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Le baseball, religion nationale au Japon...

Le baseball, religion nationale au Japon...

Importé des États-Unis au XIXe siècle par un professeur américain d’anglais, le baseball est quasiment devenu une religion au Japon. Sur cette photo, la version féminine du baseball, le softball, dont le tournoi olympique a déjà commencé. Le tournoi de baseball débutera demain. Kazuhiro Fujihara/AFP

Au printemps et en été, le Japon entier se passionne pour une compétition de baseball qui n’est ni professionnelle ni même universitaire. Il s’agit de baseball lycéen, dans un pays où ce sport importé des États-Unis au XIXe siècle est quasiment une religion.

Il n’est pas étonnant que le baseball, absent des Jeux olympiques depuis 2008, fasse son retour – comme sport additionnel – à partir de demain au programme olympique pour les Jeux de Tokyo : il est de loin le plus populaire dans l’archipel nippon où les enfants de chaque ville et village s’y adonnent tous les week-ends sous l’œil attentif des parents comme des passants. Plus d’un siècle après l’introduction du sport par un professeur d’anglais venu des États-Unis, le Japon s’est approprié le baseball. Au Japon, « tous les enfants jouent au baseball », explique Itaru Kobayashi, ancien joueur des Lotte Marines de Chiba (banlieue de Tokyo) devenu enseignant à l’Université Oberlin, dans la capitale nippone. Le sport « a été inventé aux États-Unis, mais nous en sommes tombés amoureux », ajoute-t-il.

Le baseball a d’abord été introduit en tant que sport scolaire en 1872 par Horace Wilson, enseignant à Tokyo, mais il est devenu populaire grâce à un match où une équipe lycéenne de la capitale a battu un groupe de résidents étrangers en 1896. Cette victoire a fait la une des journaux du Japon, déclenchant une vague de passion pour ce sport et d’autres rencontres contre des équipes américaines. « Ces matches avaient une importance symbolique, car les Japonais étaient derrière (les Américains) dans bien des aspects, comme le commerce et l’industrie », explique Robert Whiting, un expert du baseball qui a vécu au Japon pendant plusieurs décennies. « Le message était : si on peut battre les Américains à leur propre jeu, on peut sûrement les dépasser dans d’autres domaines », résume-t-il.

Une ligue professionnelle se développe dans les années 1930, mais c’est après la Seconde Guerre mondiale (où le Japon a été défait par les États-Unis) que le baseball devient le passe-temps national, le baseball amateur en particulier étant adulé pour sa « pureté » car n’étant pas mû par l’argent. Cette flamme est toujours ardente, comme l’a prouvé récemment la foule de fans et de pom-pom girls rassemblés pour un match du Tokyo 6, ligue regroupant six des principales universités de la capitale. Fumihiko Kaneko (31 ans) était arrivé quatre heures avant, bien qu’en possession d’un billet : « Je suis fan depuis mon enfance. » Mais le plus important événement de baseball est de loin la finale du tournoi biannuel de baseball lycéen, surnommé le koshien, du nom du stade de l’ouest du Japon où se déroule l’affrontement final. Le koshien a par le passé rassemblé jusqu’à 50 % des téléspectateurs de l’archipel, et le son de sa retransmission à la radio est aussi typique de l’été japonais que le chant des cigales.

Cette ferveur engendre aussi un aspect moins festif, avec des inquiétudes persistantes sur l’intensité de l’entraînement et la pression sur les jeunes joueurs. « Je n’ai pas que de bons souvenirs du baseball », confie Takuya Honda qui l’a pratiqué pendant douze ans à l’école, mais n’a jamais pu participer au koshien. Itaru Kobayashi pense que ce sport convient particulièrement au Japon, car il est « comme un rituel », et qu’il est caractérisé par « l’uniformité et l’obéissance aux ordres ». « Travaillez en équipe, soyez soudés par l’équipe. On adore ça », dit-il. La création de la première ligue professionnelle de football dans les années 1990 a un temps fait craindre pour la popularité du baseball. Mais après avoir brièvement baissé, celle-ci est repartie de plus belle, grâce notamment à l’aura de stars comme Shohei Ohtani, jouant pour les Los Angeles Angels dans la prestigieuse Ligue majeure de baseball (MLB).

Le tournoi olympique a lieu à Fukushima (nord-est du Japon) pour attirer l’attention sur la reconstruction de la région après la catastrophe de mars 2011. Mais d’un point de vue plus patriotique, un match en particulier passionnerait le pays, selon M. Kobayashi : Japon-États-Unis. Pour le baseball nippon, estime-t-il, battre les États-Unis, « rival du Japon depuis cent ans », sera « le but ultime ».

Ayaka McGILL/AFP

Au printemps et en été, le Japon entier se passionne pour une compétition de baseball qui n’est ni professionnelle ni même universitaire. Il s’agit de baseball lycéen, dans un pays où ce sport importé des États-Unis au XIXe siècle est quasiment une religion.Il n’est pas étonnant que le baseball, absent des Jeux olympiques depuis 2008, fasse son retour – comme sport additionnel...

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