Youssef Lahoud : l’élégance foudroyée

Le départ de Youssef Lahoud, fauché par l’explosion du 4 août 2020, est certes la source d’une peine infinie pour tous ceux qui l’aiment. Mais au-delà, cet assassinat – comment l’appeler autrement ? – nous prive de pouvoir donner un exemple vivant à nos amis, à nos enfants et à leurs enfants de ce que sont la probité, l’intégrité morale, la noblesse d’esprit et une grande intelligence, mais aussi la distinction dans tous ses sens. Ce trésor de qualités rarement rassemblées chez un seul être était caparaçonné par une attitude qui pouvait paraître distante par défense, par protection d’une grande tendresse intérieure qu’il ne fallait en aucun cas dévoiler, parce que c’est comme ça qu’on lui a appris à être par un père – un autre monument – d’une sobriété sans égale lorsqu’il s’agissait d’exprimer des sentiments.

Sa modestie a empêché son entourage de savoir combien il savait; beaucoup, à n’en point douter. Son flegme a toujours caché une effervescence de passions. Sa quiétude et sa sérénité, frisant le fatalisme, lui conféraient naturellement une dignité royale même au cœur de l’œil d’un cyclone de douleur, la pire qu’un père pouvait subir. Peut-être était-ce son souci de ne pas importuner son prochain.

Extrême élégance d’un homme tant par son apparence chic et raffinée que par le ton de sa voix calme et policée ou son propos toujours pertinent émanant d’une analyse toujours profonde, appuyée sur une grande culture et une capacité d’analyse en tous points exceptionnelle. Comment penser à lui sans que nous manquent son humour et ce côté pince-sans-rire qui faisaient tout son charme ?

Shadi A. KARAM