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Politique - Conférence internationale

Paris souhaite mobiliser 357 millions de dollars d’aide d’urgence

La France veut « partager le deuil » des Libanais tout en accentuant la pression sur la classe politique.

Paris souhaite mobiliser 357 millions de dollars d’aide d’urgence

Le président français Emmanuel Macron écoute son homologue libanais, Michel Aoun, lors de la Conférence internationale de soutien aux Libanais du 9 août 2020. Christophe Simon/Pool/AFP

Le président français Emmanuel Macron présidera demain, mercredi 4 août, une conférence internationale de soutien au peuple libanais, avec la participation d’une quarantaine d’États et d’organisations internationales. Une date que Paris a choisie sciemment afin de « partager le deuil des Libanais » qui s’apprêtent à commémorer le premier anniversaire de la double explosion apocalyptique au port de Beyrouth le 4 août 2020, confie un haut responsable français proche de l’Élysée.

Il s’agit de la troisième conférence internationale de soutien aux Libanais organisée à l’initiative du président Macron, en coordination avec l’ONU, après celles du 9 août 2020 et du 2 décembre de la même année. Durant ces deux assises, une enveloppe de 280 millions d’euros avait été constituée pour assurer un filet de sécurité aux Libanais en proie à une crise économique et financière sans précédent, alors que l’État, en faillite, n’arrive ni à assurer les besoins les plus élémentaires de la population ni à enclencher le processus politique grâce auquel le Liban devrait pouvoir bénéficier d’aides internationales substantielles pour sortir de la crise dans laquelle il s’enfonce un peu plus chaque jour.

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Aujourd’hui, la France cherche à mobiliser 357 millions de dollars pour répondre aux besoins identifiés par les Nations unies dans divers secteurs d’intervention, précise ce responsable proche de l’Élysée, en expliquant toutefois que l’objectif technique de la réunion de demain est double, puisqu’un bilan de la répartition des aides devra également être dressé. Un bilan jugé positif, selon notamment les rapports de l’ONU qui en avait assuré le suivi en même temps que la France, révèle ce responsable.

C’est donc fort de la réussite des deux premières interventions d’urgence que des pays comme les États-Unis, « qui se réinvestissent politiquement au Liban », l’Union européenne, la Grande-Bretagne, le Canada, l’Égypte, la Jordanie, les Émirats arabes unis, le Qatar et l’Arabie saoudite, ou des organisations, comme l’ONU, représentée par son secrétaire général, Antonio Guterres, la directrice du FMI, le président du Conseil européen, des représentants de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) ou de la Banque européenne d’investissement (BEI) débloqueraient des fonds pour des projets déterminés. « Chaque partenaire va faire des annonces pour répondre aux besoins exprimés par l’ONU dans les domaines de l’éducation, de l’alimentaire, de la santé, de l’assainissement de l’eau ou du soutien au patrimoine culturel », selon la source proche de l’Élysée qui n’a pas voulu se prononcer sur une éventuelle volonté de contribution ou même sur le niveau de représentation de l’Arabie saoudite, dont les relations avec Beyrouth restent tendues.

On sait que les États-Unis seront représentés à la réunion virtuelle par le président Joe Biden, dont le discours sera très attendu, après l’allocution d’ouverture du président Macron. D’autres États, comme l’Irak, seront représentés au niveau de leurs chefs de gouvernement ou de leurs ministres. Les Émirats arabes unis ont mandaté leur ministre de la Coopération à cette conférence au sommet, alors que le niveau de la représentation saoudienne devrait être décidé dans les prochaines 48 heures.

« Un message politique très clair »

Car même si la finalité de ces assises reste humanitaire, elles véhiculent un message politique que refléteront les deux discours américain et français, la présence de représentants de la société civile – considérée comme un vecteur de changement – ainsi que le niveau de représentation de certains États, comme l’Arabie saoudite qui avait pris part à la conférence internationale de soutien à l’armée libanaise – également organisée par Paris – le 17 juin dernier, mais qui s’était abstenue de contribuer au financement de la troupe. « La conférence sera l’occasion d’envoyer un message politique très clair », selon ce même responsable français, qui déplore le fait qu’« en dépit de l’engagement de différents leaders libanais, le pays ne s’est toujours pas doté d’un gouvernement ». « Ce sera l’occasion pour tous les partenaires de mettre les leaders libanais devant leurs responsabilités et de réaffirmer la nécessité de constituer un cabinet pour lancer des réformes structurelles substantielles afin de soutenir le Liban en profondeur et d’aller au-delà de l’aide d’urgence », insiste le responsable français, dont les propos reflètent le maintien d’une politique française qui consiste à secourir la population tout en maintenant la pression sur la classe politique qui persiste dans sa stratégie de blocage pour préserver son pouvoir. Selon lui, les pressions iraient crescendo au cas où le blocage gouvernemental se poursuivrait, d’autant que l’adoption, vendredi, d’un cadre légal européen pour imposer des sanctions à des personnalités ou entités libanaises « responsables de l’atteinte à la démocratie ou à l’État de droit au Liban » donne à la France une plus grande marge de manœuvre afin d’accentuer la pression sur les dirigeants libanais « qui se trouvent dans son collimateur. Paris n’exclut pas dans ce contexte de rendre publiques les listes des personnalités visées récemment par des sanctions françaises. Toutes ces personnes ont été notifiées des sanctions prises à leur encontre », confirme la source.

