elle est : une organisation terroriste qui s'est emparée du bien-être de la population du Tigré pour servir ses féroces objectifs", a-t-elle lancé.

Les autorités n'ont pas pour l'instant confirmé la prise de Lalibela par les rebelles. "Ce n'est pas nécessaire de nommer les lieux qui ont été pris parce que les combats se déroulent sur trois fronts", a dit cette semaine un porte-parole régional d'Amhara, Gizachew Muluneh.

"Mais je voudrais souligner que les terroristes du TPLF ont clairement envahi les territoires amhara sur trois fronts", a-t-il raconté, ajoutant que des civils ont été tués dans de récents combats dans la région, sans en donner le nombre.

La ville amhara de Kobo, située à environ 100 km de Lalibela, est aussi sous le contrôle du TPLF à l'issue de plusieurs jours d'intenses combats, a déclaré cette semaine à l'AFP un combattant local. "Il y eu des tirs d'artillerie lourde. On avait des kalachnikovs mais ils tiraient des roquettes de mortier et utilisaient des snipers", a ajouté ce combattant, Eskindir Molla, qui a depuis battu en retraite dans le sud.

Le TPLF a assuré ne pas avoir l'intention d'étendre son contrôle territorial au-delà du Tigré mais vouloir "libérer" le sud et l'ouest du Tigré. Les forces de l'Amhara, qui borde le sud du Tigré, ont profité du conflit pour annexer des zones fertiles de l'ouest tigréen. Les Amhara estiment que le TPLF s'en est emparé illégalement au début des années 1990.

De nombreux pays et l'ONU exhortent le TPLF à observer un cessez-le-feu pour permettre à l'aide humanitaire d'être acheminée, 400.000 personnes au Tigré étant en proie à la famine.

Des rebelles de la région éthiopienne du Tigré, en proie à un conflit armé, se sont emparés jeudi de Lalibela, un site célèbre pour ses églises taillées dans le roc classé par l'Unesco au patrimoine mondial, dans la région voisine d'Amhara, selon des habitants de Lalibela.
"Ils sont arrivés dans l'après-midi et il n'y a pas eu de combats. Il n'y avait pas de forces de sécurité...