Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Mode

Georges Chakra, une collection néomédiévale

Georges Chakra, une collection néomédiévale

Georges Chakra, couture automne-hiver 2021-2022. Photo DR

Dans un monde qui négocie péniblement son tournant vers une ère nouvelle, Georges Chakra imagine une collection inspirée du Moyen Âge, et plus précisément de l’architecture romane. Le Moyen Âge, parce que nous sommes au seuil d’une Renaissance dont nous ignorons tout ; l’architecture romane, parce qu’elle contient tout ce que la haute couture peut offrir à la fois de rigueur et de fantaisie. Une rêverie débridée prend corps ici grâce à la fermeté des codes et des techniques de la couture, entre tension, structure et symétrie.

Architecte d’intérieur, Georges Chakra est venu au vêtement par amour du mouvement et de l’équilibre des volumes. Architecture vivante, la robe est pour ce grand travailleur un monument en mouvement qui révèle et réveille au passage la sensualité d’un corps, la puissante charpente du dos, la perfection d’une hanche. Jamais superflus, les ornements viennent, comme des objets précieux dans un intérieur opulent, poser un contrepoint sur une ligne de force, réinventer une perspective, focaliser un point de vue.

Lire aussi

Tony Ward sublime le dysfonctionnement et les images éclatées

Pour présenter sa collection couture automne-hiver 2021-2022, Chakra nous invite dans un château abandonné, ruine sublime qui n’est pas sans rappeler l’univers des contes. À pas feutrés, on croit réveiller dans la pénombre une Belle au bois dormant, mais ce sont plusieurs nymphes qui folâtrent dans le jardin en friche, traversent en dansant le vaste domino d’une salle de bal décatie, se croisent le long des riches ferronneries rouillées de l’escalier, s’éveillent, éblouies, à la lumière du jour qui se déverse à travers les fenêtres descellées. La poésie de la ruine est ici éclaboussée de rires en cascade et de courses furtives entre les grandes salles où résonnent encore des fêtes oubliées. Ces jeunes filles n’ont décidément peur de rien. Le vieux monde les amuse, le nouveau est à leurs pieds. Elles ne croient pas aux fantômes. On voit bien que l’ère qui s’efface ne laissera qu’un peu de poussière au bout de leurs doigts délicats, des doigts mutants taillés pour changer le monde sur les touches d’un clavier.

Georges Chakra, couture automne-hiver 2021-2022. Photo DR

Le luxe de cette collection tient surtout au raffinement des tissus, de l’organza au raphia, de la mousseline éthérée au satin, de l’élégance du crêpe à la souplesse du velours. Des plis complexes jouent avec la lumière, des capes et des traînes font sillage, ajoutent aux tenues allure et majesté. Les silhouettes virevoltent avec des minirobes, des nuages en fleur de tulle. Des modèles délicats semblent cousus dans des cascades. Altières, les robes empruntent aux récits du passé l’ajour de leurs manches, leurs cols sculptés, les motifs de leurs broderies. Tout aussi audacieuse est la palette qui les exalte, toute de rouge énergique, bleu nuit, noir brillant ou nimbée de blanc lumineux. La pureté des teintes souligne la hardiesse du parti pris. Les cristaux qui ornent les robes sont placés de manière à en souligner la symétrie, source d’équilibre et de grâce.

En apothéose, la robe de mariée, quintessence de shantung blanc ornée de cristaux en motifs symétriques, enrichie d’une cape en tulle blanc et rubans de satin attachée aux épaules, semble empruntée à quelque statuaire naïve dotée de pouvoirs aussi tendres que redoutables.

Dans un monde qui négocie péniblement son tournant vers une ère nouvelle, Georges Chakra imagine une collection inspirée du Moyen Âge, et plus précisément de l’architecture romane. Le Moyen Âge, parce que nous sommes au seuil d’une Renaissance dont nous ignorons tout ; l’architecture romane, parce qu’elle contient tout ce que la haute couture peut offrir à la fois de rigueur et...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut