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Nos Lecteurs ont la Parole

La mort est venue par la mer

De nombreux drames se sont succédé depuis des décennies sur les rives du Liban, saisissant l’esprit et imprégnant l’inconscient collectif de nouvelles images. L’explosion du 4 août a laissé les Libanais – tous les Libanais – dans un état d’effroi et de sidération. Au niveau audiovisuel : une fumée rose et noir, un « champignon » évocateur, une déflagration intense et un spectacle généralisé de mort et de désolation. Tout cela survenu en quelques minutes seulement, un jour d’été, en bord de mer, près des silos de blé nourricier. C’est par la mer que le nitrate est arrivé au port, porté par un bateau. Or la mer a toujours été un espace d’ouverture, de commerce et d’échange avec le monde. C’est un mythe auquel sont attachés les Libanais, un mythe figuré par les Phéniciens, partis à la conquête du bassin méditerranéen. Aujourd’hui, ce mythe est mis à mal. Aujourd’hui, le système économique est à plat. Le pays est dans un état d’effondrement généralisé. Et la mort est venue par la mer.

On a vu passer, sur les réseaux sociaux, il y a quelques semaines, l’illustration The Mermaid and the City de Tony Maalouf. On y voit une gigantesque sirène sortie de l’eau qui borde tendrement le rocher de Raouché dans un geste de tristesse et de consolation.

Ce n’est pas un hasard si une telle créature voit le jour aujourd’hui, sur les rives de Beyrouth. La sirène est une créature hybride (parfois monstrueuse), qui incarne la séduction mortelle et la violence dévoratrice. Son chant mélodieux et captivant renvoie à la nostalgie des origines. Une sirène apparaît donc sur les rives de la Méditerranée, à l’endroit même où le feu s’est mêlé à l’eau, entraînant mort et désolation. La mer n’est plus un havre de paix, un refuge, un lieu de villégiature, d’échange et d’ouverture sur le monde. La violence est arrivée par la mer, nous a tous saisis par surprise.

Puis, à l’endroit où l’eau s’est mêlée au feu, une jeune sirène est apparue, figurant ce terrible moment de l’histoire du pays. Il y a désormais une sirène dans notre inconscient collectif.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

De nombreux drames se sont succédé depuis des décennies sur les rives du Liban, saisissant l’esprit et imprégnant l’inconscient collectif de nouvelles images. L’explosion du 4 août a laissé les Libanais – tous les Libanais – dans un état d’effroi et de sidération. Au niveau audiovisuel : une fumée rose et noir, un « champignon » évocateur, une déflagration...

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