Le barreau de Beyrouth porte plainte à Londres contre la société Savaro Ltd, suspectée d’avoir importé le nitrate d’ammonium

Le président de l'Ordre des avocats de Beyrouth, Melhem Khalaf, a annoncé lundi que le barreau de Beyrouth et plusieurs victimes ont porté plainte contre Savaro Ltd, la société suspectée d’avoir importé le nitrate d’ammonium dont l’explosion, au port de Beyrouth, a ravagé une partie de la capitale le 4 août 2020. 

"Le 2 août 2021, le barreau de Beyrouth et des victimes de l'explosion du port de Beyrouth du 4 août 2020 ont déposé une plainte civile contre Savaro Ltd devant la Haute Cour de justice de Londres", peut-on lire dans un communiqué diffusé par M. Khalaf. Le barreau accuse la compagnie de n'avoir pas pris "des mesures pour sécuriser ou éliminer correctement le nitrate d'ammonium" et réclame des indemnités. 

"Toute personne ou entité directement ou indirectement responsable de la dévastation survenue le 4 août 2020 devrait et sera traduite en justice, assure M. Khalaf. L'importateur du nitrate d'ammonium, Savaro Ltd, étant une société constituée en Angleterre et ayant ses bureaux à Londres, est soumis à la juridiction des tribunaux anglais". 

Dans son communiqué M. Khalaf remercie le cabinet d'avocats Dechert LLP "qui entreprend ce travail à titre bénévole à la demande de Camille Abousleiman (ancien ministre, ndlr), avocat au sein du cabinet". 

Le jour du drame, qui a fait plus de 200 morts et 6.500 blessés, le Premier ministre Hassane Diab avait affirmé que 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium étaient stockées depuis des années "sans mesures de précaution" dans un entrepôt du port, imputant l'explosion à la présence de cette cargaison. Si les autorités libanaises ont refusé tout recours à une enquête internationale, elles ont autorisé des enquêteurs français et ceux du FBI à venir au Liban pour participer aux investigations préliminaires. Vendredi dernier, le Bureau fédéral américain a dans ce contexte souligné dans un rapport que seulement un cinquième de la cargaison de nitrate d'ammonium a explosé le 4 août, sans préciser où pourrait se trouver le reste des tonnes stockées depuis 2014.