Le président libanais Michel Aoun s'est dit "prêt à coopérer" pour la formation du futur gouvernement avec l'ex-Premier ministre Nagib Mikati, donné favori pour former la nouvelle équipe, ou avec "n'importe quelle autre personnalité" désignée par les députés à l'issue des consultations parlementaires contraignantes de lundi.
Ces consultations sont organisées suite à la récusation du leader du courant du Futur Saad Hariri, qui a jeté l'éponge après neuf mois de pénibles tractations, marquées par un conflit politique et personnel avec le chef de l'État et son camp. Les tensions tournaient notamment autour des prérogatives des protagonistes, Saad Hariri souhaitant former lui-même son cabinet et le soumettre au président tandis que ce dernier assure que, selon la Constitution, il doit s'impliquer à part égale avec le Premier ministre désigné dans les tractations gouvernementales.
"Je suis prêt à coopérer avec M. Mikati ou n'importe quelle autre personne désignée par les députés", a affirmé Michel Aoun dans un long entretien accordé au quotidien libanais al-Joumhouria, dans son édition de samedi. Il a souligné que les tractations avec le député tripolitain pourraient s'avérer fructueuses, celui-ci "sachant arrondir les angles". "Il est du genre à coopérer, à donner autant qu'il reçoit et c'est avec un dialogue sincère qu'on peut résoudre les problèmes les plus graves", a ajouté le chef de l'État. "Si chacun de nous avance pas-à-pas, nous pouvons trouver un terrain d'entente, sans violer la Constitution ni les usages, surtout que la formation d'un gouvernement implique le respect de critères et d'équilibres clairs", a-t-il encore estimé.
Député de Tripoli, M. Mikati a déjà présidé le Conseil des ministres quelques mois en 2005 et de juin 2011 à février 2014. Il semble d'ores et déjà bénéficier de l’appui du tandem chiite, du Parti socialiste progressiste (joumblattiste) et de l’establishment sunnite, mais le camp aouniste devrait pour sa part soutenir la candidature de Nawaf Salam. Le nom de M. Mikati est critiqué par l'opposition et la société civile, qui estiment qu'il appartient à l'establishment politique conspué depuis le soulèvement d'octobre 2019 et relèvent qu'il a été cité dans des affaires de corruption, notamment liées à des prêts au logement subventionnés. Nagib Mikati a toujours nié toute implication dans ces affaires.
Michel Aoun a par ailleurs indiqué que si un groupe parlementaire voulait demander un report des consultations de lundi, cette demande devrait être "justifiée et convaincante" et que ce groupe devrait "en assumer la responsabilité devant tous les Libanais", étant donné que dans les circonstances actuelles, chaque minute compte et que "nous avons déjà perdu neuf mois" avec les tractations menées avec Saad Hariri. Il s'est dans ce cadre défendu de "toute obstruction" lors de la mission du leader sunnite, l'accusant d'avoir "inventé des obstacles et compliqué les choses". "J'ai dû intervenir pour éviter toute violation de la Constitution", a-t-il insisté.
Fayçal Karamé
Répondant à une question du journaliste concernant l'éventualité d'une désignation de Fayçal Karamé à la présidence du Conseil, le président de la République s'est contenté de souligner que M. Karamé descendait d'une longue famille politique "enracinée dans l'histoire du pays" et qu'il disposait d'une "légitimité sunnite" naturelle. "Si les députés le désignent, nous pourrons évidemment coopérer et nous comprendre", a-t-il ajouté.
Michel Aoun a par ailleurs estimé que le gouvernement sortant de Hassane Diab "pourrait faire plus que ce qu'il accomplit actuellement, sans que cela n'enfreigne la Constitution". "Qu'est-ce qui l'empêche de convoquer une réunion ministérielle élargie, en l'absence d'un Conseil des ministres, et de se pencher sur les problèmes actuels ?", s'est-il interrogé.
M. Diab et son cabinet avaient présenté leur démission dans la foulée de la double explosion au port de Beyrouth, il y a presqu'un an. Depuis, et après la désignation de deux Premiers ministres qui ont tous deux jeté l'éponge, le pays reste sans exécutif effectif alors qu'il traverse la pire crise économique et financière de son histoire moderne. Cet effondrement est marqué par une chute impressionnante de la livre libanaise sur le marché parallèle, une hyperinflation, une paupérisation rapide de la population et des pénuries d'électricité, de médicaments et de carburant. Un nouveau cabinet est donc très attendu, d'abord pour lancer les négociations avec le Fonds monétaire international pour obtenir un package d'aides, mais également pour débloquer des soutiens financiers promis par la communauté internationale, à condition que de profondes réformes soient menées.
commentaires (18)
C’est la cinquième fois que j’envoie le même commentaire en vain ! C’est pour cette raison que j’avais décidé de ne pas renouveler mon abonnement qui arrive à terme le 7septembre. Revoilà le même texte incriminé par les censeurs. je trouve cela minable tout simplement. Apparemment rien ne gêne Michel Aoun, il n’est pas à un mensonge ni à une fabulation près. Avec lui son gendre et leur parti c’est toujours la faute des autres ! Le peuple et le monde entier sont témoins de toutes les difficultés qu’il a inventés pour empêcher la formation d’un gouvernement depuis onze mois***ça fera exactement 355 jours le 26 juillet 2021*** pour cela il est arrivé à bout de deux Premiers ministres désignés, et a empêché le gouvernement démissionnaire de prendre une quelconque initiative. Il est prêt de collaborer avec Nagib Mikati dit-il ! cela veut dire donc qu’il a refusé de le faire avec Hariri et Adib ?
Le Point du Jour.
13 h 31, le 26 juillet 2021