La France a "pris acte" vendredi de la décision du Premier ministre désigné libanais Saad Hariri de renoncer à former un gouvernement et a appelé à la désignation sans délai de son successeur, alors que Washington s'est dit déçu de la décision du leader sunnite de jeter l'éponge.
"La France prend acte de la décision du Premier ministre désigné Saad Hariri de renoncer à former un gouvernement. Ce dernier développement confirme le blocage politique dans lequel les dirigeants libanais maintiennent délibérément le pays depuis des mois, alors même qu'il s'enfonce dans une crise économique et sociale sans précédent", affirme le ministère français des Affaires étrangères, dans un communiqué. "Il y a aujourd’hui une urgence absolue à sortir de cette obstruction organisée et inacceptable, et à ce qu’un gouvernement puisse être formé au Liban. Cela passe par le lancement immédiat de consultations parlementaires en vue de la désignation, dans les plus brefs délais, d’un nouveau Premier ministre", poursuit le Quai d'Orsay. "Ce gouvernement doit être en mesure de lancer les réformes prioritaires que la situation exige. Il doit également s’atteler à la préparation des échéances électorales de 2022, qui devront se tenir de manière transparente et impartiale, et conformément au calendrier fixé", ajoute Paris. "Pour répondre aux besoins des Libanais dont la situation se détériore chaque jour, une nouvelle conférence internationale de soutien à la population libanaise sera organisée le 4 août prochain à l’initiative du Président de la République, avec l’appui des Nations unies", a enfin confirmé le ministère.
L'Union européenne a, elle, regretté "la persistance de l'impasse politique dans le pays, ainsi que l'absence de progrès dans la mise en place de réformes urgentes". Estimant que la responsabilité "incombait aux dirigeants libanais" pour résoudre la crise "locale", l'UE a également appelé à "entamer les consultations parlementaires sans retard". "Le Liban a besoin d'un gouvernement capable de mettre en œuvre des réformes économiques et de gouvernance et de préparer les élections prévues en 2022, qui doivent avoir lieu dans les temps", insiste l'UE. "Un accord avec le Fond monétaire international demeure essentiel pour sauver le pays de l'effondrement financier", a-t-elle enfin ajouté, précisant que "la stabilité et la prospérité du Liban sont cruciaux pour toute la région et pour l'Europe".
"Décevant"
Pour sa part, Washington a jugé "décevant" jeudi le renoncement du Premier ministre désigné à former son équipe, rapporte l'AFP. L'abandon de M. Hariri "est une nouvelle déception pour le peuple libanais", a affirmé dans un communiqué le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, jugeant "essentiel qu'un gouvernement engagé et capable de mener des réformes prioritaires soit maintenant formé". "La classe politique libanaise a gaspillé les 9 derniers mois", a asséné jeudi le chef de la diplomatie américaine, qui appelle les dirigeants du pays du Cèdre à "mettre leurs différends de côté sans tarder". Outre le sauvetage de "l'économie libanaise en chute libre", le nouveau gouvernement devra s'attacher à mettre en œuvre les élections parlementaires de 2022, "dans les temps et de façon libre et équitable", a réclamé Antony Blinken.
Joumblatt renvoie dos-à-dos Aoun et Hariri
Au Liban, la coordinatrice spéciale des Nations Unies, Joanna Wronecka, a "profondément regretté l'échec à former un gouvernement après neuf mois". Selon elle, "ce qui s'est passé hier n'est pas un pas en avant". "Il est temps de fournir un effort sincère, concerté et déterminé afin de sortir les Libanais de cette impasse", a-t-elle plaidé sur son compte Twitter. "Il n'y a plus de temps à perdre", a-t-elle dit enfin.
L'ambassadrice du Canada, Chantal Chastenay, a de son côté dénoncé un "recul décourageant au Liban". "Retour à la case départ alors que les crises s'aggravent", a-t-elle écrit sur Twitter. "La classe politique doit assumer sa responsabilité, redresser le pays et répondre aux besoins de la population", a-t-elle enfin plaidé.
Quant au leader druze Walid Joumblatt, il a renvoyé dos-à-dos le président Aoun et Saad Hariri, appelant une nouvelle fois au compromis. Le vice-président du Parlement Élie Ferzli a pour sa part estimé qu'"aucun nouveau gouvernement ne peut être formé sans la bénédiction et le soutien de Saad Hariri". Le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, a quant à lui estimé que Saad Hariri "est tombé dans le piège du Hezbollah qui a participé à sa désignation d'une façon ou d'une autre".
Le Liban est englué dans une crise inédite aggravée par l'explosion dévastatrice au port de Beyrouth le 4 août 2020, qui avait fait plus de 200 morts et 6.500 blessés et asséné un coup de grâce à une population déjà à genoux.
Plusieurs fois Premier ministre et de nouveau choisi en octobre, Saad Hariri reprochait depuis plusieurs mois au président Michel Aoun d'entraver la formation de son gouvernement en insistant sur une "minorité de blocage" au sein de la prochaine équipe et en cherchant à imposer une répartition "confessionnelle et partisane" des portefeuilles. M. Hariri avait plusieurs fois indiqué son attachement à un gouvernement de technocrates, réclamé à l'international. Le président Aoun doit désormais entamer des consultations pour choisir un successeur à M. Hariri. Un processus qui pourrait tarder à être lancé, en raison du marchandage traditionnel entre les forces politiques du pays.
commentaires (11)
Ya Paris, ya habibté, trêve de déclarations et passons à l'action : nommez donc qui ceux seront touchés par les sanctions (inchallah kelloun) appliquez ces sanctions, envoyez Interpol leur mettre la main au collier et mettez, avec l'ONU, un comité de gestion du pays jusqu'aux élections législatives et qui accompagnera le nouveau gouvernement pendant au moins un cycle complet de présidentielle et 2 cycles parlementaires. Si ceci n'est pas possible, oubliez nous et orientez vos déclarations constructives dorénavant vers d'autres coins du monde; beacoup à choisir de l' Arctique à.... l'Antarctique et laissez nous dans notre décrépitude à griller allègrement au feu du géhénam tant promis et promut par notre couvert en acier si fort que même vos actions ont mal à pénétrer. Un couvert qui ne sera levé "que par la force des baïonnettes" ou sous injonction de l'esprit poilu souterrain.
Wlek Sanferlou
16 h 48, le 18 juillet 2021