Rechercher
Rechercher

Société - Trois questions à... Jamil Mouawad, chercheur en sciences politiques

« L’opposition devrait être porteuse d’un véritable projet de société »


« L’opposition devrait être porteuse d’un véritable projet de société »

Jamil Mouawad, chercheur en sciences politiques. Photo prise de son compte Facebook

La victoire écrasante de la liste de l’opposition antisystème aux élections de l’ordre des ingénieurs, dimanche, pose d’ores et déjà une foule de questions sur la capacité de cette opposition à renouveler l’exploit lors des prochaines législatives, en mai 2022. Le chercheur Jamil Mouawad pense qu’il faut faire une lecture prudente des résultats de ce scrutin, aussi significatifs soient-ils, afin d’éviter les écueils lors des prochaines échéances électorales.

Quels enseignements l’opposition devrait-elle tirer de cette victoire ?

Cette victoire a été remportée grâce à un vote-sanction d’une classe moyenne dégoûtée par la classe politique actuelle, et à une très bonne organisation qui s’est mise en place depuis deux ans, ainsi qu’à un discours émergent et efficace, focalisé sur la reprise de contrôle des syndicats. Mais l’intérêt, pour cette opposition, est surtout de comprendre pourquoi les partis au pouvoir ont perdu, pourquoi est-ce qu’ils n’ont pas utilisé toutes leurs armes, et pourquoi ils n’ont pas fait plus d’efforts en vue de resserrer leurs rangs. Est-ce parce qu’ils sont réellement en état de déliquescence ou parce qu’ils ont choisi de se retirer tactiquement d’une course qu’ils savent perdue d’avance, ayant déjà rompu tout contact avec cette classe moyenne depuis octobre 2019 ?

Quel impact cette victoire syndicale peut-elle avoir sur les législatives de 2022 ?

Suivant ma lecture des faits, malgré cette victoire significative à l’ordre des ingénieurs, il est très risqué de penser que les défaites successives des partis traditionnels dans les universités et les syndicats signifient la fin de cette classe politique. Elle pourrait se retirer tactiquement de ces batailles-là pour mieux se concentrer sur celle des législatives, où son discours pourrait reprendre des thèmes existentiels à connotation communautaire et à dimension régionale, visant à mobiliser une classe populaire à laquelle les groupes de la contestation ne savent pas nécessairement s’adresser. Les échéances institutionnelles obéissent à une logique très différente des élections syndicales.

Lire aussi

Comment les partis de l’establishment politique analysent leur défaite

Quels pièges devrait par conséquent éviter l’opposition dans sa bataille pour les législatives ?

Il faudrait tout d’abord adopter un véritable projet politique, et dépasser les slogans en vue de repenser le système économique et politique. Aujourd’hui, cette contestation se retrouve autour d’un dénominateur commun qui consiste à s’opposer à la classe politique, mais les groupes qui la composent seront-ils d’accord sur tout ? Même la classe politique saisit actuellement l’occasion en reprenant à son compte ce discours de changement de la caste politique, et pourrait opter pour un simple remplacement de certains visages par d’autres lors des prochaines législatives afin de simuler sa participation au changement. Voilà pourquoi il serait utile pour l’opposition de faire évoluer ce dénominateur commun vers une véritable proposition pour régler la crise. Le pays passe par une phase très critique et ces victoires dans les élections syndicales et universitaires sont beaucoup plus lentes que l’effondrement sociétal en cours. L’opposition devrait aujourd’hui être porteuse d’un véritable projet de société, pas seulement de gouvernance, et, surtout, établir le contact avec la classe populaire (public privilégié des partis traditionnels).

La victoire écrasante de la liste de l’opposition antisystème aux élections de l’ordre des ingénieurs, dimanche, pose d’ores et déjà une foule de questions sur la capacité de cette opposition à renouveler l’exploit lors des prochaines législatives, en mai 2022. Le chercheur Jamil Mouawad pense qu’il faut faire une lecture prudente des résultats de ce scrutin, aussi...

commentaires (4)

QUELLES OPPOSITIONS ET QUELS PROJETS ? IL Y A UNE MILTITUDE DE BLA... BLA... BLA... DES POCHES D,AIR...

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 34, le 20 juillet 2021

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • QUELLES OPPOSITIONS ET QUELS PROJETS ? IL Y A UNE MILTITUDE DE BLA... BLA... BLA... DES POCHES D,AIR...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 34, le 20 juillet 2021

  • afin de prevoir dans la mesure du possible le vrai impact des reussites electorales des neo opposants( si je puis les appeler ainsi ), faut se pencher sur des chiffres n'est ce pas. a commencer par celui du % qui avaient participe au vote par le passe,parmi ces personnes & peut etre aussi leur famille immediate . les neo opposants seraient ils capables d'en savoir assez a ce propos ?

    Gaby SIOUFI

    09 h 43, le 20 juillet 2021

  • "L’opposition devrait aujourd’hui être porteuse d’un véritable projet de société, pas seulement de gouvernance, et, surtout, établir le contact avec la classe populaire (public privilégié des partis traditionnels)." Tout est dit dans cette dernière phrase. La classe populaire a besoin qu'on lui dise clairement la vérité et toute la vérité qui explique pourquoi elle vit ce qu'elle vit aujourd'hui. Tout s'explique en premier lieu par l'autorité de l'état qui est minée par deux moteurs: la corruption et les armes illégales (il faudrait même dire les armes supra-légales, au dessus de la loi). Les bobos de la "thawra" traitent les 2 problèmes à la façon de technocrates en les mettant dans des cases séparées, sans voir que les 2 sont liés par une cause qui leur est commune (même si ce n'est pas la seule, mais on pourrait dire que sans cette cause ces 2 effets n'auraient pas pu se produire) qui est l'asservissement du Liban à l'Axe Safavide de l'Imposture partant de Téhéran et passant par Damas et Baghdad), asservissement opéré par un pouvoir profond installé au coeur des institutions libanaises par l'occupant assadien dès 1990 et qui est resté tel quel après 2005 en continuant à asservir le Liban au régime assadien (en témoignent le détournement des ressources du Liban vers la Syrie qui n'a jamais cessé) pour le compte de l'Axe Safavide de l'Imposture, avec un simple changement de l'exécutant de façade qui est passé de l'armée assadienne à la milice du Hezbollah.

    Citoyen libanais

    08 h 39, le 20 juillet 2021

  • Si l’opposition compte parmi elle Paula yacoubian … alors oublier moi

    Bery tus

    06 h 33, le 20 juillet 2021

Retour en haut