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Le fait que la France ait choisi la triste date du 4 août pour mobiliser la communauté internationale en faveur de la population libanaise vise aussi à mettre les autorités libanaises face à leurs responsabilités concernant l’enquête sur la double explosion au port. Paris voudrait que ses résultats soient communiqués rapidement et scrute de près son évolution. « Il faut qu’on ait des résultats rapidement », lance le responsable proche de l’Élysée, avant de souligner l’engagement de son pays en faveur de la préservation de l’infrastructure portuaire pour éviter que le port de Beyrouth ne s’arrête complètement de fonctionner si jamais les grues ou autres équipements tombent en panne.

Le président français Emmanuel Macron présidera demain, mercredi 4 août, une conférence internationale de soutien au peuple libanais, avec la participation d’une quarantaine d’États et d’organisations internationales. Une date que Paris a choisie sciemment afin de « partager le deuil des Libanais » qui s’apprêtent à commémorer le premier anniversaire de la double...

commentaires (7)

Paris "pourrait rendre publiques les listes des personnalités ..." Et alors, on attend quoi ?!!

Bassam Youssef

16 h 31, le 03 août 2021

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Commentaires (7)

  • Paris "pourrait rendre publiques les listes des personnalités ..." Et alors, on attend quoi ?!!

    Bassam Youssef

    16 h 31, le 03 août 2021

  • Le pays ne peut pas être construit par des destructeurs !

    Wow

    15 h 40, le 03 août 2021

  • Macron veut-il faire de la politique ou aider le peuple libanais comme il le prétend? L'enfer est pavé de bonnes intentions...

    Politiquement incorrect(e)

    12 h 55, le 03 août 2021

  • Les pays aidants sont gentils avec leur décision d’avancer quelques 357 millions pour pallier aux manques que subissent les libanais. Ils ne sont pas sans savoir que le problème réside ailleurs et que tant qu’il n’est pas résolu aucune aide ne parviendrait aux citoyens. Le gouverneur de la BDL a déclaré il y a quelque jours que la banque centrale, qui fournit aux importateurs de carburant (essence et mazout notamment) 100 % des devises nécessaires au taux de 3 900 livres pour un dollar depuis fin juin, se défend en précisant le montant des devises qu’elle a octroyées durant le mois de juillet. Ainsi, la BDL aurait « vendu » 293 millions de dollars et en aurait déboursé 415 millions pour des dossiers préalablement acceptés aux importateurs, soit 708 millions de dollars pour importer de l’essence et du mazout. Une somme à laquelle s’ajoutent aussi 120 millions de dollars destinés à alimenter Électricité du Liban (EDL) en carburant, portant alors le total à 828 millions de dollars selon la BDL pendant que les libanais sont toujours et de plus en plus dans le noir total. Comment une déclaration pareille a pu passé inaperçue? Qu’ont fait les responsables politiques de cet argent? Pourquoi personne ne s’attarde sur ces aberrations qui restent un détail et un permis de piller et d’humilier le pays et le peuple. Pourquoi continuent ils à piller et appauvrir le pays sans être inquiétés? Pourquoi ces gens là sont toujours aux commandes?

    Sissi zayyat

    12 h 33, le 03 août 2021

  • ET LE CLUB DES MILLIARDAIRES, NOS EX-PREMIERS MINISTRES MOBILISENT COMBIEN DE MILLIONS ? NADA MAIS ILS VEULENT ENCORE DIRIGER LE PAYS.

    Gebran Eid

    12 h 00, le 03 août 2021

  • POURQUOI LA PARTIE RAPPORTANT LA PARTICIPATION DE L'ARABIE SAOUDITE ET DES E A U SEMBLE SECONDAIRE , SERAIT -CE QU'ON EST SURS QU'ILS NE LE FONT QUE DE FACON TRES TRES SYMBOLIQUE ,ETANT DONNE LE CAS DANS VU SOUS SON ANGLE POLITIQUE ?

    Gaby SIOUFI

    09 h 47, le 03 août 2021

  • Les etrangers ont plus de compassion pour la population libanaise que la bande de voleurs et de criminels qui gouvernent notre pauvre pays

    Goraieb Nada

    07 h 31, le 03 août 2021

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